Il y a des albums qui vous laissent admiratif, et lorsque la chronique se fait sentir il y a blocage. Pourquoi, me dira-t-on ? Il est vrai qu’il est logique de vouloir faire partager cette merveille, mais le problème est d’être digne de cet album. Je suis rarement confronté à ce genre de sentiment, si l’on exclut des chroniques de Dream Theater ou bien encore de Symphony X. Les deux noms que je viens de citer peuvent bien être reliés à Pain Of Salvation par leur étiquette Prog Metal mais ils n’ont rien de très commun au niveau de la musique.
Remedy Lane est le quatrième album des suèdois de Pain of Salvation. Il traite principalement d’amour. Un homme, qui est le narrateur, incarné par le chanteur, nous raconte certains évènements d’une relation amoureuse de 12 ans. On y retrouvera bien évidemment quelques ballades d’amour. Mais sur cet album, on trouvera moins d’évènements positifs que des morceaux tragiques. En effet, les thèmes sont sombres, on aborde des sujets tels que le suicide, une fausse couche. Quoiqu'il en soit les souvenirs douloureux sont bien présents sur cet album. Vous me direz « mais c’est du classique, du vu et revu » et bien non.
Les thèmes sont certes courants mais la manière de les aborder ne l’est pas. Je ne peux pas comparer Pain Of Salvation à un autre groupe pour vous permettre de vous faire une idée, c’est malheureusement, ou heureusement plutôt, impossible car le groupe pratique une musique originale qui varie sans cesse et possède des influences multiples qui me dépassent. Remedy Lane c’est donc de la musique riche, avec des changements de rythmes, d’ambiances, d’émotions d’une chanson à l’autre, et même d’un couplet à l’autre.
Le chanteur n’est pas en reste car le bougre module sa voix d’une façon assez impressionnante et permet ainsi à Pain of Salvation la réalisation d’un album purement émotionnelle. Ici il n’y a pas lieu à des démonstrations de techniques excessives, celle-ci risqueraient d’entacher le côté sensible encore qu’on ne sait pas ce qu’un groupe ayant pu produire un album de cette trempe aurait pu nous réserver comme surprise.
On retrouve des passages narratifs pleins d’émotions dans Ending Theme, où le chanteur incarne tel un acteur son personnage. Il ne sait plus où il en est et ça se ressent. Le refrain ne fait que sublimer cette chanson. J’ai été bluffé par le jeu du guitariste qui n’a rien de courant. Ma première écoute je l’ai passée accroché aux paroles et je m’émerveillais des nombreuses variations. Je restais intrigué, troublé, fasciné par l’intelligence de cette musique. Je me suis laissé entendre dire « mais c’est quoi cette musique de fou ». Si on écoute Remedy Lane en fond la première fois je ne pense pas qu’on puisse tomber sous son charme, il s’assimilera plus à un ensemble incohérent avec quelques interludes mélodieuses sympathiques comme Dryad of The Woods. On remarquera à la rigueur la sublime Undertow car je pense qu’il est difficile de résister à cette chanson triste et prenante. Celle-ci va crescendo, le chanteur y fait encore un travail remarquable. C’est d’ailleurs la première chanson que j’ai pu entendre de cet album et c’est elle qui m’a donné envie d’aller plus loin, bien plus loin.
Je retiendrais bien sûr donc Undertow, mais aussi Trace Of Blood et Rope Ends parmi mes préférées même si les autres ne sont pas en reste, car cet album est bien un tout qu’on se doit d’écouter en entier. Les morceaux se suivent mais ne se ressemblent pas si l’on excepte l’instrumentale Remedy Lane au synthé qui reprend quelques thèmes déjà rencontrés dans les chansons précédentes. Les morceaux de cet album sont une parfaite réussite et ne manquent pas de me faire frissonner, ou de m’émouvoir. Cet album est donc l’incarnation d’un travail de composition incroyable. Rares sont les albums qu’une fois fini je remets de suite ou que durant la semaine suivant la première je me sente obligé d’écouter une fois par jour.
En bref, je dirai que si vous êtes intéressé par une musique travaillée, intéressante, originale, Remedy Lane est peut-être pour vous. Je dis bien peut-être car la musique de Remedy Lane n’est pas accessible à tout le monde à cause des éléments même qui font ses louanges. Je souhaiterais tout de même apporter le conseil d’écoute que j’ai déjà évoqué plus haut. Si vous écoutez cet album, ECOUTEZ LE, et j’entends par écouter, écouter avec attention et réflexion par moment. Si je devais comparer cet album à un plat, ce dernier serait certainement servi dans un grand restaurant, car finesses, inventivité et subtilités sont les mots d’ordre. Et donc forcément si vous n’en faites qu’une bouchée vous ne verrez pas la différence avec les plats réchauffés.
PS : Je viens de remarquer que l’album dure quand même 75 minutes et dire que je les ai pas vues passer.
Dreamer