C’est en 2002 que Symphony X revient, soit deux ans après V – The New Mythology Suite qui s’était imposé comme un chef d’œuvre de métal progressif. Symphony X nous propose cette fois-ci, un album dont la pièce centrale est un morceau épique de plus de 24 minutes qui nous narre les aventures d’Ulysse. Homère nous avait fait partager ses aventures par écrit, Symphony X nous les met en musique. Une magnifique pochette nous le présente lié au mât de son bateau pour ne pas succomber au chant des sirènes. Déjà en elle se préfigurent les sombres horizons qui peuplent The Odyssey. Ce nouvel album se révèle être beaucoup plus sombre que le précédent. Les riffs que nous assène Roméo nous éclate littéralement en pleine face. Comme d’habitude MJR a pris soin de nous proposer des riffs originaux. L’album commence très fort, une guitare et un chant agressif suivi d’un refrain magnifique. Dès lors que les premières notes effleurent nos tympans, on accroche. On a comme d’habitude droit à un solo époustouflant, ainsi qu’un duel guitare/clavier comme l’exige la tradition Symphony X. Les américains nous ouvrent ce nouvel album avec succès: puissance, mélodie, rythmique illustrée par la batterie, et la basse galopante se sont donné rendez-vous. La chanson qui suit, bien qu’intéressante comme toutes les compos de Symphony X, est un petit peu moins exaltante; honnêtement le groupe a fait bien mieux en matière de refrain. Le groupe persiste dans ce qu’il sait faire de mieux, passages instrumentaux avec solos percutants et moult changements d’ambiances. Le morceau est intelligemment composé comme l’ensemble de l’album, ainsi on ne prend pas 10000 notes/min. dans les oreilles et on évite ainsi l’abrutissement. S’ensuit une entrée martiale avec The Incantations Of The Apprentice, un titre à l’ambiance obscure, une batterie agressive tout comme le chant de Allen qui pour la circonstance semble avoir délaissé le chant qui m’avait laissé sur le cul sur l’album précédent. En ce début d’album c’est bien l’agressivité qui prédomine. Le son est heavy à souhait, la technicité toujours à l’ordre du jour. Après les tourments imposés par les premières chansons, voici une accalmie qui se profile à l’horizon. Accolade II, est la suite de The Accolade de l’album The Divine Wings Of Tragedy. On est donc plongé dans une ambiance similaire à The Accolade, une cascade de mélodies délivrées par Michael Pinella, rythmique galopante du côté de la guitare et de la basse. Allen retrouve son chant tant apprécié, il ne grogne plus il chante. Il délivre néanmoins une puissance incroyable. Accolade constitue un titre un peu moins rentre dedans que les précédents et qui nous berce pendant près de 8 minutes avec de magnifiques passages d’un bout à l’autre du morceau. Plus long, ce morceau met en exergue le travail fourni au niveau des ambiances, bravo monsieur Pinella. Mais le vent a finalement tourné et revoilà la tempête qui nous a laissés, somme toute, peu de répit. King Of Terrors, encore un morceau sombre, avec guitare et batterie martelantes sur fond de clavier. On retrouve ce chant si caractéristique de l’album The Odyssey qui est à la limite entre le grognement et le chant, qui s’efface lors du refrain pour laisser place à un chant plus doux. Une fois acclimaté à cette alternance de chant, on se rend compte qu’elle s’impose finalement par l’ambiance des morceaux et que si la totalité était chanté comme sur V et bien les morceaux en auraient finalement perdu en saveur. On accélère un peu avec The Turning avec son tempo endiablé sur lequel Roméo fait une entrée tonitruante avant de nous asséner un rythme très heavy, le refrain est puissant et mélodieux, ce morceau est court mais efficace. Le chant y est brillamment modulé afin de répondre tantôt à des riffs agressifs ou à des nappes de claviers plus douces. La tracklist a été sagement organisée puisque se présente à nous une sorte de ballade qui vient trancher avec le speed furieux de The Turning. Awakenings est un titre de plus de 8 minutes et à mes yeux l’un des plus beaux de l’album. Ce dernier s’ouvre sur un duo émouvant entre Russel et le piano de Pinella, le chant y est irréprochable et ne manque pas de nous faire frissonner. Le morceau connaît bien entendu divers changements d’ambiances, et c’est inévitablement que l’on tombera dans des passages plus percutants. Le refrain se fait particulièrement émouvant grâce à l’organe de Russel qui nous délivre un chant tourmenté… MJR et Pinella font ici preuve d’un feeling monstre et nous délivrent un véritable joyau. C’est ici que les prémices s’achèvent et que l’on accède à la pièce maîtresse. Ce titre brille d’opulence du haut de ses 24 minutes qui s’écouleront sans encombre pour tous férus de larges pièces symphoniques où abondent mélodies gracieuses. Le groupe parvient dans cette composition à retranscrire les ambiances du compte homériques (lourde, héroïque, triomphante, nostalgique, que sais-je encore ?). Le tout sonne définitivement symphonique et grandiose. Ici il faudra parfois oublier Russel car il ne montre pas toujours le bout de son nez et ceci permet véritablement de mettre au grand jour les talents des musiciens. Mais ne vous inquiétez pas, il ne tarde pas à se manifester sur fond de guitare acoustique, une fois de plus magistrale. Ce passage rappellera des souvenirs à certains (Seems Like Forever… ehehe This One Is For You Rayniac). Un morceau qui relève plus de la caverne d’Ali Baba que d’autres choses tant il est riche, un chef d’œuvre je vous dis, asseyez-vous, couchez-vous et écoutez ça, prenez 24 minutes de votre temps mais ne coupez pas cette musique ce serait un pur sacrilège. Tous les musiciens nous montrent leur talent, la beauté est indescriptible. Votre seule solution pour connaître cette ambiance c’est de l’écouter. Passé le faste de l’odyssée, voici une bonus track. Masquerade, issu du premier album mais réenregistré, c’est un morceau très orienté néo classique comme beaucoup des titres de Symphony X à leurs débuts. On apprécie d’entendre la voix de Russel qui est autrement supérieure à celle de Rod Tyler. On regrette à ce moment-là que le réenregistrement intégral de leur premier opus soit encore seulement qu’un projet. Cet album est donc un album à posséder, incroyable d’un bout à l’autre même si j’ai eu du mal à me familiariser avec cette nouvelle façon de chanter de Russel. Les mots sont souvent pauvres pour décrire ce que l’on ressent et ben là c’est tout à fait le cas. 1H13 de bonheur, les américains ne se sont pas foutu de nous. Toi qui aimes la puissance, la technicité, les belles mélodies, cet album est pour toi. Que ta lumière me pénètre Qu’elle libère mon être De sa longue agonie Que ta lumière me pénètre Pour pouvoir faire renaître En moi la vie Dreamer