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Tout d’abord, je vous remercie d’avoir accepté cette interview malgré une actualité promotionnelle bien chargée.



Duck: La question classique que tous nouveau groupe doit subir,  est la suivante : pouvez vous présenter l’équipe et retracer brièvement le parcours du groupe :o). (je sais c’est chiant héhéhé).


Matthieu: Karelia est né de la volonté d’apporter des éléments novateurs à une scène métal saturée et conformiste. Le projet original a été lancé par Lionel Vest et moi il y a trois ans, en incluant des instruments classiques sur une base rythmique basse-batterie électronique. Bertrand MAILLOT (Claviers) se joint au projet et amène à KARELIA un grand savoir-faire en matière de composition.
Ce line-up enregistre avec des moyens rudimentaires une première démo qui récoltent des échos tres positifs des labels. Lionel VEST quitte officiellement le groupe, sollicité par différents projets de musique classique et bande originale. Mais en vérité, il reste le « membre de l’ombre » de KARELIA dans la mesure où il dirige, avec Bertrand MAILLOT les arrangements symphoniques du premier album en préparation. Les différents labels n’envisagent pas de base rythmique synthétique : KARELIA intègre alors le batteur Loïc JENN, ainsi que Erwan MORICE aux guitares, ce qui m’a permis de me consacrer exclusivement au chant. Le recrutement d’un bassiste est plus long et problématique : le premier à donner entière satisfaction, au terme d’une longue liste de musiciens, sera Gilles THIEBAUT, ancien bassiste de Chris SAVOUREY (Heavenly, Northwind).
KARELIA est appelé à ouvrir régulièrement pour de prestigieuses formations et partage notamment la scène avec KAMELOT, AT VANCE, VANDEN PLAS, DYSLESIA… prochainement MARILLION et THE GATHERING
KARELIA signe en 2002 un contrat de production avec le studio BLUE BIRD. Le groupe profite alors de très importants moyens de production, de l’intervention de plusieurs choristes d’opéra, d’arrangements symphoniques, de l’enregistrement et du mixage de Renaud Hebinger- ex collegue de Colin Richardson sur des productions telles que Fear Factory, MachineHead…
Le premier album USUAL TRAGEDY est enregistré dans ces conditions exceptionnelles, et est achevé au printemps 2003. L’album est proposé à tous les labels et des propositions de signatures affluent. KARELIA doit alors choisir le label qui permettra au groupe de réaliser ses plus larges ambitions. En définitive, le groupe sera invité à Cologne pour rencontrer les dirigeants de DRAKKAR/BMG et un contrat sera signé pour le lancement mondial de KARELIA à partir de janvier 2004.



A t’il était facile de trouver une maison de disque ? Nous avons remarqué que vous ne disposiez qu’une seule démo, cela à donc du être très rapide pour la trouver… ?


Facile non mais par contre,  il n’y a aucun secret dans le monde du métal. Il faut savoir se faire voir. La première démo a été envoyé à TOUTES les maisons de disques européennes. On a eu des retours positifs de plusieurs d’entre elles. On nous disait simplement d’enregistrer un album complet et Karelia serait alors automatiquement signé (…mais ce n’était dit que de façon orale). Nous avons alors trouvé un producteur : les Studios Blue Bird qui ont financé l’album en totalité et tout en garantissant une très grosse production… ayant un « produit fini » à proposer, on s’est alors « vendus aux plus offrant » parmi les maisons de disques qui étaient toujours pretes à suivre. Et c’est Drakkar/BMG qui proposait le contrat le plus intéressant en termes de soutien à l’étranger notamment. Le plus foireux étant LIMB (Rhapsody) qui ne recule devant aucune arnaque (Note de Duck: ???).



Vous contez dans cet album une bien belle histoire, pouvez vous nous en dire plus sur celle-ci.


