One For Sorrow

Deux années vécues dans le péché à écouter et réécouter Across The Dark sans perdre l’émotion et en adulant les musiciens. Comment ça les musiciens ? Les Dieux de la musique extrême ! Car oui, Insomnium est sans conteste le groupe qui aura su se dévoiler au travers de ses albums aussi entrainants que magiques et c’est sans compter sur les tournées aux côtés de grands comme Dark Tranquillity, Swallow The Sun ou encore Omnium Gatherum que la formation aura su s’imposer en tant que leader et se dépêtrer du milieu underground. Ce nom désormais bien connu est devenu une preuve de qualité ostensible. La carrière des Nordiques s’est construite tel un empire, gagnant victoire sur victoire et grignotant du terrain sur la population du métal, ainsi on ne peut que reconnaitre la supériorité qualitative du combo face à ses homologues. Quatre albums et pas un seul faux pas, quatre sorties qui ont su émouvoir, tourner les esprits et proposer des mélodies novatrices.  Et voilà, je disais deux années, Insomnium nous avait laissé dans la frustration la plus totale avec un excellent opus magnifiant les mélodies employées dans un death mélodique aux attraits progressifs. Les productions sont tellement appréciables que d’arriver à leurs fin s’apparente à une réelle souffrance... Alors que pouvons-nous faire pour résorber ce problème ? Réécouter tous les albums des Finlandais depuis le début afin de temporairement combler le manque ? Or, en 2010, nos talentueux musiciens sortent un EP contenant deux titres : « Weather The Storm » et « Beyond The Horizon ». Et encore une fois l’univers des Finlandais fait rêver. Un assortiment de mélodies cherchées dans le domaine divin et avec un guest de renommée : Mikael Stanne de Dark Tranquillity. Une nouvelle année plu «s tard, One For Sorrow passe du monde des songes et est délicatement déposé dans le monde palpable qu’est le nôtre.  Il faudra peu de temps pour reconnaitre l’empreinte d’Insomnium, en effet, l’ossature d’Across The Dark est reprise. Au lieu de démarrer avec « Equivalence », c’est « Inertia » qui ouvre les hostilités. Un morceau se dévoilant sur des accords manipulés avec douceur qui montent dans l’intensité jusqu’à ce que la voix irritée, mais posée de Niilo annonce un départ en éclat et imminent du morceau sur un régime plus violent. Et effectivement, outre sa délicatesse et sa grâce le morceau se teinte de frénésie et introduit le catchiesque « Through The Shadows » dans une mesure peu commune. La comparaison avec « Equivalence » est inévitable, car les deux chansons montrent à la fois toute l’étendue mélodique et l’ingéniosité dans la recherche musicale des instrumentistes.  Mais l’éventail musical ne s’arrête pas à ce constat, les autres chansons sont bâties sur des riffs pénétrants et un assortiment de mélodies incroyablement riches. « Through The Shadows » saisi par son refrain et son rythme effréné, « Only One Who Waits » flirte avec les émotions alors que « Song Of The Blackest Bird » se montre un poil plus violent et syncopé... Ce qu’on peut constater, c’est que tout le long de l’écoute les envolées sont grandioses et la texture musicale reste hautement accrocheuse. Les nombreux riffs et refrains parviennent à pénétrer l’esprit et à imprégner l’auditeur de l’essence même d’Insomnium. Les chansons s’imbriquent avec fluidité et le soin apporté sur le songwritting irradie avec aisance et volupté (« Regain The Fire »).  Vous l’aurez compris Insomnium parvient une fois encore à impressionner par sa richesse au niveau des compositions et puis surtout par sa domination sur son univers à la fois violent et énervé, mais toujours ultra mélodique. Les breaks partitionnent les chansons (« Unsung »), les pick scraps sont toujours employés (ce qui ne sert à rien, mais devient une marque de fabrique chez nos Finlandais), la polyrythmie emmagasine un potentiel assez nerveux alors que les guitares tempèrent parfois le jeu (« Every Hour Wounds »). Il est vrai que le jeu musical met en lumière plusieurs variantes et je dois dire que la mayonnaise prend inexorablement. Des passages lyriques sont introduits pour souligner l’aspect morose et nostalgique de la chanson. Pour enfoncer le clou, « Decoherence » parfait cet univers en plongeant l’album dans les abimes de la tristesse et la délicatesse. Cette apparition appuie One For Sorrow dans l’argumentation progressive, car si les morceaux transpirent la variation et la splendeur, le relief imposé jusqu’alors est lifté pour permettre de relancer l’album sur d’autres horizons. Ainsi le morceau le plus long « Lay The Ghost To Rest » enchaine cet intermède dans une orientation qui évolue crescendo et fait penser à « The Moment Of Reckoning » dans son articulation.  Au niveau vocal, on retrouve le tout puissant Niilo Sevänen qui pousse les morceaux dans leurs retranchements avec l’utilisation des harsh vocals. Le côté monstrueux de son chant soutient la construction mélodique par un effet de contradiction. Son renfort adroitement apposé souligne l’angoisse ou la fureur nécessaire au moment voulu. Néanmoins, un chant clair apparait sur « Through The Shadows », « Lay The Ghost To Rest », « Regain The Fire » et « One For Sorrow ». Ainsi il semblerait que le groupe se soit aperçu de l’impact de la présence de ces lignes vocales depuis Across The Dark. Généralement utilisés sur des refrains cette nouvelle variable ouvre d’autres voies et accroit la richesse globale de One For Sorrow.  Pour conclure, je dirais que One For Sorrow est un album inscrit dans un registre dans lequel seul Insomnium est capable de créer. Les ambiances death sont édulcorées par le côté mélodique et outrancier des lignes instrumentales. Ce n’est ni franchement du death progressif ni du death mélodique, mais du métal extrême ultra mélodique et accrocheur. Finalement, à ce jour, aucun groupe n’est parvenu à imiter leur style. Le spectre musical des Finlandais est intouchable et inaccessible. Et pourtant il parait si évident et facile à écouter que ça en devient surprenant... Mais soit, Insomnium sait se montrer fertile et efficace et c’est ce qui compte. La tracklist de One For Sorrow est parfaite, équilibrée et ne tombe dans aucun écueil qui pourrait embarrasser le combo. Le mélange de certains ingrédients tirés des trois premiers albums (plus violents et progressifs) avec le foisonnement fluide et harmonieux d’Across The Dark s’affine dans cet opus. Une sorte de retour aux sources évoluées dirons-nous, et tout ça sans se plagier ou tourner en rond, et bien là moi je dis encore bravo !!! Insomnium vous êtes les meilleurs pour toutes ces qualités ! À mon avis, surement le groupe du siècle dans les sphères métalliques ainsi je me fais plaisir avec la note que je m’étais efforcé de retenir précédemment.   - ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -