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Unorthodox Creative Criteria

Voilà un album qui traîne non loin de ma chaine depuis de longs mois, le genre d'album que l'on hésite à écouter, puis que l'on trouve très mauvais, et qui, au fur et à mesure qu'il se dévoile, se révèle être assez fabuleux... à condition évidemment d'avoir les oreilles bien accrochées, les tympans solides, et une bonne oreille. Unorthodox Creative Criteria est le 3e album de Coprofago, talentueux groupe chilien formé en 1993. Pour ceux qui ne parlent pas grec, Copro signifie Merde, et Fago signifie Manger. Voilà on est fixé, et le fait que ce groupe excelle dans un death métal assez brutal ne vous étonnera pas.

Très bien nous pouvons commencer. L'album qui m'a été donné de chroniquer ce soir contient 10 morceaux, pour une durée d'environ 40 minutes. Passés ces détails super intéressants, nous pouvons débuter l'analyse de l'album. Comme dit en introduction, Coprofago est une formation de métal brutal. Un style qui s'abreuve aux sources du death métal tout en l'enrichissant d'infimes influences thrash métal. Un album inaccessible pour les plus sensibles, j'avoue moi même avoir eu beaucoups de mal à accrocher tant la déflagration sonore est violente.

Des titres comme Crippled Tracker, The Unborn Mechanic, Neutralized ou Fractures impressionnent par leur agressivité. Il ne semble y avoir aucun lien entre les instruments et seul un épouvantable chaos sonore règne en maître sur la majorité des compositions. Du moins à la première écoute, car plus on prend le temps, plus on tend l'oreille et plus les compositions prennent un sens. Car au milieu de ces riffs tranchants et destructurés, de cette rythmique aiguisée et dévastatrice se cache un véritable trésor technique et vivace.
Car Coprofago pratique une musique incroyablement technique, où les solis de gratte hypersoniques se suivent et ne se ressemblent pas (Pablo Alvarez fait preuve d'une dextérité incroyable), où le batteur impressionne par un jeu puissant à la limite de la rupture et des partitions inhumaines. Mais voilà, une musique a beau être relativement recherchée, la production a beau être monstrueuse, les compositions ont beau être efficacement ficelées et rondement menées, cela ne suffit pas à faire un bon album.

Car ce qu'il manque à Coprofago, c'est la spontanéité. Au beau milieu de ce chaos savamment orchestré, perdu au centre de cette surenchère technique proche d'une démonstration mathématique par sa discipline et son agencement, il n'y a guère de la place pour la création. En clair, on s'ennuie ! La musique délivrée tout au long de l'album n'est pas accrocheuse car trop emprise de rigueur, les schémas sont trop strictes, et le style épuré.

Et pourtant, le groupe tente de varier sa musique. Lors de longues compositions flirtant avec les 7 minutes, le groupe tente de mettre en place sa musique, d'abandonner son death métal brutal et strict pour l'imprégner d'influences jazzy. Des passages dans lesquels la batterie s'efface, la basse et une guitare intimement accordées prennent le relais et se chargent d'amener l'auditeur dans un monde paisible. Le plus souvent, cela fonctionne et on se laisse aller, au gré des doux ron-ron de la basse, une basse qui possède un feeling évident. On se dit alors que Coprofago tient le bon bout, surtout qu'ils pensent même à inclure, lors de ses passages et autres breaks destinés aux joies du jazz, un saxophone alto (Motion), une touche d'exotisme en somme.
On note d'ailleurs la présence de vocaux féminins sur Fracture, malheureusement ils n'apportent rien car leur seule présence se remarque lors d'un break vide où ils apparaissent en allemand et altérés par un filtre style "haut parleur d'aéroport". Je ne vous cache pas que c'est très laid.

A côté de celà on remarque un concept assez poussé, imaginé par Sebastian Vergara, (le guitariste chanteur) où, sur le livret,  chaque composition possède une petite introduction. Bon je n'ai pas compris grand chose, c'est assez spirituel et je dois avouer que cela ne m'intéresse pas plus que ça... Avis aux amateurs !

Nous avons au final un disque techniquement irréprochable doté d'une production impeccable mais qui pêche malheureusement par son côté trop expérimental, trop brutal, trop clean et agencé et surtout trop chiant. C'est assez dommage car l'idée de mélanger death brutal et jazz est une bonne idée qui mérite d'être exploitée. Je ne conseille pas, mais si vous avez l'occasion de mettre la main dessus, où faites-vous le prêter !

...TeRyX...

0 Comments 08 octobre 2005
Whysy

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