Pour le 3ème album de sa jeune carrière, Circle II Circle a décidé de surfer en partie sur la très médiatique polémique engendrée par le livre de Dan Brown, Da Vinci Code, en s’inspirant des thèmes développés par l’écrivain pour créer un concept album, intitulé Burden Of Truth. Pari artistique intéressant pour un groupe qui nous avait convaincu avec The Middle Of Nowhere, le précédent opus sorti il y a un an à peine. Pari intéressant également pour son leader, Zach Stevens (ex Savatage), l’excellent vocaliste du combo américain.
Il est souvent difficile lorsque l’on s’attaque à un concept album d’arriver à conjuguer l’aspect musical et l’aspect concept, c'est-à-dire faire coïncider la musique et l’histoire développée de la manière la plus fluide qui soit.
Et avec ce Burden of Truth, c’est un peu le problème que rencontre Circle II Circle : si le songwriting est de qualité, on a du mal à faire le rapprochement avec la performance musicale, de grande qualité elle aussi. On ne retrouve pas ce côté un peu mystique, angoissant, sacré propre à l’intrigue originelle du Da Vinci Code. La « quête spirituelle et philosophique » du personnage dépeint dans le concept de l’album diverge de l’ambiance musicale créée ici. L’auditeur a du mal à s’impliquer, à se plonger dans l’histoire.
Cela dit, au niveau musical pur, force est de constater que le groupe n’a pas perdu la main depuis l’an dernier, en nous gratifiant d’un heavy progressif de haute volée. Un peu moins direct que son prédécesseur, Burden Of Truth se révèle un peu plus complexe, notamment dans la structure des morceaux, où un effort net a été fait. Les arrangements foisonnent, les petits riffs guitares se succèdent, les cassures fréquentes du rythme nous rappellent le penchant progressif du groupe : le titre A Matter Of Time en est un bon exemple, alternant rythmiques lourdes mais malgré tout très riches au niveau de l’harmonique et parties plus dispersées, entre solos piquants et breaks de batterie saccadés.
Les refrains sont tranchants, comme sur Revelations, et se révèlent très efficaces tout au long de l’album. Toute la partie instrumentale est emmenée par un Zach Stevens de gala, très en voix, moins rugueuse que sur The Middle Of Nowhere mais toujours aussi puissante et alternant impeccablement avec les parties plus calmes, plus travaillées de l’album.
Le constat est donc un peu mitigé. Profitant d’une production de très bonne facture, Circle II Circle impose sa griffe et sa puissance avec ce nouvel album. Mélange de refrains accrocheurs, de riffs acides, de solos endiablés et parties progressives de qualité, Burden Of Truth se révèle être une réussite musicale incontestable, et même s'il faut un temps d’adaptation pour véritablement entrer dans l’album, il se découvre au fur et à mesure comme un album frais, puissant, intelligemment construit et diablement efficace. On regrettera ce manque de cohésion entre le concept de l’album, pourtant intéressant sur le papier, et la tonalité musicale. Là où Dream Theater ou encore Beyond Twilight ont engendré des merveilles de concept album que sont Metropolis et For The Love Of Art And Making, Circle II Circle n’a semble-t-il pas encore le potentiel de composition nécessaire pour parvenir à une cohérence entre le fond et la forme. Gageons que ça viendra.
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