Le nom d’Esoteric ne vous dit probablement rien, et c’est bien normal puisqu’il s’agit d’un groupe anglais de doom extrême underground (autant vous dire qu’il m’a été bien difficile de me procurer ce cd, bien que le groupe vienne de signer un accord avec Season Of Mist, un petit label français, qui doit assurer une plus large diffusion de leur musique).
Il est vrai qu’il n’est pas habituel de chroniquer sur Heavylaw des groupes underground, encore moins des groupes de doom extrême, mais c’est aussi notre rôle de vous faire découvrir des musiques et des groupes un peu plus pointus et méconnus que Metallica, Iron Maiden ou autres Nightwish.
Mais au fait, c’est quoi le doom extrême underground ? Certains d’entre vous connaissent peut être My Dying Bride, leaders de la scène doom métal (pour les retardataires, il s’agit d’un métal aux riffs très lents, très lourds, syncopés avec des voix dures et plaintives, tout cela pour accentuer l’effet sombre et mélancolique de la musique), eh bien pour décrire Esoteric, My Dying Bride fait à coté d’eux des berceuses pour enfants (si si c’est possible !!). Je sais, il apparaît bien difficile de concevoir, a fortiori de décrire textuellement, comment on peut descendre plus bas que MDB.
Le titre en lui-même est déjà porteur de toute cette complexité : Subconscious Dissolution Into The Continuum (SDITC pour faire simple) exprime selon les dires du groupe le fait qu’au moment de la mort, notre inconscient refait surface et nous dévoile toutes les images refoulées jusqu’alors. Cela dit, à chacun de se forger sa propre opinion sur cette « énigme ».
Pour ce qui est de la musique à proprement parler, il est bien difficile et tangent comme je vous l’ai dis de décrire la musique d’Esoteric. En écoutant ce cd, on saisit l’aspect « lunaire » des compositions, éxécutées avec une lenteur et une désolation extraordinaires, où aucune note d’espoir n’est permise.
Malgré un manque de moyens (nous sommes dans l’underground, ne l’oublions pas, même si l’accord avec la nouvelle maison de disques contribue tout de même à améliorer l’ensemble), les ambiances sombres omniprésentes sont travaillées et plutôt réussies. La voix gutturale se rapproche du death brutal et contribue de fait à la lourdeur de l’album.
Malgré tout, il faut prendre cet opus dans son ensemble pour y saisir son essence, sa beauté même si elle reste bien difficile à percevoir. Avec 4 cd en 10 ans d’existence et des titres interminables (4 titres pour 50 minutes, faites le calcul vous-même), Esoteric justifie son statut de groupe underground.
Pour conclure, je reprendrai (et j’espère qu’il m’en excusera) les propos de Bruno Bages, journaliste chez Rock Hard, dans sa chronique de SDITC : « Tout invite ici à la contemplation abyssale ou à un exercice de méditation proche du coma […]. Mais pour entrevoir [cette beauté], il vous sera nécessaire de laisser loin derrière vous les dernières balises du monde à visage humain ». Pour ceux que l’abstraction et la noirceur extrême ne dérangent pas, allez jeter un coup de tympan sur cet album, mais sachez que SDITC est une aventure, une exploration dont on ne ressort pas indemne.