Vous recherchez quelque chose ?

Et voilà. All Beauty Must Die, et son visuel particulièrement adapté au titre. Que cache donc Krypteria derrière cette cover à la tête de mort rosatre, et à ses ailes de libellule ?

Initialement prévu pour être un projet "pop musical théâtre", à chanteuse variable, le groupe teuton a finalement bien changé. Leur premier album, In Medias Res, laissait entrevoir un potentiel de metal symphonique, avec une chanteuse dont le timbre se démarque de la masse. Forte présence des choeurs, du latin. On voyait poindre une identité originale. Pensez-vous, une chanteuse coréenne, pratiquand son art en latin au sein d'un groupe germanique ...
L'album n'avait pas percé. C'est seulement avec Bloodangel's Cry sorti en 2007 qu'ils ont commencé à se faire un nom sur la scène saturée.

Thématiques gothiques à souhait, choeurs poignants, passages épiques, et moments plus doux, le tout couronné d'un morceau splendide de dix minutes, At the Gates of Retribution.

Déjà sur My Fatal Kiss, le groupe s'est voulu plus incisif. Les choeurs se sont faits plus agressifs, le violon a disparu. L'album, s'il était toujours réussi, dans un registre plus heavy, n'avait plus la même saveur.

Pourquoi ce long historique ? Parce qu'All Beauty Must Die est dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Encore plus incisif. Encore plus heavy. Encore plus direct. Encore plus efficace. Est-ce que c'est bien ?
Pour ceux qui préféraient le charme raffiné des choeurs mélancoliques de The Night All Angels Cry, il faudra passer son chemin.

Pour ceux qui seraient prêts à jeter, malgré tout, une oreille à ce nouvel opus, ils pourraient bien ne pas être déçus !

Bien sur, le revers de la médaille d'un album plus efficace, c'est une homogénéité plus forte. Tous les refrains se ressemblent, ou presque : As I Slowly Bleed, Eyes of a Stranger, Thanks for Nothing (pourtant très réussie dans leur nouvelle orientation heavy), Turn the World Around font rapidement doublon.
Le refrain soutenu par les choeurs est accrocheur, et sert parfois à camoufler le peu d'intérêt du reste de la piste. Sur les couplets le rythme est saccadé, plus ou moins mid-tempo selon la piste... Aucun doute, ça se laisse écouter. Mais pour quelle durée de vie ?

Le formule fonctionne pourtant parfois ! La piste d'ouverture, Messiah donne la pêche, les choeurs sont plus dynamiques, le refrain fait presque crier la charmante Ji-In. Le rythme est entraînant, tout au long du morceau cette fois, le soufflé n'a pas le temps de retomber, dans la droite lignée d'un All Systems Go, par exemple. You killed me fonctionne également très bien dans ce registre.

Victoria est une autre réussite, où la grande Doro, qui a du apprécier ses compatriotes quand ils ouvraient pour elle, vient poser sa voix. Et Doro qui chante en latin, même si ça dure moins de trois minutes, c'est collector. Elle apporte son chant rauque pour un résultat martial, certes un peu répétitif, mais très bon.

Enfin l'excellent The Eye Collector mérite toute l'attention de l'auditeur. On quitte enfin le domaine du couplet-refrain-couplet-refrain répétitif pour arriver à un vrai morceau recherché. Plus de onze minutes. Introduction atmosphérique. Chant masculin grinçant. Choeurs malsains, rappelant Therion. Arrivée comme une fleur de Ji-In. Reprise de la Sonate n°14 de Beethov (Au Clair de Lune). Montée en puissance et en vitesse au piano. Climax de choeurs épiques. Petit solo de guitare. Rappel de la Sonate.
C'est un morceau très sombre que nous servent les allemands, profond, dérangeant et chaotique. Une perle que l'on n'attendait presque plus après tant de morceaux si semblables.

Pour les chanceux qui auront l'édition complète, ils pourront profiter
- de deux très belles reprises de In Medias Res, remasterisées pour l'occasion, et remises avec succès au goût du jour : Get the Hell Out of my Way, et Liberatio, la première étant particulièrement convaincante.
- de Come Hell or High Water, morceau venu d'ailleurs, une reprise inexplicable de Land of Hope and Glory, certes agréable en conclusion de l'album, mais un peu hors sujet.

Un petit mot déçu à propos des paroles. De longues tirades sombres, pessimistes (celles de The Promise, au hasard) on est passé à du répétitif, évident, presque trop facile ... C'est dommage, les thématiques abordées faisaient l'une des forces de Krypteria par le passé. Mention particulière néanmoins à la très fade ballade (How can Something so Good) Hurt so Bad : si elle est molassonne à souhait, so cliché et un peu trop longue, tape très juste avec son texte acéré, qui rappellera d'amers souvenirs à ceux qui ont traversé une rupture difficile.

Nous voilà donc face à un album à double face, parfois ennuyeux, parfois dynamique, parfois (rarement) génial. Si Ji-In manie toujours impeccablement sa voix, on peut regretter qu'elle n'en utilise presque que sa facette la plus agressive (malgré un bref passage lyrique sur Turn the World Around, qui fait écho à ses prédécesseurs de The Freak in me et Out of Tears). La technique est toujours au top, avec quelques soli bien sentis (Higher et The Eye Collector particulièrement) ; dommage que les musiciens se reposent parfois un peu sur leurs lauriers. On le remarque d'autant plus que les orchestrations se font plus discrètes.

Heureusement que de très bonnes pistes viennent relever le niveau, donnant un album qui finalement donne la pêche, et se partagera sans modérations.

0 Comments 06 août 2012
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus