Le pouvoir de l'éloquence. Tel est le thème principal du nouvel album de Karelia. Epaulé d'autres thèmes tout aussi joyeux (la dépression, la solitude, les relations enfant/mère, les guerres de religion, l'aliénation mentale), ils constituent la source d'inspiration majeur du nouveau Karelia. Un logo plus sombre pour un état d'esprit plus sombre? C'est fort possible, en témoigne la pochette, belle et froide, on reconnaît un vieux haut parleur, symbole de la communication, qui utilisée a de mauvaise fin peut amener un peuple au massacre. Très loin d'un Usual Tragedy bis, Karelia se fait plus sombre, plus énigmatique, plus intéressant aussi. En effet, ce Raise fait plaisir à entendre et témoigne de la très bonne santé du combo alsacien.
Karelia a belle et bien abandonné le coté happy métal de leur précédent album pour se concentrer ici sur des ambiances plus glauques, voire malsaines afin de rendre sa musique plus envoûtante, plus immersive. Pour appuyer ce coté plus sombre, on note d'ailleurs une place plus importante allouée aux rythmiques. On sent une volonté d'aller vers une musique plus hargneuse, et ce sans perdre le coté lyrique que l'on trouve sur le premier album du groupe. Car même dans une ambiance sombre, on reconnaît Karelia. Certes le groupe a évolué, a mûri, mais ne s'est pas métamorphosé. C'est donc avec grand plaisir que l'on retrouve des choeurs grandiloquents, carrément impressionnant ainsi que les orchestrations! On note de même un coté éléctro accentué, ce qui apporte un charme supplémentaire à la musique, l'introduction de Child Has Gone en est un parfait exemple. Ainsi que le break de Coming Turn ou l'apparent calme de la musique est en désaccord avec les samples et l'électronique assez psychédéliques. Pour un morceau traitant de la maladie mentale, le contraste entre l'apparent calme extérieur des malades (sous drogues médicales) et la véritable souffrance et confusion qu'ils vivent silencieusement et intérieurement est parfaitement rendu.
Loin d'un bête discours politique où de paroles à la noix pour un monde meilleur, Karelia ne prend pas d'initiative utopiques ou autre. Car le groupe préfère poser un constat sur l'état actuel des problèmes ethnique et autre et tente, peut être, d'occasionner une prise de conscience. Tout cela dans un climat triste et lourd. En témoigne Raise, condamnant la montée du 3e Reich dans l'Allemagne de la seconde guerre mondial, ou Cross & Crescent posant un constat sur les guerres de religion. Un titre en deux parties d'ailleurs, dont l'instrumentale Disharmonic Dogmas est très original et illustre avec subtilité et humilité ce problème.
Au niveau du chant, on remarque que Matthieu Kleiber à abandonné le coté ténor, il préfère rester en voix naturelle avec quelque envolée dans les aigues. Ici la cassure entre les deux voix se fait très rare. On remarque aussi l'arrivée de voix soufflées (Coming Turn) ainsi que d'une très appréciée mais malheuresement trop courte apparition de vocaux féminin par Celine Flota qui illumine le break de Child Has Gone pour en faire l'un des meilleurs morceaux de l'album.
Des compositions qui se font d'ailleurs plus techniques, les breaks sont plus nombreux et ingénieux et parviennent à rendre irrésistibles nombre de titres. Mes préférés demeurant le breaks au piano de Raise, atmosphérique ! Sans oublier le break gothique en vocaux profonds et soufflés de The Hermit. Qu'ils soient longs ou courts, tous sont réussis. On a vraiment un album remplis de perle, Unbreakable Cordon en tête au changement de rythme incessant, alternant la ballade et le speed. Du très bon! Le tout parfaitement mixé, et bénéficiant d'une production au top, on est soufflé par la puissance démesurée du son.
Ce second album de Karelia est une véritable perle, et une aubaine pour tout amateurs de heavy symphonique. Car même si l'album se montre plus sombre, il reste incroyablement rythmé (il n'y a pas de ballade). Les mélodies, tout comme les refrains sont d'une excellence rare. Un grand nom en devenir! Merci Karelia!
…TeRyX…