Dream Theater est, on le sait depuis un certain temps déjà, un groupe qui sort des sentiers battus en nous délivrant un métal progressif pur et dur, c'est-à-dire une musique technique et grandiloquente dont on a parfois du mal à saisir les liens, musique agrémentée de paroles qui se révèlent parfois déroutantes. Et le moins qu'on puisse dire ici est que ce Scenes From A Memory ne déroge pas à cette règle. Avec une jaquette étrange, voire inquiétante, Dream Theater nous propose un concept album construit comme une pièce de théâtre, avec ses actes et ses scènes… Pour vous dire quelques mots de l’histoire qui se révèle un poil complexe, un homme sous deux identités différentes navigue au gré d’une séance d’hypnose entre présent et passé (années 30 pour être précis) qui vont peu à peu se mêler, le tout surplombé d’une histoire d’amour, d’adultère et de meurtre (je ne m’étends pas plus sur le sujet, ceux d’entre vous qui voudraient quelques précisions peuvent les trouver sur des sites qui s’intéressent plus en détail à ce groupe). Voila pour le fond, la forme maintenant. On a affaire là à du grand, je dirais même très grand Dream Theater, avec un album sombre, plus qu’à l’accoutumé, complexe, d’une richesse et d’une intelligence de construction étonnantes et à des musiciens toujours aussi démonstratifs. On a droit à des passages acoustiques ou mélodiques de fort belle facture accompagnées par un James LaBrie très en forme sans oublier évidemment l’essentiel, c'est-à-dire des passages aux riffs aiguisés et aux solos percutants (Beyond This Life et Home en sont l’illustration). Nos américains font même appel à un orchestre gospel sur The Spirit Carries On, apportant une touche supplémentaire à un édifice déjà imposant. Ainsi, les scènes défilent découvrant petit à petit les trames de l’histoire pour se clore avec Finally Free, apothéose musicale avec meurtre en direct et solo de batterie de l’extraterrestre Mike Portnoy. L'intérêt de cet album, qui fait sa grande force surtout, est sa cohérence entre le fond (l'histoire, le concept) et la forme (la musique) qui s'entremêlent de façon très fluide et intelligent. Ici, chaque titre fait partie d'un tout, d'un noyau narratif et musical qui créent des liens évidents entre les titres. Démarche originale pour un groupe de métal progressif, surtout pour un groupe comme Dream Theater, où bien souvent les titres sont à explorer induviduellement plutôt que pris comme un ensemble. Difficile de trouver des failles dans la cuirasse de ce Metropolis part 2 tant on atteint des sommets. Chose rare avec Dream Theater, cet album reste relativement accessible à tous tout en étant musicalement de très haut niveau. Conceptuellement, le song writing est d'une qualité remarquable, et surtout d'une cohérence assez impressionnante du début à la fin du disque. De plus, les musiciens jouent plus sur l’émotion qu’auparavant en collant le plus fidèlement aux différents titres. Dream Theater se sublime encore une fois en nous proposant un joyau de métal progressif, peut être leur meilleur album à l’heure actuelle. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire !!