Vous recherchez quelque chose ?

Afin de marquer la sortie du premier album de Back Roads (chroniqué ici), Fabrice Dutour, guitariste de la formation, a bien voulu se prêter au jeu de l'interview et a accepter de répondre à toutes nos questions. Merci à lui et ... bonne lecture !   * Question rituelle (et des plus originales) pour débuter : peux-tu nous présenter le groupe Back Roads et ses membres ? Avec plaisir. Nicolas Ammollo est le batteur du groupe, Franck Mortreux le bassiste. Sylvaine Deschamps-Garcia assure le chant et Christophe Oliveres et moi même nous partageons les guitares.    * Quels ont été tes motivations et tes attentes en montant ce groupe ? Je n'ai pas directement monté le groupe, mais je suis, avec Franck le seul rescapé de la première mouture. C'est lui l'initiateur. J'ai vu une annonce, il y a un peu plus de trois ans sur un site musical. Les influences qui étaient citées me plaisaient (Gov't Mule, Blackberry Smoke, Black Country Communion...), j'ai passé l'audition et j'ai été pris. Je n'avais pas d'attentes particulières si ce n'était de me faire plaisir en jouant des covers. Durant les deux premières années dans le groupe, je n'avais pas de vision à moyen terme sur cette formation. L'équipe bougeait beaucoup, je n'arrivais même pas à me souvenir du nom de groupe que Franck avait trouvé. Et puis lorsque l'aventure Dyslesia s'est achevée pour moi il y a quatre ans, j'avais le sentiment que c'était le moment de stopper la compo. Puis l'envie est revenue, d'autres projets en parallèles m'ont semblé être des points de départ intéressants, mais finalement sans lendemain. Back Roads avançait doucement, mais chaque fois qu'un membre quittait l'aventure, je proposais à des proches de se joindre à nous. Au résultat, l'équipe s'est constituée avec des amis (et amie) avec lesquels j'ai eu l'occasion de jouer dans d'autres formations.  En novembre 2012, c'est devenu une évidence que tout était réuni, tant humainement que musicalement, pour relancer un nouveau projet compo. Je leur ai proposé, ils ont accepté. Nous avons décidé de ne pas perdre de temps, de s'imposer un défi. On a réservé le studio pour mai 2013, il y avait alors une seule compo....    * Comment as-tu rencontré les autres membres du groupe ? Quels sont leurs parcours et comment ont-ils intégrer Back Roads ? Pour Franck, c'est donc le heureux hasard d'une annonce à laquelle tu réponds. Je connais Sylvaine depuis 1987, nous avons eu un groupe ensemble début 90 très blues rock. On a fait à l'époque 150 concerts en deux ans et demi d'existence et de belles premières parties de Luther Allison, Bernard Allison, Bill Thomas, Andy J Forest...  Christophe, je le connais depuis 1993 il me semble. Il a d'abord été mon élève, puis mon ami. Nous avons ensemble, et avec François Brisk (ex Dyslesia) et Sylvain De Nicola ( Dyslesia) un tribute de Téléphone qui tourne depuis 12 ans, Mégaphone. Christophe est également directeur pédagogique du centre de formation professionnel pour les musiciens (cfpm) à Lyon. C'est là que j'ai rencontré Nicolas, le "jeune" du groupe. Nous avons joué ensemble dans ce "projet parallèle" dont je te parlais tout à l'heure, puis il nous a rejoint dans Back Roads.

