Lacrimas Mortis

Lacrimas Mortis. Quand on voit un nom d’album comme ça, qu’on connaisse le groupe ou pas, on se s’attend pas à rigoler. Quand, en plus, on se rend compte qu’on a affaire au second disque d’un groupe dont le premier effort s’intitule Burden Of Grief, on se dit que la tristesse est une histoire de famille et que les gars en question ont l’expérience nécessaire pour secouer les sensibilités. Quand, finalement, on lit que The 11th Hour, le combo battave, évolue dans le genre doom teinté de death metal, on en vient à se convaincre que décidément cet opus va être rempli de cette noirceur qu’on affectionne car cathartique. Et, quelque part, on en salive d’avance.

Sauf ce Lacrimas Mortis est déprimant mais pas dans le sens qu’on voulait. Pour parler simplement, et continuer avec les mots commençant par « d », il est décevant et en deçà de ses promesses.  

Parce qu’il y a du monde sur cet album : Ed Warby à la batterie-mais-pas-que qui officie entre autres chez Hail Of Bullets, Demiurg, Star One ou Ayreon et Rogga Johansson  au chant qui lui aussi a un CV long comme le bras. Des musiciens qui savent ce qu’ils font donc. Et d’ailleurs quelques fois, ça fonctionne plutôt pas mal.  Le premier titre  "We All Die Alone" (un hymne à la joie vous vous en doutez) est assez sympathique avec sa petite mélodie poignante et le ton assez mélancolique du chanteur. La dernière partie de la chanson est plus réjouissante et souligne l’importance du death mélo dans le mix musical. "The Death Of Live" joue bien sur ses accords maussades et délivre une complainte désabusée qui, alliée à un tempo plus lourd, développe un beau potentiel . Quant à "Reunion Illusion", il bénéficie également d’un rythme plus lent qui séduit l’auditeur.

D’une manière générale le chant clair est plutôt réussi et c’est par là que passent  les émotions. Enfin , que passent quelques émotions parce que Lacrimas Mortis semble froid comme la pierre. Coller une musique triste en fond comme sur "Bury Me" ne suffit pas. Alors oui, d’extérieur c’est joli et la qualité des compositions, complexes et pondérées dans leurs effets, dénote un savoir-faire acquis. Mais au-delà des apparences, il y a le ressenti et c’est cette partie qui handicape la musique de The 11th Hour.

Pour être direct, on reste hermétique aux jolies mélodies des hollandais. De là à trouver que quelques passages sonnent creux, il n’y a qu’un pas. Franchi à plusieurs reprises malheureusement. Ainsi les pleurs en carton de "Tears Of The Bereaved" laissent de marbre. Et tous les passages un peu décalés (le moment central de "Rain On Me" ou la fin de "Nothing But Pain") sont tout simplement bizarres et enlèvent leur profondeur aux morceaux.

Autre problème : on regrette les growls un peu inappropriés qui, à mon sens, desservent l’atmosphère de l’album.  Ils sont inutiles sur "The Death Of Live", rendent souvent caduc les effets du doom qui a tendance à passer au second plan sur le reste de l’album. Bien sûr qu’on est sur un album de doom et de death mélodique combinés ensemble, il est donc logique de retrouver  les caractéristiques du death sur les morceaux. Cependant, The 11th Hour a perdu en “doomitude” depuis sont précédent opus, qui sans être parfait, respirait davantage le spleen. Il était donc plus facile de faire passer des émotions. "Tears Of The Bereaved" fait quand même pâle figure face à "In The Silent Grave".

Est-ce le groupe qui se perd assez vite dans ses propos ou est-ce nous qui finalement  n’arrivons à accrocher, toujours est-il que les heures (enfin les minutes faut quand même pas exagérer) on les sent passer. Lacrimas Mortis est fastidieux. Alourdi par des growls intespentifs et une impression persistance que le groupe a le cul entre deux chaises et devrait plus jouer sur l’aspect doom que death mélodique, The 11th Hour ne tient pas la distance et, malheureusement pour nous, s’essoufle trop vite. En conséquence, on rêvasse ; on pense à While Heaven Wept et, même si ce n’est pas très gentil, on a méchamment envie de changer de cd...

Nola