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Quatre ans après la mise en scène du conte de Tolkien Le petit Silmarillion dans Nightfall In Middle Earth, Blind Guardian revient avec A Night At The Opera (petite pensée pour Queen et son album du même nom). La pochette est beaucoup plus lumineuse que celle de son prédécesseur, les couleurs utilisées frappent par leur côté chatoyant. L’attente fût longue, Nightfall In Middle Earth annonçait un changement d’orientation musicale, plus mélodique et plus complexe que le Blind Guardian d’antan. Ce laps de temps a donc été exploité de la manière la plus efficace possible et au final on a un l’album qui s’annonce le plus alambiqué de la discographie des allemands.  Il n’est point question de se lancer dans une description titre par titre comme il est parfois possible de faire mais en ces circonstances il serait d’une part triste de gâcher le suspense de ceux qui n’ont pas encore écouté ce magnifique album et il serait d’autre part trop long d’énumérer toutes les subtilités utilisées par le groupe. Les titres sont longs, ils ont tous une durée supérieure à 5 minutes en général et le groupe se permettra même une petite extravagance avec un morceau de 14 minutes soit la composition la plus longue que le groupe ai créé. Cet album impressionne par son opulence, les musiciens mettant constamment en exergue l’aspect technique de leur musique mais ceci en prenant garde de ne pas se désaisir de tout l’aspect émotionnel exalté par les orchestrations et les voix. Oui, les voix, on a perdu Hansi, non il est en fait de partout, chœurs, chants multiples font vaciller l’auditeur complètement désemparé, contraint d’abdiquer devant la puissance et le faste des compositions. Les solos sont de toute beauté, bien que possédant une structure complexe ils contiennent également une âme.  Les allemands ont fondu les ambiances dans un creuset celtique qui confère aux mélodies un aspect plus dansant que sur les précédents albums, petit plus non négligeable qui achèvera de charmer l’auditeur. En effet, l’utilisation de ces ambiances celtiques et folks sont savamment dispatchées aux quatre coins de l’album et rendent les compositions entraînantes à souhait. On ne pourrait rencontrer de telles compositions ailleurs que dans le monde de Blind Guardian, leur son est immédiatement identifiable et on rentre de suite dans la musique. On trouve bien sûr toujours les chœurs présents sur tous les albums de Blind Guardian. Les quatre premières pistes nous font virevolter en tout sens grâce à d’imparables mélodies. Le groupe intercale savamment une ballade afin de ne pas lasser l’auditeur par des tempos soutenus des quatre premières pistes. C’est ainsi que The Maiden And The Minstrel Knight souffle d’une brise légère sur notre minois qui se balance de droite à gauche, mouvement induit par le rythme et les mélodies irrésistibles. Quand je parle de mélodies dansantes j’en donne pour exemple celle utilisée comme mélodie principale dans The Soulforged, beaucoup sont plus discrètes et s’insinuent pernicieusement en nous pour nous foudroyer et nous faire perdre la tête au point de se retrouver à headbanger torse nu devant un public ignorant de cette coutume. On ne s’appartient plus complètement lorsque l’on s’immerge dans l’œuvre des teutons.  Pour illustrer un morceau intelligemment construit je vais prendre The Age Of False Innocence qui commence lentement puis s’accélère, atteint son apothéose où règnent des ambiances puissantes, hargneuses et colériques avant que le tout retombe un calme similaire à celui qui régnait au début. Les transitions se révèlent soignées et bien trouvées, on glisse sans peine d’une ambiance à l’autre. Chaque musicien a su se perfectionner au long de leur carrière et chacun d’eux est arrivé à un niveau incroyable. Peuvent-ils faire encore mieux ou sont-ils arrivés au sommet comme on serait tenté de l’affirmer ? Hansi maîtrise complètement ses lignes de chant et nous fait part aussi bien de moments hargneux comme sur Punishment Divine que de moments doux comme sur The Maiden And The Minstrel Knight. Les guitares sont véloces à souhait, la batterie de Thomen toujours aussi inventive et puissante, exhibant son sens du rythme dans les nombreux breaks qu’offre la musique de Blind Guardian.  Et enfin arrive le grand And Then There Was Silence qui comme beaucoup de titres du même genre combine tous les éléments que l’on a pu rencontrer au cours de l’album. Point culminant de l’album, il s’y succède, une kyrielle d’ambiances allant de la plus calme à la plus violente, une myriade de mélodies émanant de toutes parts. Cette composition est la synthèse de tous les éléments de l’album, ceci ayant pour corollaire une opulence manifeste qui pourra repousser les irréductibles de la première période musicale de Blind Guardian par l’aspect mélodique, ici poussé à la limite du pléthorique. Le risque en effet à utiliser toutes ces orchestrations est de noyer l’essentiel de la musique de Blind Guardian en forçant les musiciens à recourir trop souvent à des samples qui peuvent être handicapants en concerts et dénaturer le spectacle.   Blind Guardian s’affirme une fois de plus comme un groupe à part dans la grande famille du heavy métal, voix atypique, richesse de la musique, un son parfait, que puis-je reprocher à cet album ? Euh… De n’être pas arrivé plus tôt, non ça je ne peux pas. Je dirai qu’il manque quand même une ballade à la Bard’s Song mais cette chanson on peut la trouver en bonus track, c’est Harvest of Sorrow mais elle n’égale bien évidemment pas The Bard’s Song. On notera qu’il existe également une version espagnole, italienne, française de Harvest of Sorrow. Certains reprocheront à ce cd d’être rempli de trop d’éléments mais à ceux-là je dis merde parce que l’on parvient tout de même à percevoir l’essence Blind Guardian, même si ça tombe pas aussi facilement dans les mains que sur un Imaginations From The Other Side. Le groupe réussit ici un tour de force, et un tournant dans leur musique. A Night At The Opera semble en effet être une césure complète avec l’esprit pré-Nightfall In Middle Earth.  Dreamer

0 Comments 05 mai 2005
Whysy

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