Estatic Fear, me direz-vous ? Connais pas... Pas de site internet, pas de cd disponibles en France... Et pourtant... y a-t-il plus belle musique que celle de ce groupe autrichien ?
Pour l'info, Estatic Fear est l’œuvre d'une seule et même personne, Matthias Kogler, qui assure à lui tout seul guitares électriques, guitares classiques, claviers et piano, et bien sûr qui est auteur-compositeur. Le style ? On aurait tendance à le qualifier de doom gothic, mais moi je pense que c'est unique, je ne connais rien de comparable... A son actif, deux albums: Somnium Obmutum et...A Sombre Dance. C'est sur ce dernier que nous nous pencherons… Sorti en 1997, il est l'album qui consacra Estatic Fear.
Ce qui rend A Sombre Dance unique ? La présence d'instruments classiques tels que des violoncelles, un luth, une flûte, un piano et des guitares classiques associés à des guitares électriques superbes sans pour autant que celles-ci ne cachent les merveilleuses mélodies des instruments pré-cités. Second atout de taille, la mélange des voix. En effet, il y a une voix claire féminine (Claudia Schöftner) accompagnée d'une voix death et d'une voix black (celles de Thomson et de Jay de Morthus). Ce mélange fait ressortir toute la beauté des mélodies et la mélancolie qui s'en dégage...Bon ceci n’est qu’un avant-goût de ce qu’est réellement l’album et présente simplement dans les grandes lignes la musique d’Estatic Fear.
Passons maintenant aux choses sérieuses… Introduisez l’album dans votre chaîne stéréo, calez-vous tranquillement sur votre lit ou dans un fauteuil bien confortable, et fermez les yeux… Les premières notes d’un luth résonnent agréablement à vos oreilles… Vous entrez dans le royaume du maître Kogler… Vous pourriez vous croire au beau milieu d’une vaste et verdoyante clairière, traversée par un ruisseau auquel s’abreuverait une licorne (:p)… Et en vous concentrant vous pourriez presque apercevoir un château au milieu de la gaste forêt… Du moins jusqu’à ce qu’arrivent guitares électriques et voix black et death… Ca fait sursauter au début, mais on s’y habitue très vite car elles sont en parfaite harmonie avec les instruments classiques, et en particulier avec le piano… Elles accentuent la mélancolie et l’émotion de la musique et lui donne une profondeur incontestable… L’intro et les deux premiers chapitres vous invitent donc à pénétrer dans l’antre de la Beauté en vous présentant toute la gamme d’instruments et de voix qu’utilise Estatic Fear pour charmer et envoûter son auditeur…
Arrivent le troisième et surtout, le quatrième chapitre qui représente l’essence même du Sublime… Les violoncelles vous submergent dès l’introduction, ne vous laissant d’autre choix que celui de les écouter, sans que vous puissiez faire autre chose que vous abandonner à cette délicieuse mélancolie… Bientôt arrivent piano, batterie et riffs sombres… Et le morceau prend toute son ampleur… Soudain, une voix douce et triste…Claudia… Pour la seconder, une voix death, couple paradoxal et pourtant tellement émouvant… C’est ensuite le chanteur black qui prend la relève pour nous asséner tout son désespoir et nous saisir le cœur pour le serrer, le serrer si fort qu’on en étoufferait presque… Omniprésent, le piano et sa tendre mélodie, nous rappelle que même dans la détresse la plus profonde, la tendresse et la douceur demeurent et que c’est dans la mélancolie que la beauté atteint son apogée…
Je ne vous commenterai pas l’album en entier… Je préfère que vous découvriez vous-même cette musique fabuleuse…Sachez seulement, pour vous faire une idée, que la mélancolie est la trame de A Sombre Dance, et que, même si Chapter IV représente à mes yeux le summum du sublime, le reste de l’album est dans sa continuité, toujours guidé par le piano et toujours émouvant…
Ce groupe est hélas méconnu dans nos contrées et c'est pourquoi j'espère que cette chronique vous donnera envie de découvrir Estatic Fear car il mérite vraiment tous les honneurs !
Bonne écoute…
~ La Dame à la Licorne