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La sortie de Dusk And Her Embrace a permis aux Anglais de se faire une place sur la scène extrême. Les ambiances très fortement teintées de romantisme sombre ont attiré pas mal de curieux recherchant autre chose que du raw black, légion à l'époque. Après deux ans et un remaniement de line-up (Damien Gregori laissant sa place aux claviers à Les Smith), le combo revient dans un concept album qui verra se diviser la "fan base" du groupe, une partie préférant les premières productions du groupe plus proche du black et du death. Premier concept album “Cruelty And The Beast” sera aussi le dernier album possédant des ambiances gothiques, les albums suivants devenant plus extrêmes préférant l'efficacité aux ambiances. Qui dit album conceptuel dit concept, en l'occurrence la légende hongroise de la Comtesse Bathory qu’on ne présente plus. Pour les ermites, “Blood Countess” Elizabeth Bathory était une noble au XVI siècle qui se baignait dans le sang de jeunes femmes. D'après la légende elle a fait 650 victimes puis a été emmurée vivante dans son château et mourut en 1614 à 44 ans, 4 ans après avoir été emmurée (un petit trou dans le mur permettait à la nourriture de passer). Ça promet des ambiances bien sombres ! Pour la petite histoire on retrouve Ingrid Pitt en guest à la narration dans le rôle de la comtesse, rôle qu’elle a tenu au cinéma dans Comtesse Dracula (1971) de Peter Sasdy.

Les claviers sont l’une des grandes forces de cet album majeur dans la discographie de CoF. Beaucoup plus présents par rapport à Dusk And Her Embrace, ils englobent les compositions d'éléments symphoniques qui accentuent d’autant plus le côté sombre et dramatique de la musique et servent à merveille le concept. Et il faut en profiter de ces claviers ! Car après cet album, Les Smith (dorénavant chez Anathema) cède sa place et le groupe n’arrivera pas à retrouver un claviériste dont les ambiances étaient à ce point recherchées. Du point de vue des influences, le groupe ne s’est jamais caché d’être fortement influencé par la NWOBHM. Ici elle cède sa place à des influences plus gothiques comme Sisters Of Mercy, cependant on garde des traces d’influences heavy dans le feeling des guitares par exemple.

La piste instrumentale d’introduction Once Upon Atrocity annonce la couleur. Elle crée une ambiance très torturée pour aboutir sur l’ouverture de Thirteen Autumns and A Widow par la disparition progressive des choeurs. Une des meilleures introduction d’album du groupe si ce n’est la meilleure à ce jour. Tout le reste de l’album est un concentré de ce à quoi le groupe nous avait habitué jusqu’ici : des couplets à deux guitares avec une octave de différence, un gros travail sur les ambiances et toujours ce détail sur les textes. Le groupe à réussi à garder son côté extrême des premiers albums tout en rajoutant énormément de parties mélodiques sans pour autant rendre les compositions pompeuses. Les ambiances s'enchaînent à travers les pistes et le corps du concept prend rapidement forme pour englober totalement l’auditeur dans la sombre histoire de la Comtesse.

Dani Filth utilise toujours plusieurs voix, la faisant varier d’un registre grave pour la narration à un registre plus aigu pour les couplets. On aime ou on déteste, le chant étant le même que sur les albums précédents, les allergiques aux cris de cochon devront encore passer leur chemin. La narration d’Ingrid Pitt se fait discrète mais tombe à point pour appuyer un couplet ou un break afin de renforcer la trame conceptuelle ou appuyer une ambiance créée au clavier.

On arrive dans le dernier tiers de l’album qui contient LA piste à écouter, Bathory Aria. Longue épopée de 11 minutes elle résume à elle seule les qualités et les défauts de Cruelty And The Beast. Piste fleuve recréant le monde du 16ème siècle, les ambiances y sont nombreuses, le chant varié, surabondance de riffs différents ! Plusieurs écoutes sont nécessaires pour entendre et comprendre la construction du morceau et en saisir toutes les subtilités et méandres. Les défauts globaux de l’album sont bien sûr présents, j’y reviendrais plus tard et en chipotant la fin de la piste est un poil trop longue et aurait mérité une fin plus rapide, amputée d’une bonne minute.

Certaines choses fâcheuses apparaissent quand même, notamment la place de la batterie dans le mixage. Même en remettant ça dans le contexte de l’époque (1998), la batterie est beaucoup trop lointaine et plate. Quel dommage Nick Barker (que l’on retrouvera sur Puritunical de Dimmu Borgir) aux fûts se déchaîne et se livre à une prestation monstrueuse et technique qui est malheureusement quasiment inaudible sans tendre l’oreille très attentivement. Ce son de batterie nuit à l’album et l’empêche d’être quasiment sans faute. L’album est de surcroît très mal produit, pas que le son soit mauvais mais il est beaucoup trop propre pour ce genre de concept album.

Un des albums majeur de la discographie du groupe donc, pierre angulaire qui marque leur passage vers des albums plus orientés sur l’efficacité (Thornograhpie, Nymphétamine, Midian) que les ambiances. Malgré une production dommageable pour la qualité de l’album, celui-ci reste un incontournable dans le style et reste plusieurs années après sa sortie une référence. A écouter ne serait-ce qu’une fois !


* NWOBHM : New Waves Of British Heavy Metal, mouvement musical associé au heavy metal (traditionnel principalement) qui émergea à la fin des années 1970 au Royaume-Uni.

0 Comments 30 octobre 2012
Whysy

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