Quatre ans après leur premier album, les messins de Deafening Silence reviennent en force avec un Backlash qui devrait ravir les amateurs de Heavy mélodique. Pour l’occasion, le groupe s’est fort sympathiquement soumis à une « petite » interview sans détours qui, je l’espère, vous donnera envie d’écouter sa musique (le 13 Mai sur Heavylaw) et d’aller le soutenir comme il se doit en concert !

Bonobo : Bonjour à tous ! Et au nom de toute l’équipe d’Heavylaw, un grand merci de nous accorder un peu de votre temps pour répondre à cette interview.
* Dans un premier temps, parlons un peu de vous…
Première question (d’une banalité affligeante) : pouvez-vous nous présenter le groupe pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore ?
Phil : Le groupe existe depuis 1997 et nous progressons dans un registre heavy metal. Il y a Nicolas Griette au chant, Guillaume Corsale et Michael Magagna aux guitares, le petit nouveau Eric Totti à la batterie, et moi, Phil Wax à la basse. On a été bercé par des groupes comme Helloween, Iron Maiden et Metallica, et quand t’es plus jeune, tu lis des mags de metal et tu t’imagines une vie de musicien. Enregistrer des albums, faire des tournées, visiter plein de pays, rencontrer plein de groupies !! La vie rock n’ roll quoi ! Alors on a eu envie de faire pareil mais, en fait, la réalité est toute autre aujourd’hui. Donc on se contente d’envoyer du bon heavy et de se faire plaisir en espérant que les gens vont nous suivre un peu.
Votre line-up a récemment évolué (départ de votre chanteur et de votre batteur) ; quelles en sont les raisons ? Gardez-vous toujours un contact avec eux ?
Phil : Julien est parti en 2005 car, à mon avis et ça n’engage que moi, il espérait plus avec Deafening Silence. Il devait en avoir marre de faire des petits concerts et il a prétexté qu’il voulait reprendre la basse (instrument qu’il pratiquait dans son ancien groupe) et monter un projet death metal. Bref, ça ne s’est pas fait et il a rejoint un autre groupe local en tant que chanteur. Peut-être espérait-il que ça marcherait mieux ! En tout cas, son groupe a splitté en fin d’année dernière et quand je l’ai revu en début d’année, il m’a dit qu’il abandonnait tout. Je trouve que c’est dommage mais c’est la vie. Quant à Romain, il nous a quittés pour des raisons privées et professionnelles. Sa copine vivant dans le sud de la France, il a eu une opportunité de travail là-bas et il est parti. Ce fut très difficile pour nous tous car c’était vraiment une super entente entre nous. Donc la séparation fut plus douloureuse avec Romain qu’avec Julien car les circonstances étaient différentes mais nous sommes quand même restés en contact.
Guillaume : Etre dans un groupe, quel qu’il soit, demande du temps et Julien n’avait plus ce temps à nous consacrer, je crois … Il faut savoir sacrifier d’autres choses pour le groupe, et je comprends très bien qu’à un moment donné il n’ait plus eu envie.
A-t-il été difficile de leur trouver des remplaçants ? Comment les avez-vous rencontrés ?
Phil : On connaissait déjà Nico avant que Julien ne s’en aille mais il était dans un autre groupe, Morpheus Embrace. Et le mois suivant le départ de Julien, Nico a souhaité auditionner, et il a tout de suite fait partie de notre groupe. Par contre pour remplacer Romain, ce fut plus difficile. Nous avons essayé plusieurs batteurs avant de rencontrer Eric. Et après son audition, on était quasiment sûr que c’était lui qu’il nous fallait.
Comment s’est passée l’intégration des deux nouveaux ? Pas de « bizutage » particulier ?
Guillaume : Pour Nico, vu les conditions, cela s’est très bien passé, nous avions besoin de changement, et il nous l’a apporté par sa personne. Maintenant c’est lui qui nous bizute à chaque fois … Pour Eric, il a fallu qu’il se farcisse tout notre répertoire, il a donc l’impression de ne faire que des reprises pour l’instant. Il est quand même bien motivé, et son « intégration » sera totale lorsqu’on passera aux nouvelles compos.
En tant que musiciens et fans de Metal, quelles sont vos influences ? Les groupes ou les personnes que vous admirez ?
Phil : Pour moi, le groupe ultime reste Helloween période Michael Kiske. Je suis un grand fan de Kiske, et encore aujourd’hui j’apprécie beaucoup son travail. Certes ça n’a rien à voir avec du metal mais j’aime bien son approche musicale. Mais à mon avis, le plus grand compositeur de metal de tout le temps est sans aucun doute James Hetfield. Metallica est le plus grand groupe de metal aujourd’hui et c’est le seul qui, de nos jours, peut remplir un stade dans n’importe quel pays du monde. Et ça, ça mérite le respect de tout le monde.
Guillaume : Pour moi, remplacez James Hetfield par Steve Harris et Metallica par Iron Maiden dans la réponse de Phil… Je suis également féru de Gamma Ray, qui renouvelle constamment sont propre style. Et guitaristiquement, c’est Van Halen.