Bon attention, tu me cherches, je vais devenir pouet… poête

« Usual Tragedy », c’était avant tout un album concept : 10 morceaux contant chacune des étapes de la vie d’un homme. Une « tragédie ordinaire ». Un homme dont l’existence fut ponctuée par les deux guerres. La première arrachant cruellement son père à ses yeux d’enfant. La seconde qu’il vécut pétrifié par la terreur des canons, et dont il déserta, pour retrouver une compagne aimante. Elle qui n’était déjà plus qu’un souvenir sous son casque de soldat sans gloire. C’est en enterrant sous un rayon de lune cette dépouille souillée par le vice des hommes, que la folie lui ouvrit ses portes et lui proposa son ultime refuge. Fureur et violence y apaisaient son infinie douleur. Une froide chambre d’hôpital allait donc devenir son unique et triste décor. Les saisons s’écoulèrent sans jamais traverser les barreaux de sa fenêtre. Jusqu’à ce matin où il partit pour une mort qui tardait à venir d’elle-même. Personne ne le regretta, personne ne le plaint ou ne se souvint même qu’il eut jamais existé…(NDD: Ha ouais c'est beau...mais qui a dit que les metalleux étaient tous des brutes épaisses :'( )
… Ni un drame sheakespearien, ni un opéra larmoyant… une simple « tragédie ordinaire » comme il s’en est produit et s’en produit encore par milliers. Une descente progressive aux enfers parfois mêlée à quelques courts instants de joie futile.
C’est de cette façon que je considère la musique de KARELIA : quelques essences d’espoir noyées dans de sombres et lancinants accords. (NDD: Ha ouais en plus c'est du bon français: Mais qui a dit que les metalleux étaient des illettrés???)



Votre style est donc le heavy-symphonique, mais tout en y apportant une touche de mystère. Ce mélange entre voix sombre et clair n’est pas à négliger également. Est-ce votre « marque de fabrique » ? et comptez vous continuez dans cet esprit.



BMG nous a demandé expressément d’insister sur l’aspect symphonique pour le second album. C’est en revanche la seule directive que l’on aie reçu. Pour le reste on fera comme bon nous semble et en ce qui me concerne je ne compte pas modifier mon chant. Il a déjà largement changé entre temps mais je compte garder les mêmes intonations noires sur les passages lents et le chant « typique heavy » pour les parties speed. Les Japonais ont été troublés avec ça : ils pensaient qu’il y avait deux chanteurs à vrai dire… mais j’imagine que retenir l’attention et amener un élément nouveau dans cette musique est tellement rare qu’on serait cons de s’en priver. Et ça n’a pas empêché les japonais d’accrocher finalement !
Et avant tout, cette ambiance ambiguë qu’installe la musique de Karelia est tres proche du concept que j’ai développé et même de notre propre vie : quelques moments de joie futile dans une dominante de noir. On ne veut pas s’éloigner de ce credo (NDD: credo? il existe ce mot? ;o).



Question à part, qui est cette demoiselle, sûrement très charmante ;o), qui pousse quelques vocalises dans l’album ?


Celine Innocenti qui chante dans un registre « Soprano dramatique » très exactement (comme Tarja d’ailleurs). Elle participait aux chœurs et a pris toute seule l’initiative de cette partie de chant très plaisante dans « Blind ». Elle est très douée et joue dans un groupe de Belfort appelé « Moonlight Tears » (NDD: Mais elle est charmante ou pas?)


Vous évoluez dans un style de métal qui est saturé  par le nombre de production ahurissante qui sorte chaque jour. Que pensez vous de tous ces nouveaux groupes qui se contente de copier un style repris de maintes et maintes fois ?


De même qu’en démocratie, un peuple reçoit la politique qu’il mérite,  une masse de téléspectateurs reçoit les programmes TV qu’il demande… en musique c’est pareil : si on entend encore une masse de groupes sans inspiration ni originalité c’est parce qu’il existe suffisamment de blaireaux pour les écouter. Le métal n’en est pas dénué, il faut le reconnaître. Non, le gros problème c’est que les maisons de disques soutiennent ça, alors que ces nababs suffisants qui les dirigent se permettent d’affirmer qu’ils ont un sens artistique aigu (c’est pareil pour la presse d’ailleurs, et en France tout spécialement)


Après Heavenly, Manigance, Falkirk pensez vous faire partie un jour du trio de tête français ?


