Le canadien continue son chemin en cette année 2000 avec la sortie de Physicist, album le plus direct de sa discographie hors SYL. Deux ans après la sortie du très expérimental Infinity, Physicist signe un retour à des structures plus "simples", le tout orchestré par le line-up de Strapping Young Lad (Jed Simon, Byron Stroud, Gene Hoglan). En proie alors à ses démons intérieurs, cet album montre un certain épuisement de l’artiste qui se traduit par une musique qui donne le sentiment d’être en roue libre.
Après deux albums quasiment sans défaut, voici la première baisse de qualité des compositions de Devin Townsend. Loins d'être mauvaises, loin de là (c'est supérieur à pas mal de groupes de l'époque), les compositions pêchent par une structure relativement simple, attention la densité du son, signature du Canadien est toujours bien présente. Sauf qu'on ne peut s'empêcher à l'écoute de penser à un mix de Strapping Yound Lad et d’éléments issus du Devin Townsend, notamment les claviers. Ce mélange rend parfois l'écoute assez difficile et ce retour à une simplicité amène une certaine homogénéité structurelle regrettable.
Les différents morceaux ont quand même une identité propre, à l'image de “Kingdom”. Dotée de vocaux clair et d'instrumental tirant vers le death, elle résume très bien l'esprit de l'album, ce choc entre la violence issue de SYL et le chant/ambiances progressives issu d'Ocean Machine et Infinity. Dans la même veine "Planet Rain" véritable ovni de 11min au milieu des autres pistes (courtes pour la plupart). Piste fleuve mélangeant avec habileté passages calmes et violents, la durée est tenue sans s’essouffler ni de remplissage. "Death", véritable défouloir de 2:30, aurait pu directement être issu d'un album de Strapping Young Lad.
Que reprocher à cet album finalement ? Un certain manque d'originalité, Devin semble en manque d’inspiration. Musicalement l’album tiens la route sans problème, mais au niveau du ressenti c’est autre chose. Les émotions transmises par la musique et le chant sur Ocean Machine et Infinity, sont ici bien moins présentes. L'album manque finalement de profondeur, malgré des qualités évidentes.
Il manque le petit truc qui fait qu'on se repasse certaines pistes en boucle, comme on se repasse "Bad Devil" ou "Life" d'Infinity et Ocean Machine. À vouloir mélanger la violence et des passages plus calmes et posés, l'album se retrouve un peu le cul entre deux chaises. Il reste néanmoins un album à écouter dans la discographie du canadien pour comprendre l'évolution entre chaque album et la genèse du superbe Terria sorti un an plus tard.