Ultimatum

Les années 2010 pour le metal français typé 80’s sont définitivement formidables. Killers et Satan Jokers sont dans une euphorie jamais vue depuis 30 ans (2 très bons albums chacun, en 2 ans : une prouesse), et ADX reste actif depuis son (second) retour remarqué avec « Division Blindée ». Seulement, malgré la qualité indéniable de leur dernier opus « Immortel », le momentum était tout de même un peu retombé, la faute à un album sans doute un peu trop sombre, et une tournée malheureusement ponctuée par quelques annulations…

Seulement voilà, « ce qui ne tue pas rend plus fort », et ADX en fait aujourd’hui la plus belle des démonstrations. Clairement, rien que sur le papier, et sans écouter une seule note de l’album, on sent les bonnes intentions. Didier Chesneau (Headline) aux manettes, un artwork formidable de Stan W Decker (l’artiste français du moment) rappelant (évidemment) la pochette du 1er album, et un retour annoncé au style musical des 3 premiers disques (soit ni plus ni moins que les 3 albums cultes du groupe). Donc oui, ADX a su faire monter le buzz, et l’attente des fans n’a sans doute jamais autant été stimulée depuis de nombreuses années. Mais susciter l’impatience n’est pas tout : encore faut il ne pas décevoir...

Néanmoins, la note générale que vous n’aurez pas manqué de voir avant de démarrer votre lecture vous aura déjà enlevé tout suspense : ce nouvel album d’ADX est une tuerie absolue, qui dépassera les espoirs les plus fous des fans impatients de retrouver le groupe qu’ils ont tant aimé dans les 80’s. Car OUI, mille fois OUI, ADX est de retour avec tout ce qui faisait son charme durant cette grande époque. Le mysticisme des paroles et l’ambiance des morceaux sont littéralement transcendés par les mélodies de guitare (qui vous emporterons ailleurs, instantanément), mais aussi par le chant fantastique de Phil, qui fait là un retour absolument magistral (après un « Immortel » en demi-teinte) et qui signe là ni plus ni moins que la meilleure prestation de toute sa carrière…

Et l’album ne vous laissera pas le temps de réfléchir : l’excellente intro éponyme sitôt finie, c’est avec l’immédiat « Commando suicide » que l’album débute en mettant tout le monde d’accord. Dans la droite lignée d’un « Division blindée » avec un refrain immédiatement mémorisable, ce « morceau d’ouverture » (comment imaginer meilleur démarrage) vous en met plein la vue. Dog est là et bien là, et la paire Betov / BY vous annoncent la couleur : il va y avoir des mélodies de guitares de tueurs, et pas qu’un peu !!! Ajoutons l’excellente performance du petit nouveau (Julien, qui a remplacé Klod, parti reformer Der Kaiser), qui a par ailleurs participé à l’écriture de l’album, notamment avec le fabuleux « Red Cap », véritable morceau phare du début d’album, du haut de ses 7 minutes, avec refrain accrocheur, break fantastique et mélodies géniales… « 1572 » est également un vrai moment de bravoure, développant, comme les meilleurs titres du groupe en leur temps, une ambiance historique pesante (ici, la tristement célèbre Saint Barthélémy) mais dans laquelle on se laisse embarquer avec un vrai sourire aux lèvres, d’autant plus quand le refrain (immédiat et fédérateur, comme quasi tous les refrains de l’album, finalement) vous fera hurler de plaisir, impatient de retrouver cette ambiance en live…

Toute la première partie du disque est donc assurément formidable, mais qu’en est il sur la longueur ? Le seul léger défaut des 3 derniers albums du groupe était en effet un léger manque d’homogénéité tout au long du disque. A nouveau, l’inquiétude cède la place au plaisir pur : morceau épique représentant si bien le rythme d’une marche forcée (« Le dernier carré »), titre mélangeant les ambiances avec des passages quasi-ballade ou Phil nous livre une performance absolument incroyable de finesse et d’efficacité (« Les coeurs éteints »), et, surtout, le tube pharaonique qu’est « Divine menace » et son refrain qui ne vous quittera plus jamais, comme tous les autres classiques d’ADX avant lui (et il faut être sur de soi pour attendre la fin de l’album avant de le balancer celui là, même si cette place lui sied à ravir…).

L’album se termine enfin avec « King of pain », introduit par un sympathique gimmick qui nous fait voyager quelques années en arrière puisqu’il s’agit de la version française du morceau de l’album « Weird Visions » (seul album chanté en anglais de la carrière du groupe). La chanson reste bien entendu excellente, mais il est amusant de constater que 23 ans plus tard, on a l’impression que la chanson d’origine (en anglais, donc) est un remake de la version 2014, tellement cette version française semble couler de source (et cette impression se vérifie d’ailleurs par l'interview de Betov, en ligne sur Heavylaw). Un vrai cadeau aux fans avant d’appuyer à nouveau sur play pour s’écouter l’album une nouvelle fois !

En quelques mots, « Ultimatum » se situe à mes yeux comme le successeur direct (et inespéré) de « Suprématie », soit un retour à la plus belle période d’ADX. La production est fantastique, Phil est hallucinant, Dog est en feu, Julien donne l’impression qu’il a toujours été là, et Betov et BY nous délivrent des mélodies tellement bien trouvées et accrocheuses…

Messieurs d’ADX, « Ultimatum » est le plus beau cadeau que vous pouviez faire à vos fans de toujours. Merci, sincèrement merci.