«Pourtant, c’était bien parti...». Voilà ma toute première impression à la première écoute de ce disque, grand retour d’une légende du métal allemand... Pour rappel, les dernières années du groupe ont été purement chaotiques. Un dernier album en 2005, une séparation annoncée pour un concert ultime, un live de ce concert qui met des plombes à voir le jour, et un nouveau projet pour le maitre à penser, le bien nommé Rock n’ Rolf... Et puis, à la surprise de tous, l’annonce d’un nouvel album, synonyme du retour du groupe, arrive seulement quelques mois après la sortie de ce live testament. Bref, un feuilleton qui rappelle directement ce que Blackie Lawless avait pu faire en reprenant au dernier moment le nom de WASP pour la sortie de «Still not black enough», alors que cet album avait été composé pour sortir sous un autre nom... Et même s’il s’agit là de pure hypothèse, je ne peux m’enlever de la tête que ce nouvel album de RUNNING WILD ne devait sans doute pas en être un au départ... ... Et le style pratiqué sur ce disque retour ne fait qu’aller dans ce sens. N’imaginez ainsi pas un retour aux sources pour fêter le retour de la légende... Non, non, pas de speed metal à se mettre sous la dent (ou si peu), mais plutôt un hard rock mélodique teinté de heavy purement allemand (c’est à dire avec le son metal si caractéristique de nos voisins), mélange déjà proposé par les jeunots de KISSIN DYNAMITE (ou EDGUY sur ses derniers albums). «Pourtant, c’était bien parti...» : c’est donc ce que je me suis dit après le titre d’ouverture, «Piece of the action», hard rock simpliste mais au refrain immédiatement mémorable et qui s’accroche irrémédiablement à votre cerveau. Bref, un single en puissance...Et la suite est dans le même style, entre hard rock classique («Riding on the tide», «I am who i am)) et montées en puissance très maitrisées rappelant des souvenirs aux anciens fans du combo («Shadowmaker»). A noter également une excellente chanson fleuve en fin d’album («Dracula») mettant enfin un peu de sérieux dans ce déluge de second degré, et rappelant la vague US 80’s des groupes de heavy épique, à la MANILLA ROAD (flagrant sur les mélodies vocales). Le problème, et c’est pour ça que «Pourtant, c’était bien parti...», c’est que le disque s'essouffle à vitesse grand V... Et même si vous adhérez d’emblée au style musical proposé, vous aurez du mal à ne pas rire en écoutant «Me + The Boys»... Imaginer un quinquagénaire avec quasiment 30 ans de carrière derrière lui écrire des paroles pareilles, ça me dépasse... Au mieux, vous n’en reviendrez pas d’écouter ce morceau, et vous finirez mort de rire. Au pire, il faudra vous saouler avec tout ce que vous pourrez trouver pendant les 5 minutes de la chanson pour la digérer en entier... Les fans me diront qu’il s’agit d’un délire composé pour la prochaine fête de la bière, et ils seront bien cléments... Et que dire de «Sailing Fire» au refrain sympathique mais à la mélodie tellement rabâchée qu’elle nécessite à elle seule l’achat d’un tube de doliprane ??? Je passerai sur les quelques autres chansons insipides qui ne méritent que peu de commentaires («Black shadow», «Locomotive», «Into the black»), pour conclure sur cet album vite écrit, ayant quelques bons moments (début et fin de disque), mais qui se trouve au final pénalisé par un gigantesque ventre mou, et ne se retrouve absolument pas à la hauteur de ce que doit être un retour de RUNNING WILD en 2012... Rock n’ Rolf déclare dans la bio de l’album “Sometimes it just took me ten minutes, rarely more than half an hour, to compose a song.» Et bien, honnêtement, Mr Kasparek, vous auriez vraiment dû prendre votre temps pour composer ce disque, vraiment...