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Sexual Harassment

Hank is gone ! Long Live Tony ! Et oui, après dix-sept ans de bons et loyaux services (treize si l'on enlève le hiatus de quatre ans du groupe), le bon vieux Hank von Helvete, véritable icône visuelle de Turbonegro a mis les voiles, aspirant à un peu plus de stabilité et moins de dépravation. Grand bien lui en fasse, mais on aurait préféré qu'il évite d'aller se fourvoyer dans "Doctor Midnight & The Mercy Cult", groupe dont la longueur et l'originalité du nom sont inversement proportionnelles à sa qualité. Mais bon, tout ça, si on avait encore le minitel, on irait consulter le "3615 JM'EN BRANLE", ce qui nous intéresse ici c'est le nouvel album des Turbonegro, véritables héritiers du punk, amenant saleté et débauche partout où ils passent. Je veux dire, ce sont quand même les auteurs d'un morceau portant le nom de "Rendez-vous With Anus". Et ce n'est pas du grind ! Non non, Turbonegro c'est du "death punk" comme ils appellent ça, mélange de punk, hard-rock et un goût prononcé pour les parties de jambes en l'air. On ne fera pas un inventaire exhaustif des poèmes du groupe mais "I Got Erection", "Blow me Like the Wind", "I Wanna Come" ou encore "Stroke the Shaft" sont des titres assez explicites pour ne pas avoir à se lancer dans une présentation en 125 diapos pour vous expliquer "Pourquoi Turbonegro c'est sale".

Sale, trop pour Hank qui s'en est donc allé. Coup dur pour le groupe, Hank se voulant l'étendard, le symbole de Turbonegro , sa voix inimitable et son look de gros dégueulasse. Mais plutôt que de se laisser abattre, les membres restants ont retroussé leurs manches (et leurs slips) et sont allés recruter ni plus ni moins que le président de leur fan club anglais, Tony Sylvester, alias "The Duke of Nothing". On reste en famille donc avec l'assurance d'avoir un chanteur ultra motivé et supposons-nous connaissant les morceaux sur le bout des doigts (ou de la langue). En revanche, là où "Gotthard" a choisi un (relatif) clone de Steve Lee le Regretté (qui rejoint Miles Davis dans la famille "Le Regretté"), Turbonegro a préféré repartir sur un autre pied. En effet, on passe de la voix claire et nasillarde d'Hank à une voix grave, écorchée et rocailleuse avec Monsieur Sylvestre. D'un registre chantonnant on entre dans un registre plus volontiers hurlé et hautement plus crade. Imaginez Lemmy remplacer James Hetfield, c'est pareil. Et pis c'est bien connu, les gars de Turbonegro ne savent ni jouer ni chanter, c'est ce qu'il fait leur charme et ce qui fait que ça roxxxe. Et ça tombe bien, le nouveau beugle comme un veau avec la grâce de l'albatros.

Et du coup, tant qu'à faire, la musique a subit un petit lifting. Du punk "léger" et irrévérencieux en vigueur depuis quatre albums, Turbonegro opère un retour en arrière et durcit sensiblement le ton, collant ainsi plus au concept "death punk" que ne pouvaient le faire les livraisons d'"Apocalypse Dudes" à "Retox". "Sexual Harassment" que ça s'appelle, tout un programme... Un son bien moins propre (mais toutefois meilleur que sur "Ass Cobra" rassurez-vous), des compos "tête dans le guidon", des riffs simples et rapides, on sent que cet album s'est fait dans la bonne humeur et sans prise de chou !  Rien qu'avec l'opener I Got a Knife on comprend, on en prend plein la gueule, ça dure 2:30, pas de chichi, ça bute et pis c'est tout. D'ailleurs l'album est plutôt court, dix morceaux pour 33 minutes là où ses quatre prédécesseurs tapaient dans les trois quarts d'heure. Une volonté d’aller à l'essentiel donc en témoigne le jouissif TNA (The Nihilist Army) (non mais ce refrain quoi !) ou encore le bien court mais relativement classique Buried Alive.

Car avec son côté "on va à fond wouhouh, YOLO motherfuckers !", le groupe accouche de pépites mais aussi de morceaux assez génériques, à l'image donc de Buried Alive, Mister Sister (un des rares morceaux légers et sautillant de la galette), Rise Below ou encore Hello Darkness, loin d'être mauvais mais restant bien discret à côté des énormes I Got a Knife et TNA. Pour le reste, il y a du lourd, rassurez-vous. You Give me Worms, morceau le moins maléfique (du moins musicalement) et single imparable, le très dark Dude Without a Face avec son riff incroyable et ses paroles étranges où encore Tight Jeans, Loose Leash et son impayable "Party Tiiiiiiiiiiiiime" éructé en début de piste. Et on n'ira pas pinailler en remarquant que le "Yeaaaah" de Tight Jeans, Loose Leash est piqué à "Hot & Filthy" ou bien que "I Got a Knife" a subtilisé la piste de batterie de "Back To Dungaree High", ce serait malvenu.

Au final, Turbonegro montre qu'il est bien vivant avec cet album. Certainement pas aussi marquant que pouvaient l'être "Apocalypse Dudes" et "Retox" mais le boulot est fait avec brio. Le groupe a pris le pari de faire évoluer son propos musical ainsi que sa voix et on ne peut que saluer l'initiative. Après une phase primitive et crasseuse, après la reconnaissance et un son enfin à la hauteur des ambitions du groupe, Turbonegro écrit la première page d'une nouvelle ère, moins fantasque mais non dénuée d'intérêt.
Résultat des courses, que dire de ce "Sexual Harassment" ? Original ? Non. Ambitieux ? Pas vraiment. Efficace ? Oh que oui !


0 Comments 09 juillet 2012
Whysy

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