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Grave Digger est un groupe de heavy metal allemand fondé en 1980 qui a sorti seize albums studio jusqu’à aujourd’hui (2014). Pour la petite histoire, les trois premiers albums sont plutôt anecdotiques (Heavy Metal Breakdown, Witch Hunter, War Games) puisque le groupe évoluait dans un heavy metal sympathique, canonique mais sans plus. Il ne faut pas se tromper quand même. Ces trois premiers opus ont fait exploser le groupe en Allemagne. Le succès a été au rendez-vous mais le groupe a implosé pour des problèmes d’égo et de drogue. Suite à un split de plusieurs années, qui a amené le groupe à changer de nom pendant un certain temps, Grave Digger revient sur le devant de la scène en 1993 avec l’album The Reaper. Depuis le groupe se forge une bonne réputation qui lui  permet de grandir et de se faire connaître même au-delà des frontières du Rhin.

La force du groupe tiens en Chris Boltendahl. Le chanteur, fondateur du groupe, et seul membre à être toujours là depuis sa création  a donné une patte caractéristique au ‘fossoyeur’ d’un coté grâce à sa voix au vitriol (il est vrai que l’on aime ou on la déteste, mais en tout cas elle ne laisse pas indifférent) de l’autre grâce à des riffs simples mais carrés et taillés dans le béton, d’un autre encore (mais combien de coté y-a-t-il ?) un songwriting qui va puiser dans l’histoire et la mythologie pour réaliser des concept albums intéressants. En dernier point il faut souligner aussi la régularité et la qualité des sorties du combo.

Voici donc que les albums les plus aboutis sont Tunes Of War (qui relate l’histoire de l’Ecosse jusqu’à la domination anglaise), Knights of the Cross (sur les Templiers), Excalibur (le roi Arthur), Rheingold (inspiré par l’œuvre Der Ring des Nibelungen du compositeur Richard Wagner).

Clash Of The Gods sorti en 2012 se révèle comme un très bon album. Il y a des éléments qui le pénalisent et qui ne lui permettent pas d’être un top album, néanmoins Grave Digger s’essaie à des petits changements ou évolutions qui font en sorte que l’écoute soit très agréable du début à la fin.

D’abord il nous faut constater les éléments qui fâchent. Le songwriting souvent simple se révèle faible sur un titre comme Clash Of The Gods. Il suffit de prendre le refrain pour preuve :

Clash Of The Gods
Clash Of The Gods
Clash Of The Gods
Clash Of The Gods

C’est vraiment mou du genou d’autan plus que ce titre donne le nom à l’album et devrait être le plus représentatif de tout l’opus. Deuxièmement Grave Digger pompe ses anciens titres. On peut nuancer puisque un artiste qui se pompe lui-même rentre plutôt dans le cadre de la citation voir de l’auto-citation, mais un connaisseur du groupe ne pourra pas se retenir de faire la moue. Un riff du titre Clash Of The Gods est pompé sur The Keeper of the Holy Grail de l’album Knight Of The Cross. De même et en pire le titre Call of the Sirens est pompé à fond sur le titre The Dark of the Sun de l’album Tunes Of War, à tel point que l’on peut chanter

In The Dark of the Sun
In The Dark of the Sun

au lieu de

It's the call of the sirens
It's the call of the dead


Par contre Grave Digger a fait un bon travail sur le fond et la forme. D’abord l’intro qui était toujours instrumentale cette fois-ci est chantée et de surcroit en allemand (le texte est en allemand) par Micha Rhein (In extremo). Ensuite le solo d’Axel Ritt sur God Of Terror est de pure marque  néoclassique et c’est une première pour un groupe comme Grave Digger. Il faut juste se rappeler qu’Axel Ritt avant d’intégrer le « fossoyer » était le master-mind (guitariste et compositeur principal) du groupe power Domain et qui était adepte de tels soli.
Enfin le chant clair de Chris Boltendahl sur le titre Walls of Sorrow permet un bon changement d’atmosphère qui se reflète sur le titre et sur tout l’album.

