Graspop 2022 - Jour 3
Une fois n’est pas coutume, on se réveille à cause du soleil qui transforme la tente en sauna sous toile. Très sympa si on veut faire un sauna mais très nul si on veut dormir. Comme mon objectif était plutôt la deuxième option, je sors de la tente pour me rendre compte qu’il fait encore plus chaud que la veille et que ça va pas être triste de rester toute la journée debout sous le caniar.
Cela dit, je préfère ça à la bouillasse.
Bref, le passage quotidien au merch effectué et le petit déj englouti (dans le désordre), il est temps de se rendre sur le site. J’en profite pour constater avec un petit sourire que des gens déjà rouge écrevisse sont torse nu sous le soleil du midi, j’en connais qui auront du mal dormir le soir venu.
12h00 – Majestica
C’est Majestica, le groupe de Tommy « ReinXeeeeeeeeeeeeeed » Johansson (les anciens d’Heavylaw se rappelleront), aussi guitariste de Sabaton, qui ouvre le bal aujourd’hui. Officiant dans un power mélodique très catchy à voix haut perchée, le quatuor offre une prestation de qualité, malgré la voix légèrement noyée dans le mix. Les solos de guitare en taping pleuvent et le public, restreint mais visiblement initié, reprend les refrains à chaque morceau. On finit tout ça en beauté en tapant tous ensemble dans nos mains et en gueulant lalala sur le très facile Metal United, un hymne à la grande famille metal.
C’était franchement cool, Tommy a beau avoir créé ce groupe quand il était ado, sa voix est toujours aussi claire et juste, ça fait plaisir à entendre. Une mention aussi aux autres musiciens qui assurent carrément.
13h40 – Michael Schenker
Des conflits de running order me font louper Tribulation pour aller voir Michael Schenker, guitar hero notoire et accessoirement petit frère du guitariste rythmique de Scorpions, dont il a fait partie dans les 70s. Il débarque sur scène accompagné de son groupe pour jouer ses propres titres ainsi que quelques reprises d’UFO, son autre groupe dans les années 70. Ironiquement, on voit donc en live le titre d’intro de Maiden 2 jours plus tôt, le fameux Doctor Doctor. L’ambiance est bonne et le gars n’est effectivement pas manchot avec une guitare dans les mains, mais voilà j’ai découvert une petite pépite qui se produit en même temps sous le Metal Dome et je ne veux pas rater ça.
14h et quelques car je suis arrivé à la bourre – Massive wagons
Voilà un groupe que j’ai découvert en écoutant tous les groupes en amont du Graspop. Originaire du Royaume-Uni et jouant du rock’n’roll motherf*ckers, Massive wagons m’a notamment impressionné par l’énergie dégagée par le chanteur sur clip vidéo.
En arrivant sous la scène couverte sur laquelle le groupe se produit, je ne peux qu’être ébahi par ce groupe et surtout ce chanteur. Si les musiciens sont actifs et haranguent régulièrement la foule, lui n’arrête pas de courir, agiter les bras, sauter partout, chanter (accessoirement), nous lancer des Hey ! et autres. Il a beau faire TRES chaud sous cette scène couverte, le groupe donne tout ce qu’il a, a tel point qu’on peut se demander si le chanteur ne va pas finir par faire un malaise. Musicalement, on est effectivement sur du bon rock plutôt énervé boosté par la performance live. Cela me fait d’ailleurs un peu penser à Dee Snider de Twisted sister, qui est parfois complètement essoufflé à force de hurler et courir, mais que finalement on s’en fout car c’est complètement compensé par l’énergie communicative qu’il apporte. Ici, c’est un peu pareil, et on se sent galvanisé pour se donner à fond dans le public également. D’ailleurs, la comparaison est d’autant plus vraie que le groupe reprend brièvement le We’re not gonna take it de Twisted, qui fout un bordel monstre comme à chaque fois.
Une très belle découverte sur ce Graspop donc, je vous conseille vivement de regarder un clip live ou 2 de ce groupe, vous vous rendrez mieux compte de quoi je parle.
15h35 – Europe
Après une petite pause pour se remettre de Massive wagons, on attaque Europe sur la South. Ouf, un groupe où on ne va pas se taper dessus, car le soleil tape très fort et le thermomètre frôle les 35 degrés. La foule n’est pas si grande que ça pour un groupe de cette envergure, peut être à cause de cette chaleur. Toujours est-il que le groupe est au taquet et attaque direct avec des gros tubes comme Rock the night, ce qui met tout de suite dans le mood. Joey Tempest, le chanteur, s’amuse toujours comme un fou avec son pied de micro spécial qu’il fait tourner autour du micro lui-même.
Les hits s’enchainent sans arrêt, les musiciens ont la banane jusqu’aux oreilles, et tout passe trop vite jusqu’à une doublette Cherokee – The final countdown pour clore les débats. Comme d’habitude, beaucoup de gens patientent gentiment pendant tout le concert jusqu’à ce que commencent les premières notes de ce tube planétaire, alors qu’il n’y avait rien à jeter durant ce show et que tout était bon. Dommage qu’il faisait jour car l’ambiance est différente, mais la performance était excellente et le groupe n’a pas ménagé ses efforts malgré la chaleur. A revoir dès que possible !
