L’année 1995 aurait put être une année noire pour la franchise Teutonne, le départ prématuré du chanteur Ralf Scheepers aurait put plongé le groupe dans le doute, voir pire. Mais c’était compter sans la présence rassurante de «Monsieur Heavy Metal» : Kai Hansen, producteur renommé à l’est du Rhin et guitariste de Gamma Ray. Il décide de reprendre les chemins des micros pour Land Of The Free, gros coup de poker vu qu’à part quelques apparitions guests, le bonhomme n’avait plus chanté depuis Walls Of Jericho en 1985. Les parcours de Gamma Ray, depuis l’abandon du bateau Helloween par Kai, est tout à fait respectable, avec à la clé trois albums d’un heavy metal classique et prenant. C’est toutefois avec Land Of The Free, son quatrième album, que le groupe va prendre son essor, acquérir sa personnalité, et rejoindre le club très fermé des légendes. Le retour de Kai au chant apporte un souffle salvateur au combo, et le plaisir qu’on a d’entendre à nouveau ce chant rocailleux inoubliable est immense. Car le c’est sur l’énorme charisme de Hansen que va maintenant reposer toute la réputation de Gamma Ray… Alors forcément le problème (enfin c’est un bien grand mot), c’est qu’une telle légende, fait forcément de l’ombre à ses petits camarades qui ont ici un mal de chien a s’imposer. Avec un bassiste fantomatique et un batteur en manque total d’inspiration. Les meilleures chansons de l’album sont de très loin celles composées par Kai, les compos des autres membres battent de l’aile et ne tiennent pas la comparaison. Malgré cela Dirk Schlachter le deuxième guitariste nous réserve quelques trés bons soli ainsi que des riffs bien trouvés. Mais Gamma Ray en 1995 est réellement le groupe d’un seul homme. Et Hansen assume très bien ce rôle de leader en nous concoctant son meilleur album depuis Keeper Of The Seven Keys. Ce retour sur le devant de la scène n’est pas fait à moitié, les compos sont travaillés, efficaces et fédératrices. Les refrains puissants et majestueux, soutenus par des chœurs parfaitement introduits. Les riffs sont à la fois techniques et mélodieux, les structures des chansons sont désormais des références, multipliant les breaks et les ponts tout en parvenant à garder une grande fluidité. Parmi les treize morceaux qui composent Land Of The Free, nombreux sont à ranger au côté des chefs d’œuvres du genre, avec en ligne de mire le fantastique «Rebellion In Dreamland», atteignant sans difficulté ce que pourrait être la quintessence du speed teuton, une perle rare de plus de huit minutes où tout est parfait, de l’intro mystique et mélodieuse au refrain puissant et guerrier, en passant par ces ponts de toute beauté, et ce long passage instrumental que je ne saurais vous décrire. Avec un tel bijou l’album part sur les meilleures bases, on retrouvera la même qualité à tous les niveaux, que ce soit «Man On A Mission» (difficile d’imaginer morceau speed mieux conçu que celui là), ou encore «All Of The Damned» et son intro frémissante à la basse avant l’incroyable montée en puissance qui va suivre ! Même rengaine (il radote le vieux Smaug là…) pour «Land Of The Free», avec ses magnifiques voies éthérées en couplet, et «Abyss Of The Void» (attention chef d’œuvre), magnifiquement introduite par l’instrumentale «The Saviour». A vrai dire toutes les chansons composées par Kai Hansen sur cet album sont désormais des références. En revanche les chansons des autres membres pêchent par un trop grand classicisme, tout en restant très bien faites, et agréables (au dessus d’une bonne partie de la production musicale actuelle, alors ne crachons pas dans la soupe), servant ainsi d’interludes entre les chefs d’œuvres qui parsèment cette galette ! Mention spéciale à «Time To Break Free» aux influences Hard Fm, qui accueille un bref retour de Michael Kiske dans le monde du metal, et la ballade «Farewell» avec la superbe intervention de Hansi Kursch le vocaliste de Blind Guardian. Cet album est donc un plaisir de bout en bout, jamais Hansen n’avait atteint un tel niveau de perfection chez Gamma Ray. Il retrouve ainsi toute la superbe qui était la sienne chez Helloween, et la hargne de ses débuts. Ce Land Of The Free est une perle, un grand album à ranger aux côtés des classiques, et annonciateur d’une belle pèriode pour Gamma Ray. Kai Hansen est il humain ? SMAUG...