Le 27 septembre 1986, Cliff Burton, à l'époque bassiste du groupe, et considéré comme beaucoup comme le meilleur bassiste métal, décédait dans l'accident du tour-bus lors de la tournée européenne. Jason Newsteed, désigné comme son sucesseur, aura à charge de combler le vide immense à partir de cette date. Ce contexte délicat pour le groupe explique en partie la tonalité radicale de l'album.
Le titre parle d'ailleurs de lui même : …and justice for all, fin du serment d’allégeance américain, montre que le groupe va prendre tout au long de l’album un regard critique sur beaucoup de choses (le pouvoir de l’argent sur …and justice for all, la guerre sur One, les relations souvent difficiles parents/enfants sur Dyers eve, ou même l’artwork qui met en scène une statue représentant la justice bafouée par l’argent !).
Autant le dire, cette quatrième réalisation des Californiens ... and justice for all est vraiment difficile d'approche, les premières écoutes révèlent une certaine opacité musicale. Mais pourquoi cette opacité? Tout d'abord la partie vocale qui prend indubitablement de l'assurance et de la puissance, puissance qui se transforme même en rage dans certains passages, mais qui s'efface quelque peu derrière la partie instrumentale.
Les textes sont sombres, dénonciateurs (...and justice for all, One dont les paroles se rapportent au film Johnny got his gun, le chef d'oeuvre de Donald Trumbo ) et suivent la dominante de l'album. Mais c'est en fait la partie véritablement musicale qui met en lumière la profondeur de ce CD. Le son est très brut, voire violent et laisse peu de place aux passages acoustiques, cependant bien mis en valeur ( To live is to die, hommage du groupe au bassiste disparu puisque le texte de la chanson a été écrit par Cliff Burton), les riffs sont agressifs et accrochent véritablement, la rythmique est efficace et les solos rapides témoignent d'une maîtrise véritable de Kirk Hammet dans ce domaine.
On peut trouver que le son général est assez sec, difficile à digérer, mais il va de pair avec l'ambiance de l'album, très lourde, très solennelle, le groupe nous livrant ici toute sa colère, sa frustration et cela donne un album particulier, à part dans le discographie du groupe mais ô combien superbe.
Finalement, la petite faiblesse de l'album vient de la difficulté que l'on peut avoir à écouter l'album les premières fois. Passé ce cap, ...and justice for all montre une véritable richesse de construction et s'impose de fait comme un incontournable du heavy metal pur et dur. Je suis persuadé qu'un tel album ne peut livrer toute sa richesse qu'en ayant connaissance du contexte délicat dans lequel Metallica était plongé à l'époque, contexte qui explique son côté "exutoire". {b]...and justice for all est un hommage poignant à Cliff Burton, mélange de férocité et de pureté, il représente pour moi une thérapie nécessaire pour un groupe qui nous offre sans concession sans doute son meilleur album, à mon sens peut être le meilleur album métal jamais sorti à ce jour.