Elvaron



Cliff: Peux tu rapidement nous présenter le groupe et sa musique pour que le public vous connaisse un peu mieux ?

Elvaron: Oui bien sûr. Elvaron est un groupe de métal progressif moderne qui s’est formé en 1993 à Auxerre en Bourgogne. C’est dans cette région que nous avons fait nos premiers pas sur scène, sous la forme d’un trio. Le line-up a beaucoup évolué depuis cette période et nous sommes désormais 4 membres permanents. Alors il y a tout d’abord Nicolas Colnot à la basse et aux chœurs. Après moi, c’est le plus ancien membre du groupe étant arrivé en 2001. Nous nous connaissons depuis pas mal de temps et il était fan d’Elvaron bien avant d’en être le bassiste. A la batterie c’est Fred Renaut qui est arrivé en 2003. C’est grâce à Nicolas que nous lui avons mis le grappin dessus car ils jouent ensemble dans Amal’gamme, le groupe de Fred. Lindsay Messaoudi est notre nouvelle claviériste qui a pris la place laissée par SeeK en 2003. C’est une pianiste de formation, elle apporte donc une interprétation nouvelle qui colle parfaitement à l’esprit du groupe. Pour finir il y a moi-même, Matthieu Morand à la guitare et au chant. Je suis le seul rescapé du Elvaron originel même si je reste en contact très proche et fraternel avec les anciens membres du groupe.

Cela fait quelques semaines que votre dernier album, The Buried Crown, est sorti et il a été très bien accueilli par les critiques. Comment te places tu par rapport à cela ?

Nous avions déjà conquis pas mal de monde avec The Five Shires et la plupart nous ont suivis pour The Buried Crown. C’est fantastique d’être soutenu comme cela par des gens qui sont passionnés et qui nous témoignent tant d’intérêt. Et puis, ça commence également a bouger pour nous en dehors de la France, surtout en Allemagne et au Luxembourg, ce qui est assez inespéré. Le label et le distributeur font un travail excellent pour mettre l’album en avant et nous sommes aujourd’hui plus « médiatisés » que par le passé. Mais curieusement, les rares chroniques négatives que nous avons reçu sont très sévères… il n’y a pas d’avis mitigés : soit c’est super, soit c’est très mauvais et sans appel. Finalement ça prouve aussi qu’Elvaron peut déchaîner quelques passions et puis ça fait parler du groupe.



Justement à propos de l’album, avez-vous rencontré des difficultés particulières pour l’enregistrement ?

Hormis le fait de jouer les morceaux, non ! Plus sérieusement, ça n’a pas été la galère. Tout le monde a pris son temps. J’ai enregistré mes guitares rythmiques en une nuit mais j’ai passé plusieurs semaines sur le chant avec Nico. J’avais déjà travaillé mes solos pendant la pré-production donc pas de soucis de ce côté. Lindsay a bien assuré également pour son premier enregistrement ; elle a bouclé ses parties de clavier en moins d’une semaine. Basse et batterie sans soucis. Après j’ai fait venir tous les « guests » qui ont, en général, bouclé leurs traits en moins d’une heure. Mais la prise de son reste le processus le plus « simple ». Le vrai travail commence au mixage, que nous avons confié cette fois encore à Christophe Heyrend qui a passé plus de 2 mois dessus.

Un morceau préféré sur l’album ?

Probablement Sea Of Hate. C’est aujourd’hui le morceau le plus représentatif du style Elvaron. Mais j’adore toutes les chansons du disque.  

On voit que vous développez beaucoup les albums concepts, racontant des histoires assez tournées vers la fantasy. Peux tu nous en dire un peu plus sur le concept de The Buried Crown ?

Tout d’abord j’aimerai dire que je n’envisage pas un album autrement que par une approche conceptuelle. Un disque est, pour moi, comme un film. Il doit avoir un fil conducteur, une histoire qui tienne l’auditeur en haleine jusqu’à la dernière note de musique. Le concept de The Buried Crown va dans ce sens. C’est une histoire aux multiples rebondissement dans laquelle on s’attache aux personnages (enfin j’espère). C’est un concept médiéval fantastique basé sur L’alliance du dragon noir, une nouvelle écrite par SeeK, notre ancien claviériste. Pour résumer, une petite troupe d’aventurier s’est mise en quête d’un abject magicien pour le tuer. C’est cet odieux personnage qui a décimé les peuples évoqués dans The Five Shires notre précédent album. Les grands thèmes évoqués sont l’amitié, le voyage, la course contre le temps, l’abandon, la solitude… J’invite tes lecteurs à faire un tour sur notre site ; le concept y est raconté titre par titre.



Les influences littéraires, notamment JRR Tolkien, sont très présentes. Qu’en est il de l’aspect musical, y a-t-il des groupes en particulier desquels vous tirez vos influences ?

