Mattsson, voilà un nom à forte consonance scandinave, suédoise a fortiori. Mais notre homme n’officie ni dans le death mélodique ni dans le black scandinave si réputé, il serait plutôt un polyvalent, naviguant entre métal mélodique, speed et progressif, avec une légère prédilection pour ce dernier style. Avec War, Lars Eric Mattsson de son vrai nom nous propose ni plus ni moins qu’un opéra métal, concept en vogue ces dernières années.
Alors bien sûr, qui dit opéra métal dit obligatoirement pléthore de musiciens et surtout de chanteurs et chanteuses. Et effectivement les candidats ne manquent pas avec pas moins de 7 vocalistes présents sur cet album, annonçant dès le départ une diversité forte sur ce point. Au niveau des musiciens instrumentalistes, on notera juste un batteur, Eddie Sledgehammer, un claviériste, Vitalij Kuprij, ainsi qu’un percussionniste, Yoshi Watanabe, le reste (guitares, claviers et basse) étant assuré par notre ami Mattsson lui-même.
Au niveau musical, après une intro aux sonorités indiennes, War commence avec un speed métal assez classique, ponctué assez rapidement de solos guitares exécutés avec force et talent (Lars Enric Mattsson étant issu d’une école de guitar heroes assez réputée). Mais le rôle du chef d’orchestre ne s’arrête pas là, puisqu’il s’occupe également de créer des ambiances intéressantes avec des parties guitares bien construites et exécutées. Côté guitare rythmique, c’est un peu moins percutant avec des parties qui donnent un peu dans la facilité mais qui remplissent néanmoins leur rôle. Le batteur s’en sort quant à lui avec les honneurs, avec des breaks imposants et progressifs à souhait, c'est-à-dire avec des cassures régulières.
Plus généralement, les refrains sont bien construits et accrochent bien les tympans et les claviers sont assez discrets et pas très inspirés je dois dire, avec une sonorité très progressive (entendez par là typique des années 70 / 80) qui pour ma part ne me fait pas vibrer plus que de raison. Le véritable intérêt de cet album réside sur deux points : d’une part le nombre donc la diversité des chanteurs et chanteuses qui donne un résultat de qualité (et cette alternance chant masculin / féminin y est pour beaucoup) malgré notamment sur Deep In The Shadows quelques envolées aigües un brin poussives et désagréables, et d’autre part la construction des chansons et de l’album en général.
En effet, chaque titre a sa personnalité propre, avec ses sonorités spécifiques (métal pour certaines, plus rock progressif pour d’autres), mais l’ensemble ne se désunit jamais, reste cohérent de bout en bout. Et c’est la qualité première d’un opéra, qu’il soit métal ou pas d’ailleurs, créer toute une panoplie d’ambiances sans jamais s’éloigner de son thème d’origine. Et ici, c’est bien la guitare qui représente le fil rouge de ce War.
Alors que dire de War? Malgré une production mollassonne (c’est le style qui veut ça), quelques creux rythmiques disséminés de ci de la et une omniprésence des guitares qui se révèlent quand même excellentes au final, cet album se révèle être riche, varié à tous points de vue et homogène ce qui en fait un opéra métal qui, sans atteindre le niveau conceptuel et musical d’un Avantasia ou encore d’un Ayeron, a toute sa place dans ce style si particulier. Un album qui comblera les amateurs de rock progressif comme de métal progressif.