Demonic Art
Dans le milieu du Death/Thrash mélodique, il n'est plus nécessaire de présenter Darkane. Cette formation originaire de Helsingborg est en activité depuis dix ans maintenant et rien ne semblait pouvoir déstabiliser cette solide équipe venue de la Scandinavie. Non rien, sauf la récente modification du lineup... Andreas Sydow, le chanteur sur Insanity en 2001 et Expanding Senses en 2002 annonce son départ en 2007. Le bougre avait entrepris une bonne ascension et participait à la renommée du combo. L'auditorat de Darkane aura donc légitimement le droit de se poser la question sur le talent du nouveau remplaçant : Jens Broman. Sera-t-il en mesure de perpétrer le crime d'addiction et de continuer à rallier les fans à la cause de Darkane ? Et plus angoissant : est-ce que le départ d'Andreas n'aura-t-il pas mis un coup de massue sur la capacité créatrice du groupe ?
Ce sont donc à toutes ces interrogations que les Suédois doivent répondre d'une manière précise et condensée sous la forme de Demonic Art. Si celle-ci n'est pas suffisamment satisfaisante, les Scandinaves perdront la confiance des parties prenantes et il sera dur de remonter la pente. Ce pseudo handicap suscite simultanément l'excitation de découvrir les capacités du nouveau membre et la crainte d'être franchement déçu. Alors tout à chacun de se faire son idée, mais si je peux répondre partiellement je dirais que cet opus est un album hyper pulsé et déchainé. Le chant est survolté et octroie une bonne dose de rudesse à la production. Ce n'est que le minimum vous me direz pour un album de death/thrash mélodique. Je rajouterai alors à ce moment-là que Jens apporte une prestation constante. Même si ses modulations vocales ne sont pas exceptionnelles, le frontman reste sur la dimension énergique du chant crié et n'essaye que très rarement le growl et n'aborde pas le chant classique. L'interprétation de Jens n'est pas si éloignée de celle de Andreas, ce qui veut dire que les fans puristes pourront s'en remettre et retrouveront leurs marques rapidement. Il est même probable que l'on oublie Andreas par la suite.
Les connaisseurs auront aussi la joie de retrouver un Darkane en pleine forme. D'une part, on retrouve les guitaristes affichant leur technique de premier ordre et d'autre part, les compositions que Demonic Art renferment sont incroyablement inspirées, puissantes et fraiches. Cette fraîcheur est de plus très appréciable puisque l'inventivité musicale vient pointer le bout de son nez. En outre, les gratteux Klas et Christofer ouvrent les effluves du déluge mélodique et la submersion est immédiate. Le batteur Peter est un véritable enragé, les pulsations sont extrêmement directives et canalisent toute la furie exprimée. A titre d'exemple, « Demigod » donne un aperçu du talent des Suédois au travers de soli et refrains intensifs, l'impérial « Execution » vient une fois de plus appuyer l'aspect efficace et rugueux par son refrain à la fois mélodique et ravageur. « Soul Survivor » m'a plus fait penser à du Kreator de par son chant provoquant plus contracté et par la vélocité exacerbée sur les parties instrumentales. En bref, toutes les chansons sur cet opus viennent enrichir le registre de la formation et sont toutes dotées d'une touche d'originalité (le plus généralement exprimée sur les refrains).
Au-delà de toutes ces qualités que ça soit sur un point de vue composition ou celui de l'interprétation, le groupe a aussi utilisé des petits effets tels que les filtres vocaux que l'on peut retrouver sur « The Killing Of I ». Par ailleurs, les riffs sont mis en évidence de manière ostentatoire, les musiciens tiennent le rythme d'un bout à l'autre de l'album, il n'y a ni temps morts ni de baisse de régime, seulement des breaks transcendants ou des soli ultra accrocheurs. J'espère que cela rassurera car Darkane n'a pas perdu son savoir-faire, les compositions restent puissantes, déchainées, efficaces et ô combien mélodiques. L'effroyable machine suédoise met en place son implacable régularité musicale très entrainante et destructrice à laquelle on ne peut se refuser. Le monde couillu de Demonic Art est outrageusement addictif. Une fois de plus, l'alchimie créée entre la technique et les lignes mélodiques rendent la production étourdissante.
La production bénéficie d'une qualité sonore hors du commun, les lignes instrumentales sont impeccables et n'écrasent pas les lignes vocales, tout ce petit monde coexiste dans le respect de l'autre. La cohésion est renforcée et je vous assure que j'ai pris une sacrée claque! D'une manière générale, mon avis sera clair : Demonic Art bottera le cul à tous ceux qui s'y frotteront! Les grands moments « guitaristiques », la batterie qui reste maîtresse de la situation et le chanteur qui beugle pendant les 46 minutes... C'est que du bonheur ! De toute manière on ne pouvait pas se tromper à cette adresse. Pour moi une référence de cette année !
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