17h40 – Foreigner
Après une petite pause réhydratation et rasage d’une partie de mes cheveux, il est l’heure de retourner devant les scènes. En effet, quand ma mère a su que je n’avais pas été voir Foreigner au Hellfest 2016, elle avait l’air très déçue. Comme ils repassent ici sur la South, je me dois de réparer mon erreur et d’aller voir ce vieux groupe de rock.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que j’aurai dû aller les voir au Hellfest aussi ! Le concert est super, le groupe a la banane, les morceaux sont tops, pas grand-chose à redire en fait. Je me rends compte que, sans le savoir, je connais plus de la moitié des chansons. En même temps, les tubes que sont Cold as Ice, Urgent et Juke box Hero (par exemple) sont intemporels et envoient une belle claque en live. L’ambiance est excellente, le plaisir des musiciens est flagrant et communiquant. Bref, une très belle performance qui donne le sourire, et lorsque que, après que le public ait massacré la ballade archi connue I wanna know what love is (ben oui, troisième jour de festoche on a la voix un peu cassée), le concert se termine déjà alors qu’on repartirait bien pour un deuxième set de même durée.
En plus de tout ça, ma mère était très contente que j’aille les voir. Cool.
18h55 – Shinedown
Coïncidence du running order, Shinedown se produit en même temps que Down, sur une autre scène (heureusement d’ailleurs). Comme moi j’aime bien les choses qui « brillent » (shine pour les non anglophones) - et surtout parce que je préfère le rock au groove – je reste devant les mainstages pour assister au concert de Shinedown. Je les avais déjà vus au Hellfest 2016, sur un set du matin pas très long. Le concert était bien, la musique sympa, bref c’était bien.
Et bien 6 ans plus tard, le groupe qui monte sur scène a grandement évolué. Pas au niveau de la musique, ni du line-up, mais bien au niveau du spectacle lui-même. On ressent une atmosphère mature, voire grave par moments lorsque le chanteur Brent Smith s’adresse à la foule pour parler des problèmes du monde actuel. Ces moments, entrecoupés de leurs morceaux catchy associés à leur grosse débauche d’énergie sur scène, font entrer le show dans une autre dimension – celle des grands groupes. Tout est parfaitement construit, en restant naturel et réfléchi. C’est une sensation difficile à décrire sur papier mais ce qu’a fait Shinedown est grand et impressionnant.
Je vous conseille donc de profiter de la première opportunité que vous aurez de les voir, mais aussi d’écouter leur dernier album Planet Zero, qui dégage le même sentiment que le concert, en plus d’être musicalement très réussi.
Bref, ce concert a fait un sacré effet, à moi mais aussi à la bande de potes avec qui je suis au festival.
20h00 – Saxon
Après Shinedown et un gros hot dog (meilleur rapport quantité/prix de tous les stands de bouffe), je reste encore devant les mainstages pour Saxon. Les légendes du heavy metal britanniques arrivent tranquille sur la South dans un décor assez minimaliste. Je les avais déjà vus au Rockfest Barcelona, lors duquel ils avaient fait descendre un immense aigle de metal du haut de la scène, et c’était carrément stylé. Ici, point d’aigle, juste un gros mur d’enceintes, les gratteux devant et la voix puissante de Biff Byford par là-dessus. A ce propos, ce gars-là a plus de 70 ans, dont 45 de scène, et s’il ne court pas partout comme certains, sa voix est toujours la même au fil des années, alors respect.
Le set est somme toute assez classique mais efficace, deux adjectifs qui résument déjà parfaitement la musique du groupe en elle-même. Saxon vit pour faire vivre le heavy metal et la passion est toujours là. Fort d’un nouvel album sorti début 2022, le groupe est attendu au tournant pour le défendre sur scène. Toutefois, à cause des reports de tournées occassionnés par vous-savez-quoi, Saxon est encore sur sa tournée précédente. Du coup, quand Biff nous annonce : « Pour ceux qui se demandent si on va jouer des chansons de Carpe Diem… Et bien non ! », le public est bien surpris mais aussi hilare. Entre les tubes qui s’enchainent, Biff, qui doit crever de chaud sous son long manteau de scène, s’amuse avec la foule, nous demandant quelle chanson on veut qu’ils jouent, alors qu’il a la setlist sous les yeux. C’est donc un Saxon « cheap », sans aigle de metal mais de bonne humeur, qui nous fait un show sans prétention mais parfaitement exécuté. Je parle beaucoup du chanteur mais les autres ne sont pas en reste et montrent que ce ne sont pas les premiers venus non plus, la mention "fougue de la jeunesse" revenant au bassiste Nibbs Carter qui, du haut de ses 55 ans, est la boule d'énergie scénique du groupe. Enfin, quand retentit le riff d’intro de Princess of the night, la foule éclate et le concert se transforme en grand karaoké tellement les fans connaissent les paroles sur le bout des doigts.
