Day Of Reckoning

Thrash US contre Thrash Allemand, Big Four contre Big Three, faites vos jeux! Si les uns brillent sur les planches du Sonisphere les autres sont toujours bien là, année après année, et proposent sans faire de bruit de nouveaux opus pour les amateurs du genre sans faire les gros titres de la presse spécialisée. Après Kreator millésime 2009, Sodom en 2010 voilà la cuvée Destruction 2011. Le trio germanique est en tout cas bien décider à lancer à tout ber-zingue le successeur du prometteur D.E.V.O.L.U.T.I.O.N.

Pour se lancer à mille à l’heure l’album se lance à mille l’heure! The Price éructe Schmier et nous voilà donc parti pour 45 minutes de Thrash Teuton comme on l’aime. Car, autant le dire tout de suite, les amateurs du style seront aux anges tout comme les détracteurs du genre. C’est puissant, enlevé et brut de décoffrage comme on l’attend d’un album de Thrash. Destruction n’est pas un de ces groupes à faire des compromis et encore une fois cela se ressent au regarde de l’ensemble

Mais Day of Reckoning tourne trop en rond pour être totalement convaincant et le disque en devient presque conventionnel, un comble pour un genre comme le Thrash. Il faut une dose de talent pour faire passer trois quarts d’heure de sons bruts et Destruction, sur ce disque en tout cas, en manque un peu. Car en connaissant le passé de la bande à Schmier on est en droit de s’attendre à quelque chose de plus, on ne sort pas des albums de la trempe de The Antichrist sans un minimum de prédisposition à la composition.

Toujours est-il que le groupe semble être tombé dans une routine qui mène à une auto-parodie. Des chansons comme “Armageddonizer” ou “Misfit” par exemple sont un peu symptomatiques d’une certaine “facilité” de composition dans laquelle les allemands semblent être tombé lors de cet opus. Les chœurs sont également, malheureusement, utilisés avec trop de parcimonie (“Sorcerer of Black Magic”) alors que certaines compositions auraient gagner à se densifier au niveau du refrain.

Toutefois Day of Reckoning comprend ses moments de bravoures qui auront le mérite d’attirer l’attention de l’auditeur comme l’introduction de “Devil’s Advocate”, la montée en puissance lors des couplets dans “Sorcerer of Black Magic” ou la construction de la chanson éponyme. Car évidemment tout n’est pas à rejeter en bloc, “The Price” et “Hate is my Fuel”, par exemple, sont des chansons qui feront un malheur sur les planches aux côtés de “Nailed to The Cross” et “Mad Butcher”. “Church of Discuss” et sa rythmique diabolique est aussi à classer au rayon des bonnes surprises qui relancent la dynamique d’un disque.

Autre point positif à mettre au crédit des allemands la hargne déployée par les les musiciens pour créer un environnement de violence, un peu cliché et convenu mais obligatoire. Comme d’habitude c’est le gourou de la formation Marcel “Schmier” Schirmer qui se place en maître à jouer de Destruction. Sa voix reconnaissable parmi des milliers donne le la, et à ses compagnons de s'exécuter pour suivre sa cadence soutenue. Les solis et leads de Mike Sifringer entraînent l’ensemble dans un rythme effréné bien aidé par le travail de titan effectué derrière la batterie par le petit nouveau Vaaver (“Destroyer of Creator”). Même si le son de sa grosse caisse a tendance à rendre l’ensemble un peu trop mécanique par moment.

Alors, effectivement, non Destruction n’évolue pas et reste enfermé dans un schéma très classique. Mais le groupe le fait avec un savoir faire qui lui est propre et ne prend pas le risque de brusquer ses fans (ou de s’en créer de nouveaux). Day of Reckoning est donc, et je suis le premier à le regretter, un album en roue libre. Pour une des grandes légendes du genre c’est évidemment trop peu mais il n’en reste pas moins un album de Thrash qui pourra plaire aux amateurs de riffs acérés et vocaux criards. En attendant mieux.

Balin