Encore ! Novembre parvient une nouvelle fois à surprendre ! Que ceux qui s’attendent à une suite logique de l’excellent « Materia » soient attentifs car les italiens continuent leur métamorphose. Ce dernier album sobrement intitulé « The Blue » marque un certain retour aux sources par une composition plus complexe, mais également plus agressive. Les transalpins sont en fait parvenus à un savoureux compromis entre l’aspect atmosphérique, mélodique à outrance d’un « Materia » et une ambiance plus révoltée, triste, violente aux réminiscences « Classica ».

La grande surprise de ce nouvel album est le retour, et l’omniprésence du vocal extrême de Carmelo. Un timbre écorché qui sied à merveille aux ambiances tendrement mélancoliques subtilement dégagées. Novembre use avec intelligence des capacités vocales de son guitariste chanteur pour éveiller toutes sortes d’émotions allant de la colère à la nostalgie. Le groupe est devenu maître dans l’art du clair / obscure et ses chansons illustrent à merveille ce contraste souvent saisissant car amené avec beaucoup de subtilité et de savoir-faire. Des guitares métalliques supportent de doux arpèges acoustiques : les mélodies sont souvent magnifiques et parviennent à sublimer un talent certain. Les rythmes sont d’une grande diversité et qu’ils soient d’influences métal, ou rock, ou progressif ils apportent aux chansons une dimension, et une richesse convaincante.

Les chansons sont d’une grande complexité et c’est ce qui confère à l’album sa grande force. « The Blue » est difficile à cerner mais reste envoûtant par son aspect touchant. Il s’agit d’un recueil de travaux composés avec le cœur. « The Blue » démontre également une grande intelligence dans sa composition et sa construction car ce nouvel album rayonne au-delà du métal par sa beauté : la force des mélodies, la puissance des accords, la magie des voix… Novembre a su composer un album différent dont le point d’orgue est sans aucun doute le triptyque « Sound Odyssey / Cantus Christi / Zenith » : trois chansons qui illustrent à elles seules le large spectre balayé par cette musique. De l’acoustique aux mélodies subtiles, une émotion palpable, de très longs interludes musicaux soignés à l’extrême, une performance vocale incroyable : tout simplement trois chansons magnifiques et magistrales ! Trop en dire serait un crime tant l’écoute de ces trois chansons se doit être contemplative. Sachez juste que « Zenith » - dont le passage à la flûte est sublime - est un instrumental dont la progression et la musicalité impose le respect.

A vrai dire toutes les chansons sont porteuses d’une émotion palpable qu’il s’agisse de l’excellente ouverture « Anaemia » - véritable résumé des qualités du combo italien – que « Triesteitaliania » aux solo complètement fou, et à la mélodie entêtante. De même « Bluecracy » bénéficie d’un refrain surprenant tandis que « Nascence » s’érige en subtil duo entre un Carmelo intimiste et une Franscesca Iacorossi toute en émotion. Cet album propose 12 chansons de grande qualité pour plus d’une heure de musique haletante où l’émotion se mêle à la contemplation.

Ici plus que jamais, Novembre nous convie à un voyage au plus profond de l’âme. Cette musique se vit et elle ne dévoile sa richesse et ses subtilités qu’à ceux qui savent écouter. Telle est la qualité majeure de ce disque, outre ses musiciens et sa composition. Un album différent de son prédécesseur « Materia » car plus brut, mais toujours aussi honnête. Voilà encore l’une des forces de la formation transalpine : offrir une musique composée par des fans, pour des fans. Tout est dit.

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