Je ne sais pas s’il faut considérer ça comme une ambition démesurée !! Tu sais, au fil des interviews que je fais à l’étranger, on me fait largement sentir que les français paraissent proprement ridicules… et comment leur en vouloir car moi même je considère qu’à l’heure actuelle, il n’existe PAS UN SEUL (j’insiste) groupe français crédible à l’étranger. Nous avons plusieurs « sous-stratovarius », quelques « sous-hammerfall », beaucoup de « sous-dimmu »….   Je ne prétends pas que Karelia sera le fer de lance… mais on aura eu le mérite d’essayer de sortir des sentiers battus au moins, et personne, ne nous considérera jamais comme un « clone raté de groupe germanique ».
Pour ce qui est de ce trio de tête, … je ne sais pas si tu te réfères aux ventes dans le monde. Faites attention car les groupes dont NTS assure la promo en France sont assez présents dans la presse (sachant qu’Olivier Garnier est LA SEULE personne à faire un travail efficace dans le métal en France) … mais cette présence médiatique ne reflète pas forcément un succès traduit en termes de ventes… et surtout pas de ventes à l’étranger !! J’ai pour l’instant une seule grande satisfaction pour Karelia : c’est le premier groupe francais (car du coup, on a eu l’occasion de voir les contrats d’autres maisons de disques) qui s’est fait entièrement produire et qui gagne de l’argent grâce à la musique dès le premier album.(NDD: Chui d'ac pour Olivier Garnier, il fait de l'excellent boulot)



En parlant du metal français,  lui voyez vous un grand avenir ?



En France, je pense qu’il y a autant d’avenir pour le métal que pour les bureaux de tabac et les monopoles publics. Sérieusement, ce style est voué à être de plus en plus marginal et underground… mais il n’y a personne à blâmer puisque tout le monde a sa part de responsabilité la dedans : les maisons de disques à l’inculture navrante, la presse à la fermeture d’esprit tragique, une partie du public qui suit bêtement le mouvement, les milliers de groupes qui, dès qu’ils ont appris à jouer trois accords se sentent investis de la mission sacrée d’aller enregistrer un album quitte à devoir hypothéquer leur baraque… bref.


L’Alsace renferme t’il des groupes tels que le vôtre ?


L’alsace est régie par une culture à dominante germanique et ça se ressent forcément. D’autres groupes en termes de qualité et de technicité oui sans problème : Phenix, Blackhole...
Encore une fois, si l’on se réfère à l’originalité, j’aimerais rencontrer des groupes qui esaient véritablement d’imposer une « patte » bien à eux.


Dites ce que vous voulez…vous avez carte blanche…


La présente interview est assez portée sur l’état du métal francais et j’aimerais préciser pour le lecteur francais, que nous ne dénigrons pas les auditeurs en France et nous jouerons avec grand plaisir dans notre pays au cours d’une prochaine tournée. Je n’aimerais pas qu’on pense que Karelia crache dans la soupe heheheh. On dit simplement sans la moindre agressivité qu’il est possible d’atteindre une très grande notoriété rapidement à l’étranger… toute en restant un « petit groupe » en France… c’est le chemin que nous semblons prendre d’ailleurs



Un dicton ?



Que le métal s’étale dans ton futal.(NDD: loooooool j'adore)



Et la question finale qui est : que pensez vous de notre site Heavylaw  (Allez y soyez franc nous sommes prêt)


Honnêtement, je sais que la presse écrite va succomber à Internet et c’est par le biais de sites comme Heavylaw : j’entends par là des sites capables de les concurrencer en professionnalisme et en efficacité. Donc oui j’ai une très bonne opinion et d’ailleurs je ne connais que deux sites aussi bien foutus en France : celui ci et www.obskure.com (NDD: Matt tu viendras prendre ton chèque à la compta ;o)


Donc voilà nous arrivons à la dernière question, je tiens à vous dire, au nom de l’équipe Heavylaw, un grand merci pour ce petit moment passé avec nous, et en vous souhaitant une bonne chance pour la suite. Et au vue de la qualité de ce premier album, nous n’avons pas de souci à se faire ;o)

0 Comments 01 juin 2004
Whysy

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