* Les lecteurs sur Heavylaw te connaissent pour ton parcours au sein de Dyslesia. Ton départ du groupe a-t-il été l'élément déclencheur de la formation de Back Roads ? Ou avais-tu déjà ce projet en tête depuis plusieurs années ? La réponse est non aux deux questions. Mon départ m'a été imposé. Il a fallu d'abord un peu de temps pour m'en remettre. Dans un groupe, l'aspect humain est pour moi la condition numéro une pour que le reste puisse s'enclencher. Comme je te le disais, avec Back Roads, les choses se sont faites de manière naturelle, sur la durée.    * Compte tenu des différences de style entre Dyslesia et Back Roads, doit-on en conclure que tu ne te sentais plus vraiment à ta place au sein du premier et que le second te permets justement d'explorer une voie qui te correspond mieux ? Non, je me sentais très bien parce qu'une fois de plus, il y avait pour moi 10 ans d'histoire commune. J'avais déjà composé 5 titres quand j'ai été débarqué. La tendance se voulait plus Thrash technique, les riffs étaient très Testament. Mais mes aspirations et pratiques musicales ont toujours été multiples. J'ai joué dans des groupes d'Acid Jazz, de Funk, de musique celtique, toujours avec passion. Les premières choses que j'ai écoutées quand j'avais 10 ans et qui ont donné cette direction à ma vie sont plutôt Blues et c'est ce qui continue, depuis, à me donner le frisson.    * Quels sont tes influences ou tes références en tant que musicien ? As-tu des « guides spirituels » dans ta façon d'aborder et d'écrire la musique ? Je me nourris de musique... Je suis discovore... Encore une fois tout est question de sensations. Il y a des styles musicaux qui vont te frapper par leur exigence technique, d'autres par la qualité des mélodies, d'autres qui vont te frapper au cœur par l'émotion dégagée... Et le ressenti sera différent selon les personnes... Pour ma part, c'est le rock hard 70' qui me touche. Thin Lizzy, ACDC, Motorhead bien sur, mais aussi Humble Pie, Mott The Hoople, The Sensationnal Alex Harvey Band, Foghat, ELF, Moxy, Montrose, Brownsville ou Téléphone et Ganafoul pour la France...  Donc sur un plan guitaristique, je suis fasciné par la technicité de Jeff Loomis, par les idées et le phrasé de Guthrie Govan, mais c'est par exemple un solo d'Angus Young dans "Overdose" ou "Night Prowler" qui m'arrachera une larme.  En ce qui concerne l'écriture des titres, j'essaie toujours d'avoir une double lecture pour l'auditeur. Pour moi, un titre doit être facile à s'approprier, mais doit aussi renfermer des secrets, tel que les arrangement différents dans les couplets ou refrains, des mesures composées, que l'on pourra découvrir au fil des écoutes.    * Avec Back Roads tu explores un horizon musical où la fibre « Blues » est très présente. On ressent également une inspiration puisée au sein du Rock sudiste et du Hard Rock des années 70 et 80 (Black Sabbath, Led Zeppelin, Thin lizzy...). Que représentent ces scènes pour toi ? L'effervescence. Un moment où tout était sur le plan musical et sociétal en friche. Tout se construisait sur la base du Blues, Hendrix avait révolutionné la guitare et toute l'école britannique suivait, Jimmy Page, Jeff Beck, Gary Moore, Paul Kossof...    * Depuis quelques temps, de nombreux jeunes groupes arrivent sur la scène « vintage » (Scorpion Child, Graveyard, Orchid, The Vintage Caravan, Blue Pills...). Y vois-tu un phénomène de mode éphémère ou la résurrection méritée d'une musique un peu oubliée ces dernières années ? Tout est histoire de cycle. La mode est ensuite imposée par les maisons de disques puis les médias qui font à un moment précis d'un style la norme. Je ne sais pas ce qu'il en restera dans un futur proche, mais pour ceux qui ont le rock blues dans le sang, c'est forcément une période délectable.  Après, peut on réellement dire que cette musique est aujourd'hui oubliée? Je ne le pense pas. Cela fait bien longtemps que le mouvement Stoner existe et qu'il puise dans les riffs 70'. Idem pour les groupes plus médiatisés. Ces 10 dernières années en vrac, The Darkness, The Answer, Nashville Pussy, Black Label Society, Black country Communion qui ont en commun cette tendance Classic Rock.

* Certains de ces jeunes groupes étant signés sur de gros labels influents, n'as-tu pas peur qu'ils phagocytent un peu l'attention des médias et qu'il détournent une partie du public ? Non, au contraire. Cela génère beaucoup d'espoir pour le développement des groupes de Classic Rock, nous compris.   * Ce qui ressort en écoutant les titres de Back Roads, c'est ce « feeling » propre au Blues, comme si le ressenti de chacun transpirait à travers les morceaux. Un je-ne-sais-quoi qu'on ne retrouve nul part ailleurs. Comment expliques-tu ce sentiment ? Quelle est la recette du musicien pour transmettre cette sensation ? La formule magique est "Blue note" :)  Si tu ressens cela à l'écoute du disque, c'est que nous sommes dans le vrai et qu'il y a sur l'album le bon équilibre entre énergie et feeling.    * Avec l'évolution des progrès technologiques en terme de production depuis une quinzaine d'années, de plus en plus d'albums sonnent aujourd'hui « larger-than-life » mais paraissent aussi très froids et synthétiques. Le retour aux sources actuel est-il une réponse à cette évolution, en remettant le « feeling » du musicien au cœur même des compositions ? Il y a deux aspects. Tout d'abord le style musical dans lequel tu t'exprimes et qui laisse plus ou moins la place à ce "feeling". Comme nous l'avons dit, on vit aujourd'hui une période propice à ce retour .  Ensuite ,il y a le mode d'enregistrement. Et là, la plupart du temps, on utilise les méthodes et moyens d'aujourd'hui. Rares sont les groupes qui enregistreront en one-shot et deux pistes stéréos. Les studios équipés à l'ancienne d'analogique sont rares et donc chers. Et ce qu'attend le public, c'est souvent du "gros son", une grosse prod', tu es obligé pour cela de faire, par exemple, de l'editing et donc d'utiliser les technologies numériques actuelles.    * Tu es crédité comme compositeur et arrangeur sur tous le morceaux de l'album. Doit-on en déduire que tu es le seul maître à bord ? Ou s'agit-il d'un travail collectif ? J'ai effectivement écrit et arrangé l'ensemble des titres. Je porte le projet sur le plan artistique, mais en accord et transparence avec l'équipe. Le groupe ne m'appartient pas, j'en suis un membre et les quatre autres membres ont leur part dans la construction de l'aventure, Sylvaine a écrit les textes, Franck s'occupe de l'artwork, Christophe du site internet, Nicolas des réseaux sociaux....    * Les morceaux ont-ils été écrits récemment, ou avais-tu déjà certains d'entre eux dans un coin de ta tête depuis un moment ? Tout a été écrit entre novembre 2012 et mai 2013, jusqu'au jour de l'entrée en studio. Seul "Shadows of Loneliness" avait été composé quelques mois auparavant dans la perspective d'un autre projet.    * Les textes sont signés Sylvaine Deschamps-Garcia, qui s'occupe également du chant (et quel chant!). Quels sont les sujets abordés ? Y'a-t-il un concept derrière Back Roads ? Pas de concept, non, mais une continuité par rapport à la musique. Les thèmes autour de la solitude de l'introspection...    * A l'écoute de l'album, et de la voix impressionnante de Sylvaine, on imagine cette dernière comme la fille de Janis Joplin et David Coverdale. Cette généalogie musicale te semble-t-elle correcte ? Janis Joplin, sans problème... Coverdale... Ce serait un très bon père spirituel également jusqu'à "Slide it in"... Glenn Hughes serait parfait également.

