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Parfois, certains groupes n’ont pas forcément le moyen ni l’envie de faire des arrangements très complexes, prenant alors le parti de l’efficacité. C’est un choix qui, dans le power métal, se défend totalement de par le côté « populaire » du style. En général, en partant de là, on trouve deux tendances. Il y a ceux qui font une musique complétement bateau et ennuyeuse puisqu’ils n’auront pas réussi à faire rimer simplicité avec inventivité, puis ceux qui ont compris que c’est la mélodie qui prime et que, malgré une forme musicale peu complexe, la musique peut ne pas perdre de sa force et tout de même transmettre son message. Arrayan Path, a plutôt suivi cette juste voie avec son album « IV : Stigmata », reste à savoir si ils ont réussi à en respecter la noblesse.  Nous avons en effet affaire à une œuvre tout à fait classique où sont très bien incorporés les codes du genre, à commencer par le son (qui est souvent la première chose qu’on écoute et surtout qu'on entend). La production est particulièrement habituelle et c’est malheureusement un des principaux défauts de ce disque. C’est bien de respecter les codes, mais pas toujours, et on entend bien que le groupe ne cherche pas à sortir des sentiers battus sur ce point-ci. Au final le timbre général du disque n’est pas désagréable, bien sûr, mais le problème est qu’on a ici un manque d’identité sonore flagrant. De plus, il y quelques défauts de mix comme une basse presque inexistante (comme d’habitude vous avez dit ? Eh bien oui ! Et ça ne devrait pas être le cas) et une batterie assez mal équilibrée (un charley trop en avant, une caisse claire qui manque d’impact et des toms basse sous-mixés). La guitare a l’avantage d’avoir un timbre bien plein dont les médiums ne sont pas absents et c’est très plaisant. Elle ne mange donc pas les autres instruments mais reste toujours bien présente, malgré un côté un peu étriqué. Le clavier reste très synthétique mais n’est pas trop mis en avant donc il n’est pas dérangeant et soutien bien la musique. La voix est ce qui est le plus réussi. On perçoit bien toutes les nuances du timbre vocal, somme toute assez classique, mais qui fonctionne très bien dans ce genre de musique. Et c’est un gros plus puisque c’est elle qui porte la musique du groupe !  Les compositions d’Arrayan Path se basent en effet sur d’excellentes mélodies vocales qui vous resteront immanquablement en tête sans pour autant lasser. Le refrain du titre d’ouverture, « Clepsydra », le prouve bien. Les harmonies sont simples mais la progression d’accord soutenant la mélodie bien construite apporte la puissance et « l’epicness » nécessaire pour emporter l’auditeur malgré une simplicité évidente ! La plupart des morceaux sont dans cette veine et c’est tant mieux ! Ils ne se ressemblent pas, ils ont leur ambiance propre même si le tout reste très homogène (qualité ou défaut ? C’est subjectif). Le groupe nous réserve aussi quelques surprises qui viennent briser la routine musicale propre au genre avec des reprises de derniers refrains toujours explosives comme sur un des meilleurs morceaux de l’album : « Midnight And The First-Born Massacre ». Cette piste nous montre bien ce que le groupe sait faire grâce à un bon riff qui se veut un peu écrit, un couplet original, un pont basique mais épique et un refrain absolument dévastateur dont la structure ne reste pas par cycle de 4 mesures ce qui lui confère un peu de piquant.  Les pistes défilent souvent avec la même efficacité et la même fraicheur, on ne s’ennuie pas. On trouve des ambiances différentes comme dans « Judas Iscariot » avec son riff arabisant (super phrygien, quand tu nous tiens !) et son couplet/pont pesant et presque lyrique dans l’écriture. Les quelques soli sont très mélodiques, maitrisés et jamais démonstratifs (comme celui de « Harbingers of Death » qui est, de plus, un bon morceau). Les passages instrumentaux, sont assez courts mais aèrent toujours bien les morceaux en apportant un plus. Le tout est bien exécuté sans être non plus extraordinaire dans l’interprétation. Le groupe a tendance à se répéter dans les structures et c’est un peu dommage car les effets de surprise du début sont un peu trop resservis par la suite mais cela ne gâche pas non plus excessivement le plaisir. Il y aussi, malgré tout, d’autres faiblesses.  Les arrangements sur les parties vocales sont souvent très moyens. La guitare se limite a des power chords et le clavier ne vient jamais colorer l'harmonie avec des notes étrangère aux progressions d'accords toujours très basiques. La basse appuie toujours bêtement les fondamentales et la batterie ne fait pas plus que nécessaire (ce qui n'est pas forcément un défaut mais un programme aurait pu faire aussi bien, ce qui est aussi dommage). Comme il a été dit précédemment, cela ne choque pas de façon outrancière car la musique sert réellement d'accompagnement à la voix mais on aurait pu en attendre un peu plus. Cela n'aurait pu qu'être mieux.  Peu de morceaux sont réellement moyens sur la globalité, mais certains n’ont pas pu y échapper. Les accusés sont « Pharaoh’s Wish » et « The Storyteller » (ainsi que la bonus track « Charming Paranoia » qui est sans intérêt). Ces morceaux ne sont pas au niveau du reste de par un côté plat qui ne réussit pas au style. Il n’y a pas de de couleur réelle et l’identité du groupe disparait totalement sur la globalité de ces deux pistes, même si certains passages recèlent de bonnes idées. L’autre défaut principal du disque vient d’ailleurs d’être cité. Une identité, le groupe en a une, mais elle n’est pas très marquée. C’est un peu un souci qui est dû au style lui-même malheureusement. Il existe tellement de groupes dans ce créneau qu’il est très difficile de se démarquer car tous les codes ont déjà été beaucoup trop réutilisés. Il est très ardu pour une musique de se réinventer, surtout que ce n’est pas toujours l’optique de ces groupes qui cherchent aussi à faire tout simplement la musique qui leur font plaisir. Cela donne donc une trame qui peut être très bien réalisée mais qui manquera grandement d’originalité.  Mais heureusement, même si ce disque n’est pas un chef d’œuvre, on prend réellement du plaisir à son écoute ! Arrayan Path aura finalement réussi à faire un concentré de « tubes » presque tous plus efficaces les uns que les autres tout en restant relativement varié et pas trop clichesque (dans le sens abusif du terme). Ce « IV : Stigmata » mérite donc tout de même un bon 7/10 (j’aurais mis 7,5/10 si j’avais pu) mais ne pourra guère aller plus loin car, même si le tout est bien réussi (malgré un mix et des arrangements perfectibles), il manque une chose très importante : une identité affirmée (ce qui va de pair avec une réelle originalité). Ce n’est pas quelque chose que l’on trouve en un jour mais il est certain que ce groupe a vraiment du potentiel. Reste à savoir s’il pourra se réaliser par la suite ! Je l’espère en tout cas car Arrayan Path a beaucoup de qualités et leur musique m'a apporté beaucoup de plaisir.  Adrian Frost

0 Comments 11 juin 2013
Whysy

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