D’abord, il y eut Abydos, l’Égyptienne, vouée au culte d’Osiris et nécropole de pharaons. Puis il y eut Abydos, la Grecque, perle de l’Asie et théâtre des exploits de l’héroïque Xerxès. Et enfin il y a ABYDOS, l’ambitieux projet de Andy KUNTZ et pièce musicale tout simplement indispensable. Sous-titré « The little boy’s heavy mental shadow opera about the inhabitants of his diary » ( ça ne s’invente pas) cet ABYDOS, on le comprendra, a tout du concept album. Et le livret confirme. Superbe, et habité par des créatures semblant s’être échappées de l’univers de Tim BURTON. Le thème n’est certes pas folichon, puisque Andy KUNTZ s’est servi de drames personnels – décès dans sa famille- pour écrire des textes touchants. Je vous invite d’ailleurs à visiter le site consacré à ABYDOS où, joie et bonheur, une traduction en français est disponible, ce qui pourra bien sûr faciliter la compréhension de ce concept, pour ceux que ça intéresse…
Sur des textes tout empreints d’émotion, la musique ne sera pas en reste et Stefan GLASS, ami d’Andy, producteur et compositeur de cette oeuvre, a manifestement été très inspiré par le thème.
Car des titres comme BROKEN THE SUN, FAR AWAY FROM HEAVEN, A BOY NAMED FLY ou ABYDOS sont tout simplement parmi les plus beaux morceaux qu’il m’ait été donné d’entendre toutes décennies confondues, et justifient amplement à eux seuls l’achat de cette galette. Construits comme de petites pièces de théâtre, on y retrouve tous les ressorts de la dramaturgie. Cela commence par une introduction calme mais déjà intense, comme une présentation des acteurs du futur drame, et prémices d’une montée en puissance (l’évènement dramatique) proprement bouleversante où chœurs, voix féminines et orchestrations « opéra » ne manqueront pas d’arracher des frissons aux plus endurcis, avant que le calme (le recueillement et les interrogations après le drame) ne s’efface devant une nouvelle envolée lyrique ( les réponses) qui viendra nous étreindre jusqu’à nous couper le souffle. Puis une dernière plage plus calme vient en conclusion et en forme d’apaisement.
Dans un registre moins heavy que celui de son groupe VANDEN PLAS, Andy KUNTZ semble ici touché par la grâce et nous livre incontestablement sa meilleure prestation. Et cet ABYDOS n’a rien de larmoyant, ni rien de déprimant. Car mélancolie et espoir cohabitent, traduits en musique par une variété phénoménale de rythmes et de sons qui font que l’on ressort de cet univers musical sinon en liesse, au moins rasséréné.
Rien à jeter dans cet album d’une richesse inouïe, avec des rythmiques trempées dans l’acier en fusion et où breaks et changements de rythme sont des rouages parfaitement huilés et intégrés dans une mécanique mélodique qui nous donne à tutoyer parfois le sublime. Les effets de surprise sont garantis sur chaque titre et chaque titre a son univers qui lui est propre. SILENCE, à la limite du speed et son très mélodique autant qu’étourdissant refrain. COPPERMOON et HYPERION qui figurent parmi les titres les plus heavy en même temps que les plus prog et aux refrains toujours impeccables, synthés aériens sur COPPERMOON, voix saturée et guitare façon GILMOUR pour HYPERION.
Bruits électroniques et voix filtrée sur RADIO EARTH, et guitare acoustique plus claviers pour cette ballade mid tempo au refrain encore et toujours remarquable. Et de toute façon, le remarquable se fait remarquer sur les plus de soixante-dix minutes que dure cet ABYDOS. Alors je n’essaierai même pas d’essayer de tout résumer.
Si j’avais découvert cet album lors de sa sortie, il aurait figuré ex-aequo avec le SUBSURFACE de THRESHOLD en tête de mon palmarès 2004. Pour tout dire, même Pitiduck aux pavillons auditifs pourtant blindés par le speed teuton n’y est pas resté insensible….. Alors, pourquoi pas vous ? Si j’ajoute que la production est un modèle du genre, aussi à l’aise lors des orchestrations généreuses que lors des passages plus intimistes, il serait vraiment dommage de ne pas accorder une attention plus que méritée à cette œuvre magnifique !
You broke the sun, and painted me a universe called new life….PapaDuck