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Aeneid est le cinquième album des italiens de Heimdall qui sort le 26 février via Scarlet Records. Si le nom d’Heimdall ne vous évoque rien, c’est normal car il s’agit d’un groupe que les plus jeunes ne peuvent pas connaître puisque leur dernier album remonte à il y a neuf ans. Jamais une attente si longue n’aura été mieux récompensée car avec Aeneid, Heimdall signe peut être son meilleur disque : il est varié avec des titres 'power-speed', des mélodies épiques à souhait, des riffs à la limite du thrash, des chœurs monumentaux, des morceaux acoustiques et instrumentaux. La production a été soignée par Fabio Calluori (guitariste) dans son studio, le Sonic Temple Studio, et elle est sublime surtout pour le rendu de sons de batterie et pour la cohérence et le relief donné à chaque instrument. Le mastering a été peaufiné par Achim Koehler (Primal Fear) qui a fait également un bon travail.

Neuf ans c’est un bon bout de temps. Il faut penser que les premiers titres d'Aeneid ont germés après la publication de Hard as Iron (2004). Suite au split du chanteur Giacomo Mercaldo en 2006 l’écriture d’Aeneid est mise en stand-by. On vous passe les autres problèmes de formation (un autre chanteur qui intègre le groupe et qui repart rapidement) et d’autres membres qui quittent le navire, choix qui oblige le groupe à réenregistrer les morceaux déjà prêts. Heimdall version 2013 est un nouveau cru qui, à coté du socle historique (Nicolas Calluori, batterie, Fabio Calluori, guitare, Carmelo Craps, guitare), peut compter sur les nouveaux venus (Enzo D’Auria, basse, Umberto Parisi, guitare et clavier, Gandalf Ferro, voix).

L’écriture aura pris aussi beaucoup de temps aussi. Les plus attentifs d’entre vous auront compris qu'Aeneid est un concept album inspiré à l’Enéide du poète latin Virgile. L’Enéide relate la fuite du troyen (no, ce n’est pas un "malware") Enée après la chute de Troie de la part des grecques grâce à la ruse du cheval. Enée est ses fidèles (y compris son père Anchise) s’embarquent et depuis plusieurs péripéties arrivent au Latium en Italie. Pendant la traversée, Anchise meurt. Une fois arrivé en Latium, les troyens veulent fonder une ville mais ils sont obligés d’affronter les peuples qui habitent les lieux. Suite à plusieurs guerres, Enée fonde la ville de Lavinium et sa descendance (Romulus et Remus seraient les descendants d'Énée par leur mère Rhéa Silvia) donnera naissance à la ville de Rome. Le livre de l’Eneide est composé de 12 chapitres et l’album de Heimdall, si on enlève l’intro qui donne le thème de l’œuvre, comporte aussi 12 titres. Chaque titre de l’album résume le thème principal de chaque chapitre du livre.

Conceptuellement alors parmi les titres les plus représentatifs il faut citer Ballad Of The Queen qui relate les derniers moments de vie de la reine de Carthage, Didone, avant de se suicider. Enée l’a quittée pour continuer son voyage et la reine le maudit ainsi que sa descendance avant d’ôter sa vie. Underworld raconte la descente aux Enfers* d’Enée pour rendre visite à son père Anchise afin qu’il lui prédise son destin. Gates of war est le début des hostilités entre les troyens et les latins et All of us est le discours qu’Enée fait à ses camarades pour les « motiver », les inciter à la guerre. Dans Away Enée pleure la mort de son ami Pallas et The last act met en valeur le clash entre Enée et son ennemi Turnus le roi des Rutules.

Musicalement il est difficile d’isoler un moment plutôt qu’un autre car le concept album tient la route et il faut le juger dans son intégralité. On pourrait dire que Heimdall rappelle par moment le Virgin Steele d’Invictus. Ou de The Marriage of Heaven part 1 et 2 mais en moins rock ou  encore The house of Atreus I & II mais un peu moins orchestrale et un peu plus rock. Le titre Save you est jubilatoire : les orchestrations s’intègrent à la perfection dans un morceau plutôt rapide et agressif dont la mélodie et les lignes vocales rentrent bien dans le crâne. Underworld et Forced by fate aussi ce sont deux morceaux qui dès la première écoute se montrent additifs grâce toujours à des lignes vocales claires, inspirées et entrainantes et une production magnifique. Il faut absolument un casque et pas des écouteurs pour aller au bout de l’expérience. Hero a un break central épique, ravageur qu'il peut faire penser au titre The tower de Avantasia part 1. Bref, ce n’est pas la peine de rentrer dans un track by track ennuyeux.

Ce qu’il faut retenir c’est que dans Aeneid il y a beaucoup plus de parties orchestrales que dans les précédents albums d’Heimdall et que ces parties se marient à la perfection avec des riffs metal. L’atmosphère dégagée est riche et puissante. Si on cherche un album solide, avec une histoire qui tient la route, des mélodies imparables, simples mais pas simplistes, couplé à une bonne interprétation et production, cet Aeneid de Heimdall est l’idéal.





* La descente aux Enfers est un thème qui m’intéresse personnellement. Mon psy me dira pourquoi. Si l’expérience vous tente, je vous conseille de lire le VIème livre de l’Enéide où l’on décrit la ‘catabase’ (kata – en bas et baino – descendre), la descente aux Enfer d’Enée, guidé par la Sybille de Cumes. Pour y parvenir il faut qu’Enée trouve, avant de partir, un rameau d’or afin d’accomplir une expérience initiatique et avoir aussi un objet qui puisse le protéger et autoriser sa descente. De plus Le rameau d’or est le titre d’un essai de mythologie comparative de James George Frazer dont le titre est tiré de cet épisode de l’Eneide. Cet essai s’avère très instructif si vous avez le courage (texte très long) et la chance de le lire (édition française très ancienne et chère, mais édition italienne de poche lml)



note réelle 8,5/10


wanderer

0 Comments 21 février 2013
Whysy

Whysy

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