1994 est une année charnière pour nos américains de Dream Theater : en effet, Awake est le dernier album de Kevin Moore qui officie désormais en solo. Le talentueux claviériste nous signe donc, avec ses quatre compères, un album adieu qui a fait couler beaucoup d’encre au sein de la fan base du groupe. Dream Theater a toujours eu cette primauté sur nombre de groupes : chaque album suscite des réactions diverses et variées des fans et même des spécialistes. Le principe de subjectivité musicale est ici à son apogée : Dream Theater, on aime ou pas, mais rarement un consensus ne se fait sur une de leurs galettes (mis à part sur les plus récents Scenes From A Memory et Six Degrees Of Inner Turbulence). Et Awake en est un bel exemple. Awake a toujours eu la réputation d’être l’album le plus difficile à assimiler, à digérer de la discographie des américains. Et il est vrai qu’en l’écoutant, ce n’est pas un sentiment de clarté qui nous envahit. Cela dit, en s’intéressant plus en détail au contenu, on comprend pourquoi l’album nous laisse cette drôle d’impression. Le métal progressif atteint ici son paroxysme en terme de musicalité : changements de rythmes incessants y compris dans les chansons elles mêmes ce qui se révèle assez déstabilisant, des solos placés là ou on ne les attends pas, autrement dit tout est fait pour surprendre l’auditeur. On passe tour à tour d’une ambiance mélancolique, voire triste (Space Dye Vest) à du métal plus dur (The Mirror) en passant par des titres plus planants, plus prenants ou simplement des ballades (The Silent Man). Pour le néophyte ne connaissant peu ou pas le métal progressif et a fortiori Dream Theater, Awake apparaît comme un album bien abstrait, trop décousu pour pouvoir être apprécié à sa juste valeur. Pour des auditeurs un peu plus avertis, on ne pourra que constater le talent du quintet américain, tant dans l’exécution que dans les compositions, pour nous proposer un progressif de cette qualité mais qu’il faudra écouter et réécouter pour bien l’assimiler. Le seul reproche donc que l’ou pourra adresser à Awake est qu’il est, et c’est probablement le plus concerné dans la discographie du groupe, réservé à un parterre de connaisseurs, un album en somme difficile d’approche (je n’ai pas dit impossible !!) mais ô combien riche, technique, démonstratif et complexe. Dream Theater, un groupe élitiste, la question est posée ?