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Si on devait romancer en quelques lignes l'histoire d'Adamantra, on pourrait dire que c'est l'histoire d'un gourou, véritable bourreau de travail et à l'esprit bouillonnant de projets, souhaitant à l'aide de sa meute, fidèle, faire connaitre au monde sa philosophie de la musique. Après multiples projets, souvent non convaincants et un à la durée éphémère, ce maître à penser a décider de se fondre dans la masse en proposant une musique dans l'ère du temps tout en y imposant sa patte.

Tuomas Niemen (il faut bien donner un nom à notre personnage principal), fondateur de nombreux groupes finlandais à la reconnaissance, ma foi, famélique décide de passer à la vitesse supérieur en 1998 en créant un groupe à l'empreinte bien marqué, Bride Adorned. Original grâce à la sur utilisation de chœurs, l'album "Blessed Stilness" obtient un réel succès auprès de la critique.  Attendu au tournant pour leur deuxième album, mister Niemen prend tout le monde à contre pied et deux ans plus tard enrôlent son bassiste (Jukka Hoffrén) et son guitariste (Panu Kiskola) pour une nouvelle aventure au nom d'Adamantra.

Les trois compatriotes, avec ce nouveau projet, surfe sur cette nouvelle tendance power/prog foisonnant aujourd'hui telle l'a été la vague power des années 2000. Le groupe n'en oublie pas ses origines et nous offre une musique bourrée d'orchestrations soignées et souvent du plus bel effet. La comparaison avec le travail orchestral de groupes tels que Fairyland ou Dark Moor est souvent d'actualité. L'esprit de l'album est clairement power avec une ambiance féerique créée par une présence abondante de clavier. Instrumentalement on pense à de nombreux groupes de power comme Dragonland, Sonata Arctica et au niveau de la structure et du travail d'écriture générale des titres, la ressemblance avec Symphony X n'est jamais bien loin. Et c'est bien là que l'appellation prog de la musique d'Adamantra prend tout son sens. La musique du groupe change souvent de tempo et de rythme et n'est que très rarement prévisible. On est constemment balancé entre des rythmiques soutenues et plus calmes un peu comme sur le titre "Awakenings" de Symphony X pour que vous visualisez un peu.

Pour appuyer cette connotation progressive, Adamantra a cru bon de débuter son album par un titre fleuve de 18 minutes. Choix pas vraiment judicieux car si "Lionheart" fourmille de bonnes idées, de mélodies et d'ambiances intéressantes, le titre a tendance à tirer en longueur et perd l'auditeur au milieu de ce concentré de bonnes intentions mais dans l'ensemble brouillon. Découper le tout en plusieurs morceaux aurait été la meilleur solution.
Si la conséquence première est de desservir le titre lui même, avoir placé ce morceau en ouverture de l'album tend à compromettre la suite de l’œuvre. Les titres suivants paraissent bien fades à côté de la richesse (mal organisée certes mais non exemptes d’intérêt) de "Lionheart". Et pourtant...

...Et pourtant ne pas faire abstraction de cette ouverture, qui aurait du être placé en fin d'opus, serait passer à côté de titres diaboliquement percutant et de refrains épiques faisant headbanguers tout amateur de power ("In the Shadow of the Cross", "The Oracle", "Angel of Music"," Circle of Sorrow"). Certes, le groupe ne révolutionne absolument rien (et c'est bien là la seule critique que l'on peut leur faire) mais le tout est tellement maitrisé et entrainant sur ces morceaux plus courts que le tout fonctionne. Adamantra peine à se créer une identité propre à l'image de la voix de Tuomas Niemen (plaisante mais somme toute classique) mais compense par une virtuosité sans faille et un travail mélodique appliqué. On sentirait presque la passion des musiciens pour leur musique. On soulignera une mise en avant de la basse astucieuse et jouissive.

Au rayon des déception, on peut pointer le côté anecdotique du titre "Wicked Chain of Events" (malgré un travail du clavier toujours exquis), la durée bien trop courte de "Red Death" (qui aurait gagné à être développé) et la volonté de faire croire à un album conceptuel (la fin complétement dispensable de l'album reprenant la mélodie du premier morceau).

Au final, Adamantra réussi le pari de proposer un album très plaisant qui comblera plus les amateurs de power que de prog tout en n’insufflant aucune originalité au sein de leur musique.
Après avoir jeté aux oubliettes Bride Adorned, on espère maintenant que Tuomas Niemen ne se lassera pas d'Adamantra et continue sa belle progression ressentie entre "Revival" (Act I) et ce "Silent Narratives" (Act II). La non arrivée d'un Act III serait frustrante.

Note : 7,5/10

Doryan.

0 Comments 24 mai 2014
Whysy

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