En fait, beaucoup de gens pensent que Tolkien nous a influencé mais ce n’est absolument pas le cas. Quand j’ai commencé à écrire des textes pour Elvaron en 1993, j’étais un rôliste confirmé de Donjons & Dragons et je puisais mon influence dans le cycle de Dragonlance de Weiss et Hickman. Tolkien est en vogue en ce moment à cause de la trilogie de Peter Jackson, mais ce n’est pas du tout mon axe conceptuel.
Musicalement, nous avons des influences très variées qui couvrent un large panel musical ; blues, rock, fusion, classique. Pour parler uniquement du métal c’est également très varié. Les groupes que j’écoute le plus sont Overkill, Dream Theater, les premiers Maiden, Nevermore, Rush, les vieux Metallica. Et puis chaque mois une petite découverte… en mai Beyond Twilight, la claque totale. Après au niveau de l’écriture musicale, il y a une influence classique omniprésente.

Qu’est ce qui différencie selon toi The Buried Crown de votre précédent album, The Five Shires ?

En dehors des aspect purement « production » et du son je dirais que The Buried Crown est plus abouti dans les compositions. Il est le reflet d’un vrai travail de groupe notamment sur des compos comme King Of Thylia, The Buried Crown ou encore Warhead. The Five Shires est plus heavy alors que The Buried Crown est plus progressif, il est également plus sombre dans le concept et dans la musique.

Comment se passent les phases d’écriture et de composition ? C’est un processus de groupe ou y a-t-il une sorte de répartition des rôles ?

La base de la composition est le plus souvent individuelle. Chacun écrit de son côté et ce n’est qu’ensuite, quand toutes les idées sont présentes, que nous faisons parler le collectif. Pour le prochain album nous tenterons de faire tourner les morceaux en répétition et discuterons alors des arrangements les plus judicieux.



Sur le site officiel sont disponibles des bandes originales de dessins animés que vous avez repris à la sauce métal. Pourquoi et de qui est venue cette idée étonnante ?

Nous avions monté un projet parallèle avec SeeK (ancien clavier) et Julien (ancien bassiste) qui s’appelait « Génération Albator ». On reprenait des génériques pour s’éclater et on avait arrangé des versions métal. Ce projet n’a jamais vraiment abouti car nous faisions ça surtout pour le fun. Un jour on a tenté Capitaine Flam sur scène avec Elvaron et le public a adoré. Quand nous avons créé notre premier site Internet, nous avions une page cachée où nous avions décidé de mettre cette reprise de Capitaine Flam… et de fil en aiguille, on a enregistré 5 autres génériques depuis.

La scène progressive française est assez peu développée aujourd’hui, penses tu que Elvaron puisse faire figure de leader de la scène à l’heure actuelle ?

Ca serait un peu prétentieux de ma part d’affirmer ceci mais je crois qu’étant donné le peu de groupes de prog Français, nous sommes dans le peloton de tête ! Mais je constate en ce moment que certain groupes de progressif français se recentrent davantage vers une musique plus accessible afin de ratisser plus large. D’ici quelques temps Elvaron sera peut être le dernier groupe de prog Français encore en activité (rires).

Par le passé, vous avez ouvert pour des groupes prestigieux comme Iron Maiden et Helloween en 1998. Quels souvenirs en as-tu gardé ?

Aujourd’hui je garde de supers souvenirs de ces moments privilégiés dans la vie du groupe. Heureusement que notre parcours tumultueux est parfois jalonné de petites satisfactions de cet ordre.



Quel est l’avenir du groupe ? Une tournée en préparation ?

Non, pas de tournée en préparation car nous n’avons pas les moyens financiers de se payer la première partie d’une tournée Européenne. Peut être que par la suite, si notre notoriété augmente, nous pourrons prendre le risque financier de le faire, avec le soutien du label par exemple. Nous nous concentrons plutôt depuis quelques temps sur le quatrième album d’Elvaron tout en continuant nos divers projets musicaux parallèles qui sont relativement nombreux. La musique est notre passion à tous les quatre et nous en profitons pour nous éclater avec d’autres groupes et d’autres musiciens.

Un dernier mot ?

Au risque de causer une redondance cyclique…
Ne vous laissez pas aveugler par le système médiatique… aujourd'hui Evanescence… et demain Les Musclés ? Arrêtez de consommer la musique comme si c'était de la Danette de Danone. Retournez chez vos disquaires, écoutez, découvrez, socialisez-vous et reprenez le dialogue, souvenez-vous de vos échanges de K7 au lycée, allez aux concerts, lisez le livre de Fabien Hein, arrêtez E-mule, éteignez vos PC… et bises à tous.

Interview réalisée le 24 mai 2005
Cliff
Heavylaw.com