Devant moi, Jo AMORE et Alex HILBERT, deux générations, et parfaitement représentatives du NIGHTMARE d’aujourd’hui, mature et volontaire. Jo et Alex, donc, souriants et détendus. Et moi, qui essaie de l’être. Premier sujet : Terje REFSNES. Il s’agit de leur troisième collaboration avec ce sorcier du son. Mariage de cœur et de raison, assurément, car malgré mon insistance ils démentent une mainmise dictatoriale de Terje sur le son NIGHTMARE, sans nier cependant qu’il y a bien une marque de fabrique REFSNES. Terje est à l’écoute de leurs envies, les enrichit de son savoir-faire et leur apporte le recul nécessaire qu’ils n’ont pas forcément lors de séances d’enregistrement toujours trop courtes. Le passage de COSMOVISION- speed sympho dans lequel on peut imaginer Terje parfaitement à l’aise - à un SILENT ROOM plus heavy mais aussi plus intimiste s’est fait sans accroc, l’ami Terje gérant parfaitement ce changement de cap. Et quand j’insiste, rappelant que les chœurs , par exemple, restent présents sur SILENT ROOM et le sont également sur ce THE DOMINION GATE, Joe et Alex me répondent gentiment et sans s’énerver que si chœurs il y a, c’est qu’ils se sont pointés dans le studio de Terje, avec l’idée qu’il y en aurait et ce, très précisément là où on les trouve dans l’album ! OK, pas de scoop saignant. Pas grave, hé hé.. J’essaie autre chose : leur départ de Napalm Records. Bah…à l’amiable. Le boss de Nuclear avait d’autres priorités, à commencer par les groupes avec des filles… Donc, ne se sentant pas suffisamment épaulés chez Napalm, NIGHTMARE envoie son C.V. chez d’autres maisons de disques. Et décroche le jackpot en signant chez REGAIN RECORDS, qui a les moyens des ambitions de NIGHTMARE et, cerise sur le gâteau, dont le big boss, musicien lui-même est un vrai fan de métal. Ce qui peut aider, question relationnel…. Et justement, dans la foulée, j’aborde un autre sujet que j’espère brûlant : L’apparition de la divine Floor JANSEN dans leur album. Qui ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Ha ha ! je veux tout savoir ! Bon, ben vu qu’ils venaient de faire une tournée avec entre autres AFTER FOREVER, ça s’est imposé tout naturellement. Bah oui, d’accord. Je repose pas la question au sujet de Sander GOMMANS qui vient lui aussi poser sa grosse voix sur la galette puisque je connais la réponse. Tiens, à propos de voix, et pourquoi qu’ils ne chantent pas en français, chez NIGHTMARE , comme MANIGANCE ou MALEDICTION par exemple ? Ils me répondent tranquillement que l’anglais ça passe mieux, et que le français c’est pas terrible parce que ça donne un chant trop typé. Ha ha ! ça y est ! je les tiens ! C’est bien des méchants, finalement, comme tous les métalleux ! Y z’aiment pas chanter en français, ça y est, je le tiens mon scoop saignant ! Trop fort, pour ma première interview ! – et la dernière, me glisse pitiduck, bah….- Bon, là-dessus, une jolie blonde nous prie gentiment d’aller transporter nos pénates ailleurs, ah bon ? On empêche des gens de venir manger ? Quand je vous le disais que les métalleux sont des brutes…. Moi, en tout cas, j’avais eu devant moi des gars tellement sereins que vraiment, ça faisait plaisir à voir. Et nous, on rêvait d’un groupe français à la stature internationale… nous en avons rêvé, NIGHTMARE l’a fait ! Explication ! Ce THE DOMINION GATE se présente un peu comme un jus pressé de COSMOVISION et de SILENT ROOM dont on n’aurait gardé que les meilleurs principes actifs. Aussi heavy que SILENT ROOM et aussi mélodique que COSMOVISION. Et sombre. Vous n’avez qu’à lire la tracklist, c’est un indice. Cet aspect, déjà amorcé sur SILENT ROOM, prend ici une ampleur certaine. Et puisque je parle d’ampleur, il me faut parler de la VOIX de Jo AMORE. Impossible de ne pas penser à DIO à certains moments, ou à Jorn LANDE à d’autres. Jo a un spectre vocal tout simplement hallucinant, insufflant à chaque morceau une intensité dramatique chargée d’émotion comme peu de chanteurs peuvent le faire aujourd’hui. Avant de s’attaquer à une revue de détail titre par titre, quelques généralités tout d’abord : Le son d’abord, dévastateur. Merci, Terje. Un « arrière-plan » sonore composé d’un mix synthé-voix typiquement REFSNES apparaît souvent et contribue à donner de la profondeur aux titres. Des riffs aussi dévastateurs que le son, qui peuvent parfois devenir plus « légers », voire dansants. Des chœurs puissants assez récurrents, souvent en guise de refrains, souvent prétextes à une joute vocale avec Jo, illustration musicale parfaite pour un combat de titans. Aucun clavier cristallin, finlandais ou italien, ne viendra tenter de briser le mur – le pourrait-il d’ailleurs ?