Pour conclure, Saxon c’était un bon moment de « Heavy metal Thunder » !!
Petit aparté surprenant : apparemment, les belges n’étaient pas préparés à ce qu’il fasse si chaud. Ici, pas de pompiers pour nous arroser pendant les concerts, alors les chanteurs jettent des bouteilles d’eau dans la foule, certainement sur consigne de l’organisation du festival. Un peu moins efficace mais tout de même agréable quand elle tombe pas loin. Ils prévoiront peut être une autre solution de secours les prochaines années en cas de fortes chaleurs…
21h10 – Five Finger death punch
Alors qu’il commence à faire un peu moins caniculaire, ce sont les américains de 5fdp (on va abréger hein) qui commencent sur la North. Ce n’est pas un groupe que j’ai l’habitude d’écouter, mais les conseils avisés de l’un de mes amis et quelques titres écoutés en amont du festival ont attisé ma curiosité.
Et de fait, le groove metal efficace du groupe frappe assez fort en live. De plus, l’attitude sur scène est bonne et la cohésion avec le public très prononcée, ce qui me surprend presque pour un gros groupe américain (certes c’est un peu cliché mais pas entièrement faux). La musique punchy, les blagues du chanteur et l’impressionnante barbe en dreadlocks du bassiste font de ce concert un chouette moment, bien que certains titres de la setlist, tirés de leur dernier album, dénotent beaucoup si on les compare aux plus anciens, bien plus énervés.
On assiste même au moment mignon du festival, lorsque le chanteur offre une batte de baseball en mousse une petite fille dans le public, après avoir copieusement brassé de l’air avec ladite batte sur le titre précédent. Et puis, pour contraster un peu avec ça, on apprend les paroles (assez simples il faut le dire) du refrain de Burn pour gueuler ensemble un dernier coup : « Burn, motherf*cker burn… ». Excellent morceau cela dit, qui balance une bonne grosse claque en concert.
C’est donc sur un sentiment plutôt positif que se termine ce concert dont je n’attendais pas spécialement grand-chose.
22h20 – Judas Priest
Et voilà qu’il est l’heure de la tête d’affiche du soir, rien de moins que Judas Priest, que je suis ô combien enchanté de pouvoir voir en concert, puisqu’on sait quand même tous que la fin du groupe approche dangereusement.
C’est sur une scène assez chargée en décor et surmontée d’une immense structure de la forme du logo du groupe, affublée de projecteurs, que les musiciens font leur entrée sur One shot at glory. Puis, enfin, pendant l’intro du morceau, Dieu lui-même monte sur scène, Monsieur Rob Halford, le metal god en personne. Oh la vache. Rien que d’y repenser, ça me fout la chair de poule.
S’ils n’ont plus leur première jeunesse, les membres du groupe n’ont rien perdu de leur talent. Si Rob est un peu raide sur ses jambes, sa voix se promène toujours d’octave en octave avec une aisance insolente, tandis que le guitariste Richie Faulkner, qui remplace Glenn Tipton sur scène, passe son temps à haranguer la foule (en plus de jouer de la guitare, vous m’aurez compris). La suite du concert passe comme un rêve, les tubes s’enchainent et on en prend plein les oreilles. Au moment où je me dis que c’est dommage que Rob ne vienne plus en moto sur scène, et bien voilà qu’il le fait sur Hell bent for leather, tout de cuir et de chaînes vêtu. Bordel, quelle classe. Le concert se terminera sur Living after midnight, dans une fabuleuse apothéose, avec le metal god arborant un manteau à patch dont le backpatch principal est à l’effigie de… Judas Priest. Une belle façon de rappeler qui c’est le patron.
Voilà un concert pour lequel je n’étais assurément pas assez préparé tellement c’était fou. De bout en bout, le groupe a régalé et offert le meilleur de lui-même, dans une ambiance électrique. On pourra juste déplorer l’absence du guitariste K.K. Downing, qui ne participe plus aux concerts, triste signe d’une inéluctable fin. C’était la première et certainement la dernière fois que je voyais Judas Priest, alors au revoir messieurs, et merci pour tout.
Conclusion jour 3
Cette journée a été marquée par la chaleur qui atteint des sommets, avec par conséquent une audience plus faible dans l’après-midi sur les scènes principales, exposées au soleil. Cependant, on ne peut que saluer la performance des groupes, qui malgré la température se sont tous donnés à fond. Vous l’aurez compris, mon petit coup de cœur du jour est Massive wagons, mais encore une fois aucun groupe n’a démérité et chaque concert était excellent, jusqu’à Judas Priest qui a montré pourquoi ils sont ce qu’ils sont.
A l’issue de cette journée, j’ai vu Iron Maiden et Judas Priest en concert, alors ça y est, on peut dire que j’ai accompli ma vie de heavy metalleux. Ceci dit, on n’en a jamais assez, et la journée du dimanche arrive à grand pas pour continuer sur cette lancée, avec (petit teaser) en tête d’affiche le groupe qui s’annonce comme la relève des légendes du heavy.