La force de cet album est donnée par le collectif qui offre une prestation carrée, solide et inspirée. Un groupe qui est sur la scène depuis près de 35 ans et qui propose de mid tempi et de tempi rapides à tout va, force le respect d’autan plus que sa prestation sur scène est irréprochable.

Grave Digger va encore plus loin en ne proposant pas un concept album mais un double concept album. Les titres 1-5 sont tirés de la mythologie grecque et les titres 7-11 sont tirés de l’Odyssée d’Homère et de l’Enéide de Virgile. Comme césure de ce double concept on trouve le titre numéro 7 (Death Angel & the Grave Digger) qui textuellement ne peut pas être rattaché ni à la première ni à la deuxième partie mais qui de par sa position dans la tracklist (en plein milieu) se présente comme la clef de voûte de l’album.

La première partie se configure alors ainsi : Charon (figure mythologique du panthéon étrusque passé ensuite à celui romain et puis grecque) est le « nocher des Enfers » c'est-à-dire celui qui conduit une embarcation. Son rôle était de faire passer sur sa barque, moyennant un péage, les ombres errantes des morts à travers le fleuve Achéron vers le séjour des morts (Tartare si coupables ou Champs Elysées si bienheureux). Mettre ce titre en ouverture n’est pas anodin puisque Grave Digger veut nous emporter avec lui vers un autre monde, celui de sa musique. God of Terror est inspiré par Hadès le dieu des enfers. Hell Dog parle de Cerbère le chien à trois têtes qui se trouvait sur l'un des seuils des enfers. Il empêchait aux ombres de sortir et aux vivants de rentrer. Medusa est la gorgone à la chevelure de serpents qui transformait en pierre tout être vivant qui croisait son regard. Clash of the Gods semble se référer à la lutte que les dieux de l’Olympe ont soutenue contre les Titans (titanomachie) pour pouvoir régner sur le monde des hommes.

La deuxième partie ou deuxième concept relate la vie d’Ulysse à partir de la chute de Troie jusqu’à à son retour chez lui à l’île d’Ithaque. Les sources sont l’Enéide de Virgile (la chute de Troie) et l’Odyssée d’Homère (les voyages d’Ulysse et son retour). Walls of Sorrow résume la ruse des soldats grecs d’offrir aux habitants de Troie un énorme cheval en bois comme offrande. En réalité le cheval est rempli de soldats qui pendant la nuit ouvriront les portes de la ville pour faire rentrer les autres et ainsi la saccager et la détruire. Call of the Sirens est la rencontre d’Ulysse avec les sirènes qui happent les marins grâce à leurs voix et ensuite elles les dévorent une fois leurs navires échoués.
Warriors Revenge est la liste de ce que Ulysse ressent  et de sa soif de vengeance une fois chez lui. En effet Ulysse était le roi de son île mais pendant sont absence plusieurs prétendants au trône se sont manifestés et en plus d’aspirer à son trône, ils essayent de séduire sa femme Pénélope. ...With the Wind c’est une instrumentale qui anticipe Home at Last qui célèbre le retour d'Ulysse chez lui. Ce dernier titre de l’album est en même temps celui qui a été choisi comme single. Le choix de ce single a été très judicieux puisque il résume bien l’album : rythmique entrainante, refrain fédérateur et très bonne prestation du groupe.

Pour résumer on peut dire que oui, peut être que la période la plus glorieuse de Grave Digger est celle de sa trilogie médiévale (Tunes Of War, Knights Of The Cross, Excalibur)  mais s’arrêter à ce constat signifie ne pas rendre justice à un groupe qui a continué et continue à sortir des albums toujours valables, intéressants et qui – comme sur ce Clash Of The Gods – sait faire preuve de (petites) innovations pour varier les plaisir.


Wanderer


note réelle mais peut être en mode fan boy : 8.5/10

0 Comments 26 septembre 2014
Whysy

Whysy

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