Avantasia - Moonglow

Hard-rock / Metal symphonique / Nuclear Blast / Fevrier 2019

Notes (choisissez celle qui vous convient) :

6/10

bof / 10

E comme "Et putain je me suis encore fait avoir"

Le clair de lune a longtemps eu une symbolique mystique. "Va donc cueillir trois capucines au clair de lune et nous pourrons faire repousser ton bras amputé", ce genre de trucs.
C'est donc tout naturellement que "Moonglow" est le titre du nouvel album d'Avantasia, un album qui parle de personnes n'arrivant pas à trouver leur place dans le monde.

Voilà. C'est limpide.

Alors sinon, même si la routine s'installe, une nouvelle sortie estampillée Avantasia est toujours un petit évènement. Projet "opera metal" solo de Tobias Sammett généreux en invités, l'aventure a depuis un moment supplanté Edguy en renommée et impact commercial, donc rien de bien surprenant à voir Sammett y consacrer ses efforts.
Mais bon, à force de suractivité, la qualité des livraisons est devenue bien irrégulière. Un "Angel of Babylon" pas franchement indispensable, un "Mystery of Time" sans imagination puis un "Ghostlights" qui relevait sacrément le niveau. Alors on se demande bien à quelle sauce nous allons être cuisinés cette fois-ci.

Dans un premier temps, situons musicalement l'album. Nous sommes ici dans la continuité de ce qui a été entamé depuis deux albums, à savoir un heavy metal symphonique mâtiné de hard rock, débarrassé des expérimentations saupoudrées dans la "Wicked Trilogy" et loin du speed/power de l'époque "Metal Opera". En ce sens, peu de surprises, pas de bouleversement en vue.

Malheureusement, c'est bien ça qui handicape ce "Moonglow". Rares sont les moments surprenants, tout est trop familier et ce, dès la première écoute.
Rien que le long "Ghost in the Moon" qui ouvre l'album semble être un patchwork sans étincelle de ce que sait faire Avantasia. Alors oui, un peu d'ambiance gospel, pourquoi pas mais des changements incessants offrant un résultat plus décousu qu'autre chose et surtout manquant du petit ingrédient qui vous emporte.

Et encore, ici nous parlons d'un morceau assez soigné et tentant un tant soi peu de se démarquer. La majorité du reste peut se résumer à "ouais bon c'est du Avantasia quoi". Trop peu de prise de risque rend la plupart des morceaux bons sans être géniaux. Faciles à écouter, faciles à oublier. Sérieusement, passés les quatre premiers morceaux, tout s'enchaine de façon bien trop polie.
D'autant plus quand nous retrouvons les mêmes invités que d'habitude. Lande, Atkins, Catley, Kiske, Tate, certes des chanteurs incroyables mais dont le titre "invité" commence à ne plus vouloir dire grand chose. Certains morceaux peuvent être décrits le plus simplement du monde et vous aurez l'impression de déjà les connaître.
"Lavender" ? Une power ballade avec Bob Catley.
"Requiem for a Dream" ? Un morceau speed avec Michael Kiske où il va chanter en allongeant les syllabes lors d'un refrain rapide.

Cela dit, en toute objectivité, deux morceaux peuvent être sortis du lot. Tout d'abord "Moonglow", qui filera des boutons aux saigneurs de poulets mais qui avec un chouette refrain valorise plutôt bien la première apparition de Candice Night avec Avantasia. Et puis la pièce maitresse "The Raven Child" qui enfin nous donne ce que l'on aime. Majestueux et épique, on lui reprochera son côté un peu trop "The Scarecrow 2.0" (ouais la ligne vocale lors de l'accélération finale, vous pensiez qu'on n'y verrait que du feu ?) mais franchement, à ce niveau là, on prend sans se plaindre.

En définitive, on parcourt ces "Narratives of a Misplaced Entity" (sous-titre "imaginaire" de l'album) sans rebondissement et le voyage se termine dans l’indifférence avec une reprise de... "Maniac" (thématiquement, ça fait sens; musicalement, la relecture hard rock est bien sage pour avoir un grand intérêt) puis "Heart", un morceau bonus absolument dispensable.
"Moonglow", un album d'Avantasia comme un autre.

Alors bon, doit-on être réellement surpris ? Un peu quand même. Cette fois-ci, il y a eu presque trois ans de travail et pas d'album d'Edguy pour venir justifier une quelconque panne d'inspiration. Et il serait clairement malhonnête de juger cet album mauvais mais un label "générique" semble plus juste. On veut y croire à chaque fois mais ça devient difficile.

L'album dans une coquille de noix :

Avantasia, après t'as plus grand chose.