* Comment se sont déroulées les phases d'enregistrement de l'album ? Nous avions calé un nombre de jours pour 10 titres. Il y en avait 13 au final. On a débordé sur l' agenda initial et pris beaucoup de retard. Sinon, c'était un très beau moment. Quand tu regardes le teaser, tu vois à quel point je suis stressé. Je portais le poids de tout cela. Quelques titres n'avaient jamais été répété, car ils étaient arrivés si tard que nous n'avions eu le temps de les jouer ensemble. Je savais exactement comment cela devait sonner, car j'avais écrit les arrangements des deux guitares les mélodies chant....mais j'espérais que chacun réponde à ce défi. C'était l'acte fondateur du groupe, nous le vivions en studio, c'était un peu fou. Mais tout le monde a été à la hauteur.    * Pourquoi le choix du studio NoiseFirm (où avait été enregistré le « In Veins, Hearts and Minds » de Dyslesia) ? Possède-t-il une atmosphère particulière, propice à l'enregistrement de cet album ? C'était à la fois une évidence et difficile d'y revenir.  Évidence car je connais les lieux et les qualités des personnes qui y travaillent. Mais c'est sur cet album que j'ai retrouvé Thierry, trois ans après la fin de l'histoire et ce n'était pas forcément un moment facile à appréhender. J'ai pris sur moi, car j'estimais que c'était la meilleure solution pour Back Roads et avec le recul, je ne regrette en rien ce choix. Nous sommes tous très heureux du résultat.    * Votre premier album est disponible depuis le mois de février. Quels en sont les retours jusqu'à présent ? En êtes-vous satisfaits ? On travaille depuis plusieurs mois sur la visibilité du groupe. Les deux vidéos principales tournées pendant l'enregistrement de l'album cumulent près de 5000 vues sur Youtube et les commentaires sont très positifs. Nous avons également de très bon retours des différents webzine qui ont bien voulu chroniquer l'album, ainsi que des radios qui en programment certains titres. Mais il y a encore beaucoup de travail à réaliser.    * Back Roads a déjà eu l'occasion de fouler les planches à plusieurs reprises. Comment se sont dérouler les concerts ? Comment le public a réagi ? Le vrai baptême du feu a eu lieu il y a quelques semaines pour le show case de l'album, car pour la première fois, nous étions un groupe de compos et non de covers. On a un gros rendez vous le 21 mars, chez nous, au Jack Jack (Bron), je te dirais comment cela s'est passé :)    * Quels sont vos projets futurs ? Nouvel album, tournée, … ? Rendre le groupe visible, qu'il puisse être identifié par le plus grand nombre et donc plus facile à faire tourner. Puis essayer de décrocher une distribution internationale. L'enregistrement du second album devrait se faire en mai 2015.    * Un grand merci pour avoir pris le temps de répondre à cette interview. On espère pouvoir croiser le groupe très prochainement sur les routes. En attendant, je te laisse le mot de la fin pour nos lecteurs : D'abord un mot pour toi, te remercier de ton soutien, de ta fidélité et de ton intérêt pour Back Roads. Pour les lecteurs, j'espère que vous aurez l'envie après cette longue lecture de découvrir un peu plus le groupe. et que nous aurons l'occasion de nous croiser sur un concert. D'ici là, faites le plein de musique.    Retrouvez le groupe Back Roads : - sur Internet : http://www.the-backroads.com- sur Facebook : https://fr-fr.facebook.com/pagebackroads- sur MySpace : https://myspace.com/back.roads

0 Comments 22 mars 2014
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus