Marchons à l’aveuglette, c’est ce que nous propose le nouvel album de Blind Guardian : Follow The Blind. Cet album vient faire suite, un an plus tard, à Battalions Of Fear. Blind Guardian se révèle peu à peu au monde du métal et exhibe son goût pour le speed, la technique, la puissance. La pochette restitue parfaitement les horizons « blind guardiens », des habits médiévaux pour les personnages et un paysage de type fantastique. Le legs Tolkienien n’y est vraisemblablement pas pour rien dans tout cela. Nous plongeons au cœur de cet album par le biais de chœurs latins, exécutant une sorte de complainte, qui n’ont d’égal que l’aspect sombre de la musique de Blind Guardian. En effet, la musique de Blind Guardian s’appuie principalement sur des atmosphères sombres, de mystère, des rythmiques effrénées et des chœurs puissants, le tout étant soutenu par les frappes puissantes de Thomen Stauch derrière ses fûts. Dans la musique de Blind Guardian transparait hélas de manière encore trop manifeste le travail qu’Helloween a pu fournir à ses débuts, les rythmiques et les mélodies s’en ressentent. Cependant, Blind Guardian emploie différemment cette matière et la dote d’une puissance hors normes, laquelle puissance lui est conférée en grande partie par la batterie et la voix écorchée d’Hansi Kursch. Ce dernier interprète avec conviction et rage ses lignes de chants, cependant sa performance reste limitée car même s’il possède un timbre bien à lui, son chant mériterait d’être plus travaillé car sonne parfois de manière dérangeante. Sa voix additionnée aux orchestrations offre un aspect très brut à la musique de Blind Guardian, aspect accentué par une production assez décevante. Les compositions sont dans l’ensemble assez directes. On reconnait parmi elles de très bonnes compositions comme Banish From Sanctuary, dotée de chœurs sur son refrain décuplant ainsi sa puissance et conférant un aspect plus mélodique à l’ensemble qui reste, comme dit plus haut, brut. Les lignes de chants sont solidement établies, et Hansi parvient à nous transmettre ses émotions. Mais encore, parlons du “hall des braves”, le talent mis en œuvre dans la composition de Valhalla n’a d’équivoque que son actuel succès en live. La participation de Kai Hansen agrémente celle-ci d’un certain charme par son timbre si particulier et la légende qu’il est devenu aujourd’hui. Le morceau connait de multiples variations au niveau de la guitare et se révèlent donc très intéressantes même si on retrouve des sonorités typiquement Helloweeniennes. De plus, on appréciera la petite fin à la guitare acoustique même si elle aurait gagné à être poursuivie. En dépit du fait que ces deux chansons restent entachées par le chant avec approximatif d’Hansi, nous sommes mis devant le fait accompli: ce sont des bombes. Le reste des compositions restent hélas en deçà. Le groupe persévère dans une sorte de boucherie musicale martelant, décochant de multiples notes… Alors oui, certes je vous le consens il y a de la technique, mais celle-ci se révèle en fin de compte peu digeste et ennuyeuse. Le chant de Hansi tend à se ressembler et même si l’on trouve de bonnes parties, il existe toujours certains aspects rebutants. Pour exemple, Hail To The King bien que possédant de bons éléments (chœurs bien placés, bon passages à la guitare), la batterie et le chant masquent ces aspects, les deux se confortant dans un martelage musical. En effet, la batterie pratique une rythmique à la noire qui équivaut quasiment à chaque fois l’équivalent d’un coup dans ma tête qui m’assomme et m’endort. On retrouvera cette même rythmique sur beaucoup de passages speed et les tempos ne variant pas énormément on aura tendance à confondre certaines pistes. Les refrains ont tendances également à se confondre car ils s’apparentent toujours aux cris du nom du titre pour Damn For All Time, Fast To Madness. Il est aussi chanté de manière plus mélodique sur Hall Of The King mais reste peu original dans l’ensemble. Battalions of Fear avait déjà mis en avant le goût de Blind Guardian pour les instrumentaux, cela reste de mise avec la piste Beyond The Ice, qui, même si elle reste bien construite demeure assez similaire au reste de l’album. Je finirais avec la large pièce éponyme. On y voit développer des éléments intéressants comme l’introduction de parties acoustiques qui ajoute du mystère et altère l’aspect trop brut de l’album. On y retrouve de beaux passages mélodiques à la guitare, le tout est assez bien rythmé sans tomber dans l’excès. Cependant, il existe un problème de taille : les lignes de chants et plus largement le refrain qui se révèle pesant et ennuyeux. L’album se clôt avec deux reprises, dont une de Demon, Don’t Break The Circle. Cette reprise ajoute un peu de mélodie à l’album et n’est pas déplaisante même si le refrain est loin d’être recherché, la faute n’en incombe qu’à Demon. La dernière est une chanson des Beach Boys, Barbara Ann petit grain de folie qui nous laissera le sourire par cette adaptation puissante et peu commune. Au final, l’album se révèle plutôt décevant car monotone et trop brut, seules deux pistes se dégagent largement : Valhalla et Banish From Sanctuary. Le chant de Hansi reste donc à perfectionner et il faut espérer que le prochain album bénéficie d’une meilleure production ainsi que de compositions plus variées. Cet album est indispensable si l’on veut acquérir la discographie complète de Blind Guardian mais reste parfaitement dispensable pour le reste. Dreamer