- batterie-basse-guitares. Mais quelques claviers tout de même aux lignes mélodiques simples et aux sonorités parfois « sci-fi » surprenantes renforceront paradoxalement le caractère dramatique et théâtral de ce THE DOMINION GATE. La richesse mélodique de chaque titre et donc de cet album est telle, que je peux vous promettre une durée de vie plus que conséquente. Et chaque nouvelle écoute vous apportera toujours plus. L’aspect heavy de cet album promet une adaptation parfaite à la scène, ce qui m’est d’ailleurs confirmé par pitiduck, qui a pu les entendre au Raismes festival. La mise en orbite internationale de NIGHTMARE ne fait pour moi aucun doute et c’est bien ce THE DOMINIONN GATE qui va les y propulser ! Petite revue de détail : TEMPLE OF TEARS : Rythme speed. Des couplets- mix de différentes voix pour un effet garanti- suivis de choeurs grandioses. Une petite ligne mélodique et entêtante aux claviers, en retrait et décalée. Un break où les guitaristes Alex et Franck font parler la poudre et nous mettent les points sur les I, ce sont des tueurs. Le ton est donné, l’ambiance en place. A TASTE OF ARMAGEDDON : Rapide. La voix de Jo prend des intonations à la Jorn LANDE. Un refrain encore une fois puissant où Jo et des chœurs font merveille. Un morceau très prenant –poignant- avec en prime la voix de Floor pour un break reposant avant que les guitares n’enchaînent riff dansant et soli de fous. MESSENGER OF FAITH : Un peu plus lent. Un riff carré et puissant. Une mélodie solide transcendée par Jo AMORE. Pas de chœurs pour le refrain cette fois-ci. Un break rempli à ras bord de guitares. Très heavy, très mélodique, très tout. SECRET RULES : Un morceau qui a la couleur du plomb. La voix à la limite de l’écorché et qui vous prend aux tripes pour une mélodie forgée dans l’acier. Chœurs et guitares l’enrichissent. THE DRESSMAKER : Rythme plus lent. Mais – et cela devient un lieu commun de le dire- c’est encore et toujours puissant. Les claviers sont importants et participent à créer une ambiance que je qualifierais d’outre-tombe. Des guitares pour un final instrumental superbe où les goules sont de sortie. ENDLESS AGONY : Plus rythmé. Un refrain superbe. Une ambiance oppressante et des guitares toujours, pour un break et un final d’enfer et dansant. Ces guitaristes sont des dieux. PARANORMAL MAGNITUDE, PART II : Très bel instrumental, guitares, chœurs pour une ambiance…paranormale. Ne cherchez pas le « part I », ou plutôt cherchez le dans l’album précédent SILENT ROOM. CIRCLE OF THE DARK : Rythme alerte, riff dansant, un des plus mélodiques, un des plus « enjoués » aussi. HAUNTING MEMORIES : Ce morceau va être calme – la première ballade de NIGHTMARE ?- Intro guitare superbe, un peu de claviers, envolées de guitares et voix prodigieuse pour un morceau prenant. HERETIC : Classique. Très rythmé, riff entraînant, les vocaux black du sieur Sander GOMMANS, chœurs, petite ligne mélodique au clavier, soli de guitares. Du classique, mais du bon. THE DOMINION GATE : Plus lent. Des vocaux black y renforcent l’aspect dramatique et mélodique. Un break et c’est Floor qui entre en scène – hey Jo, tu pouvais pas la laisser chanter plus longtemps ?- puis les guitares accélèrent le rythme. La suite est une succession de plans rythmés et d’autres plus calmes où Jo, Floor et le méchant Sander donnent de la voix . Un titre varié de plus de sept minutes. THE WATCHTOWER : Du rythme ! La grosse voix de Sonder et un riff dansant y contribuent. Une mélodie en béton armé, un break et un solo donnent toute sa richesse à ce titre. K-141 : Une ambiance très originale, des claviers surprenants, un travail vocal impressionnant – comme d’habitude- des chœurs. Moi, je vois un décor tenant tout autant du cirque et du théâtre, peuplé de clowns à la mine sombre, de messieurs Loyal au regard halluciné et de marionnettes inquiétantes. Et si, demain, Yves, Alex, Jo, David et Franck devenaient les maîtres du monde ? PapaDuck