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Chez Heavylaw et comme (je le suppose) dans la plupart des webzines, les chroniques que nous vous apportons attendent sagement dans un stock de promos jusqu'à ce qu'une âme charitable veuille bien s'en occuper. Un stock numérique bien sûr, il ne faudrait pas qu'en plus les labels dépensent des sous inutilement... Enfin bref, toujours est-il que ce sacro-saint "stock de promos disponibles" s'apparente à une boîte de biscuits et de chocolats. On y retrouve bien évidemment ceux sur lesquels tout le monde se jette comme des morts de faim ("On avait dit UNE cigarette russe par personne !!!") et ceux qui par leur généricité se retrouvent en grand nombre et peuvent être dégustés sans craindre la pénurie. Et puis à côté de ça il y a les éternels biscuits dont personne ne veut. "T'aimes pas les pralinés ? _ Si si mais euh...pas ce soir...". Et bien les promos c'est un peu ça. Si on donne du "Helloween" ou du "Rhapsody", ça se bouscule au portillon, mais à côté de ça, certaines pestiférées croupissent depuis quatre mois sans que personne ne daigne jeter son dévolu dessus. Il s'agit ici de l'album "Blackoustic" de Kotipelto & Liimatainen. Vous voyez, c'est un peu le genre d'album où on se dit "ah chouette, un Kotipel...ah merde c'est l'album acoustique...j'ai rien vu...oh un groupe de proto speed à la con, c'est mieux !". Mais il suffit d'un chroniqueur vaillant et n'ayant pas peur de dépoussiérer le coffre à promos pour ce vilain petit canard se trouve enfin un foyer. Rock on...euh Folk on !!!

Alors bon, le concept derrière cet album est assez simple. Timo Kotipelto, émérite chanteur de "Stratovarius" et Jani Liimatainen, ancien guitariste de "Sonata Arctica" se sont alliés à l'occasion de quelques concerts histoire de proposer des relectures acoustiques de certains de leurs tubes et quelques reprises. La démarche ayant eu un fort succès, les dates se sont multipliées et devant la forte demande, earMUSIC décide de signer le duo en vue de la sortie d'un album. De coup, ce qui n'était qu'une récréation est devenu un side-project un peu plus concret puisque voici devant vous le premier album du duo, "Blackoustic". Au programme, quelques reprises de "Stratovarius" et "Sonata", un peu de Kotipelto et de Liimatainen, le tout agrémenté de reprises diverses. Raillé par pas mal de personnes, que vaut donc cette expérience ?

Et bien contre tout attente cet album est plutôt réussi ! A seulement une voix et une guitare (bon allez, deux guitares parfois), le duo a globalement remporté leur pari de ne pas proposer un simple album "curiosité" mais une œuvre acoustique et mélodique qu'aurait pu sortir n'importe quel artiste folk. Alors bien sûr, ne vous attendez pas à une musique très riche et complexe, mais par comparaison, le propos s'avère bien plus travaillé que ce qu'a fait "Gamma Ray" dans le cadre de son "Skeletons & Majesties". Bien évidemment, la démarche n'était pas la même, mais pour ceux qui s'attendaient à "on prend le morceau et on débranche la guitare", sachez qu'un effort a été fait pour réarranger les morceaux et tenter de les émanciper de leur version studio.

C'est ainsi que l'album démarre de façon très sympathique sur Sleep Well du répertoire solo de Kotipelto. Et on quitte donc le heavy générique et peu inspiré de la version originale pour goûter à quelque chose de plus simple, plus dépouillé et dans un sens plus approprié au caractère mélodique du morceau. On y retrouve aussi un Kotipelto bien plus à l'aise vocalement parlant donc c'est tout bénef. Pour ce qui tient du répertoire des musiciens, on retrouve aussi un Serenity moins marquant ainsi qu'une compo de Liimatainen, Where my Rainbow Ends qui reste toujours dans ce ton "ballade acoustique reposante" mais qui se veut poignante et bénéficie de l'apport de la voix de Kotipelto qui réalise ici (ainsi que sur tout l'album) une très bonne performance.

Car, comme si c'était utile de le préciser, Timo possède encore une sacré voix. Particulière certes, avec une légère tendance à accentuer certaines phrases qui pourra en agacer certains mais à la différence de notre cher Andi Deris, il n'a pas besoin d'autotune pour tenir une note plus de cinq secondes. Et il est d'ailleurs intéressant d'entendre le traitement réservé aux reprises de "Stratovarius". Bien évidemment, on ne pouvait pas passer à côté de Black Diamond et Hunting High & Low. Et vous l'aurez deviné, les morceaux sont bien plus posés, font beaucoup plus ressortir la voix et proposent des arrangements plus qu'intéressants. En particulier Hunting High & Low dont le riff si particulier devient ici un simple arpège et qui ne s'emballe que lors de la deuxième partie des couplets et lors du refrain. Autant vous prévenir, oubliez la grosse fibre épique de l'original. C'est à vrai dire la seule petite déception inconsciente de ces deux reprises, perdre les éléments que l'on aimait dans les versions originales et qui faisaient qu'elles étaient des classiques du power metal. Mais en contrepartie nous gagnons des morceaux plutôt chouettes et rafraichissants.

C'est pour cela qu'un titre un peu moins connu comme Coming Home marquera plus les esprits, d'autant plus que par rapport à la power-ballade originale, avoir atténué toute distorsion ne la rend que plus belle et touchante. Même combat pour My Selene" de "Sonata Arctica" qui vous fera joyeusement vous tortiller de la croupe et qui accessoirement s'avère bien mieux balancée et marquante que sa grande sœur.

Mais bon, comme capitaliser sur son seul répertoire peut sembler un peu facile, nous sont offertes quelques reprises extérieures. Autant être franc, le résultat est sympa mais n'atteint pas non plus de sommets. Un Out in the Fields de feu "Gary Moore" qui passe un peu en force, un Behind Blue Eyes de "The Who" faisant office de passage obligé et un Perfect Strangers il faut le dire assez bancal car un peu bourrin et accusant quelques envolées vocales pas heureuses. Clairement les compères ont voulu se faire plaisir, quitte à ce que ça reste honorable mais sans plus. Non, en fait, seul Rainbow Eyes de "Rainbow" vient se poser comme un moment de grâce rendant un bel hommage à Ronnie James Dio. Les intégristes hurleront à l'hérésie et ils n'auront pas forcément tort car cette version ne pourra pas vraiment supplanter l'originale mais force est de constater que le boulot a été très bien fait.

En définitive, comment juger ce pot-pourri ? La démarche est avant tout une récréation mais là où le tandem marque des points c'est qu'il a eu à cœur de proposer des versions réarrangées et pas simplement "exécutées avec une guitare acoustique" comme "Gamma Ray" sans pour autant défigurer les morceaux et y foutre du saxophone à la "Helloween". Loin de mois l'idée de dénigrer les deux groupes sus-cités mais il s'agit plutôt de remarquer que le duo a été malin et trouve ainsi un juste milieu histoire d'optimiser sa cible. "Blackoustic" se démarque aussi du simple exercice de style à la "Nylon Maiden" (pour m'appuyer sur une récente chronique parue en ces pages) et en ressort bien plus fort.  Alors oui, certains seront réfractaires à ce projet et n'y trouveront qu'une perte de temps, d'autres prendront ça comme un album un peu insolite et fort plaisant. Dans tous les cas, jetez-y une oreille, ce n'est pas l'ambition qui déborde mais les artisans se sont appliqués et n'ont pas proposé une compil bonus de reprises au rabais et c'est tout à leur honneur !

0 Comments 03 mars 2013
Whysy

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