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Circus Of Fools

Il y a trois types d'amateurs de Power Metal recensés dans le monde : L'éternel passionné qui, contre vents et marées s'enthousiasme, et retrouve à chaque nouveau disque cette passion juvénile qui fut la sienne la première fois qu'il introduisit le «Painkiller» dans sa chaîne il y a de cela quinze ans. Il y a aussi le blasé, qui exècre tout jusqu'à l'évocation même du mot «power» et qui se demande toujours, et à chaque nouvelle écoute, comment des gens peuvent adorer une telle daube. Et il y a enfin le candide, celui dont l'innocence transpire à travers son regard, qui souffre à chaque nouvelle écoute mais qui garde la foi, et espère qu'un jour la révélation divine lui apportera l'album de Power qu'il appréciera enfin sans que ce jour ne se décide à venir, mais l'éternel est parfois joueur...

Aujourd'hui votre serviteur se lève pour une journée apparemment sans histoire, il sort à peine d'une écoute déçue d'un groupe de True/Power/Speed suédois annoncé comme la nouvelle révélation du millénaire. Pour la première fois depuis qu'il a mis sa vie au service du Metal il doute, d'un doute qui l'envahit jusqu'au plus profond de son être et qu'il ne parvient pas à vaincre. Et pour la première fois depuis toutes ces années il se pose la question : Et si toutes ces Cassandres avaient raison, et si le Power était vraiment un genre mauvais ???

C'est alors que son regard s'arrête sur le rebord de la fenêtre, teinté en cette triste matinée de février d'un halo de lumière étincelant. Et c'est alors que dans un éclair de lumière assorti d'un tourbillon de feuilles mortes (pas courant en ville cela dit), une promo apparaît sur balcon rayonnant d'une clarté enchanteresse. Votre serviteur venait d'assister à un authentique miracle, les mêmes qui parfois rendent leurs jambes aux aveugles, et la vue aux paralytiques. Les dieux de l'olympe et du Valhalla réunis venaient d'adresser un signe fort à ce simple mortel, le doute n'est pas permis car le Power Metal vivra quoi qu'il arrive.

Et c'est un peu la conclusion que l'on pourrait tirer à la première écoute peu attentive de ce «Circus Of Fools», le troisième disque de Machine Men. A savoir un Heavy Metal sans grande inspiration, produit par un groupe soucieux de faire ce qui marche pour assurer son succès. Et pourtant même la pire mauvaise foi qui anime le chroniqueur sans scrupule qui rédige actuellement cette chronique ne saurait se limiter à ce constat injuste, car Machine Men propose ici quelque chose de fondamentalement nouveau. Et même si encore une fois l'innovation se fait par doses homéopathiques, si encore une fois la révolution attendra, c'est bien le propre du Power de savoir ainsi renouveler son intérêt sans jamais bouleverser le tracé de ses frontières.

Il est déjà notable que Machine Men s'émancipe d'une partie des influences qui avaient contribué au médiocre de ses précédentes productions : Toni Parviainen le chanteur cesse enfin de copier honteusement le timbre de Bruce Dickinson (Iron Maiden) pour développer son propre registre, les musiciens cessent d'emprunter sans vergognes aux pontes du Speed Mélodique finlandais pour aller lorgner de l'autre côté de l'atlantique pour recueillir des influences beaucoup plus modernes (Trivium par exemple) comme sur «No Talk Without The Giant» ou «Dying Without A Name». Cependant ne vous y trompez pas, il n'y a pas d'assimilations possibles entre cette vague américaine à l'inspiration discutable et la musique de Machine Men : celle-ci reste fondamentalement traditionnelle, mais parvient à intégrer par petites touches des éléments modernes qui apportent fraîcheur et finesse à l'ensemble.

Dans l'ensemble «Circus Of Fools» est une belle réussite, d'autant que je n'en attendais pas grand chose aux premières écoutes. Mais étrangement ce disque s'apprécie au fur et à mesure des écoutes, et les subtilités de la composition éclatent au grand jour. «Cardinal Point» le titre final en est la preuve, de banal il passe au statut de très très bon morceau de Metal et dévoile aux compositeurs du groupe un talent pas vraiment soupçonnable. Je citerai également «The Shadow Gallery» et «No Talk Without The Giant», pics de qualité dans un album qui force le respect.

Sans être exceptionnel, «Circus Of Fools» illustre bien cette qualité inhérente au Power Metal, à savoir renouveler l'enthousiasme de l'auditeur sans jamais vraiment faire la révolution. C'est pour ça que je ne m'inquiète pas pour l'avenir de ce genre, il saura trouver lui-même son chemin et passer les écueils qui se trouveront sur sa route. Pour le reste Machine Men avec cet album pourrait sans conteste faire figure de guide...

SMAUG...

0 Comments 10 février 2007
Whysy

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