Rebellion

J'avoue que ce fut plutôt par hasard que j'ai choisi de m'atteler à la chronique de cet album. Avant qu'on m'accuse de vouloir faire que les critiques des groupes de ma ville natale, je tiens à dire pour ma défense que je ne connaissais pas vraiment le combo à l'origine. Après une découverte de leur discographie et du background d'Holy Pain, j'ai découvert seulement dans un second temps que la formation est originaire de Lyon (tout comme Destinity). Nos gaillards issus de la ville du confluent du Rhône et de la Saône sortent leur troisième album sous l'étendard de Manitou Records très facilement car seulement un an après le précédent opus Among religions. Cette fois-ci la douleur sainte appelle à la rixe et ne veut pas se laisser faire. Rebellion, tel est le titre de cette nouvelle offrande, cadre l'album dans un registre moins power et plus thrashy qu'auparavant. Les shreds de guitares peuvent gronder et les chants se déchainer car les Français semblent avoir repris du poil de la bête et la détermination parait plus incassable que jamais.

Le quartet nous délivre un album clairement thrash dans les grandes lignes, une simple écoute distraite sur des titres comme "Seven Sins" sauront facilement affirmer l'orientation désirée par le groupe. Le chant se veut plus féroce et beaucoup moins de demi-mesures se font entendre sur la longueur. Il est certain maintenant qu'Holy Pain joue dans la grande cour des Big Four nés en 1982. Les morceaux tournés vers le défoulement musical entrainent incontestablement le lecteur dans une folie orchestrale menée par des guitares grésillantes et une batterie volontaire. Les morceaux s'entichent pour une tournure mélodique enveloppée dans une harmonie et alimentée par un florilège d'instruments à cordes orientés sur une notion dansante et groovy. Il est vrai que les chansons savent mettre en avant les belles apostrophes à la guitare et c'est finalement ce qui aura retenu mon attention tout au long de l'album. En effet, si les soli et envolées sont particulièrement douées et chargées en accroche, on ne pourra pas en dire de même pour le reste.

On a l'impression que cet opus en plus d'affirmer son style, fait l'apologie des guitares en mettant de côté le reste des instruments. Les rythmiques s'appauvrissent et les chants ne sont pas ce qu'on peut appeler un véritable pilier autour duquel la musique prend forme. Les lignes de chants passent trop souvent au second plan et n'apparaissent que de manière ponctuelle. Par exemple, il ne sera pas rare d'avoir à faire à de grands passages instrumentaux avant de retrouver le frontman au micro. Alors il est vrai que le combo tente de faire un effort en incorporant des voix plus ou moins filtrées en fond de manière disparate et spasmodique sur "S4" par exemple ou sur l'introduction "Exodus". Hélas cela ne sera pas suffisant pour départager la masse musicale de son homogénéité. Les titres se ressemblent assez dans leur construction à cause justement du manque de refrains, il semblerait que les musiciens se sont jetés dans la gueule du L ( y ) ion un peut trop vite et n'ont pas assez posé les bases de ce qui fait que l'on apprécie lorsqu'on met un CD.

Heureusement, "Jack's War Letter" arrive pour appuyer le travail d'écriture musicale et gommer les points faibles décelés jusqu'à présent. Alors que "Family'secret" vient casser le rythme quasi-linéaire déployé jusqu'alors, le break du titre éponyme relance la machine et la fin se termine dans les plus beaux des effets. On a finalement l'impression de faire face à un album à deux vitesses, comprenant une partie enlisée dans une mélasse collante de métal gluant puis une deuxième partie parait plus soluble et créé la surprise. Les idées fusent dans tous les sens et la structure musicale s'arrange sous une pluie diluvienne d'accords et de mélodies ingénieuses. Pour ma part, je trouve cela dommage d'avoir à attendre que la partie plus rébarbative passe pour enfin rentrer dans l'univers d'Holy Pain mais en fin de compte, on pourra se délecter d'un final grandiose.


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