Le Metal est un style assez peu médiatisé et souvent mal perçu ; avez-vous eu des difficultés à monter et à faire exister ce groupe, ou pensez-vous avoir été plutôt heureux jusque là ?
Phil : La France n’est malheureusement pas un pays suffisamment ouvert en matière de musique. Aujourd’hui pour vendre dans notre pays, il faut mettre une casquette sur un bandana, avoir des dents en or et des « biatches » en bikini qui dansent devant le capot d’une grosse bagnole. Les radios s’en branlent du metal mais on est rôdé maintenant.
Guillaume : En même temps, il s’agit de médias grands publics. Moi je voudrais rendre hommage à toutes les petites radios indépendantes qui passent notre musique. L’impact est plus limité, forcément, mais elles ont le mérite, comme nous, de sortir des règles mercantiles à la mode en ce moment. Si NRJ s’intéresse à nous je me poserais de grosses questions sur notre intégrité … Notre plus bel atout est Internet, qui ne dicte pas (encore) où aller chercher la créativité.
Quels sont, à cette date, les meilleurs et pires souvenirs de votre carrière ? Y a-t-il des anecdotes particulières ?
Phil : La fois où on a fait la première partie de Jeff Scott Soto à Eloyes fut mémorable. C’était la 1ere fois qu’on avait une loge et un frigo pour nous. On avait tellement le moral qu’on a dansé en calbute dans la loge quand Johanna, la responsable de l’association New Symphony qui nous faisait jouer, est entrée. C’était assez gênant mais on s’est bien marré. Le concert fut terrible et l’accueil excellent.
Gui : Le plus mauvais et certainement, pour nous, le départ de Romain.

* Entrons désormais dans le vif du sujet, la musique !
Quels échos avez-vous reçus après la sortie de votre premier album « Edge of Life » ? Qu’en avez-vous tiré comme expérience sur un plan personnel ou professionnel ?
Phil : L’accueil d’EOL fut assez bon et on a quand même réussi à vendre une licence en Russie et au Brésil. On a aussi appris à mieux gérer la pression d’un enregistrement, on est plus à l’aise sur scène. Bref, que du positif.
Quatre années se sont écoulées entre « Edge of Life » et « Backlash » ; pourquoi une si longue attente ?
Phil : C’est très simple. En 2003 et 2004, on a essayé de faire un maximum de concerts pour la promo tout en composant de nouveaux morceaux. En mai 2005, Julien nous a quittés donc il a fallu reprendre depuis le début avec Nico, même s'il a assimilé très rapidement l’ancien et le nouveau répertoire. Et en janvier 2006, on a commencé l’enregistrement de « Backlash » et après, on a voulu trouver un label un peu plus « international » pour la distribution de l’album mais il s’est avéré que les cd promos que l’on a envoyés avaient tous un son pourri, mais on l’a remarqué trop tard, donc on a essuyé beaucoup de refus. Vu que les semaines passaient et qu’on avait toujours rien, on a décidé de refaire un album avec Brennus. Donc énormément de choses ont joué en notre défaveur, ce qui explique pourquoi on a mis autant de temps à donner un successeur à EOL.
Comment s’est déroulé le processus de composition (qui a fait quoi ?) et l’enregistrement (où ? quand ? comment ?) ? Aviez-vous une pression particulière avant de faire cet album ?
Guillaume : Chacun a joué son rôle, dans la composition nous sommes restés ouverts à la critique. Chacun a pu donner son avis sur les chansons. Pour l’enregistrement on est allé en studio enregistrer la batterie et la basse, les guitares on été faites en Home Studio, comme le chant, et nous sommes retourné mixer le tout en studio. C’est très artisanal, mais économique, et nous avons donc eu beaucoup plus de temps pour peaufiner chaque étape. Et beaucoup moins stressant.
Quels sont les thèmes abordés dans « Backlash » ? Y a-t-il un concept ou un fil rouge qui relie les différents morceaux de l’album ?
Guillaume : Nous avons fait comme toujours, nous avons essayé de trouver des paroles qui collaient à l’esprit des morceaux plutôt que d’évoluer dans un concept qui nous aurait limité. On a déjà essayé par le passé, et ça ne nous va pas. On se sent prisonnier, et c’est négatif pour notre « créativité ».
Sur ce nouvel album, votre musique semble avoir évolué vers quelque chose de plus direct, ancré notamment dans le Metal les années 80. Cette évolution était-elle prévue dès le départ ou s’est-elle faite de manière « naturelle » ?
Phil : Rien n’était prévu. On a juste joué les nouveaux titres à l’instinct, comme on l’a toujours fait. On fait de la musique pour se faire plaisir, sans prise de tête. Le metal des 80’s fait partie de nos racines donc il est logique que ça se ressente dans notre musique. Nous n’avons jamais caché nos influences car ça ne sert à rien de dire que personne ne nous a influencés. Si tu dis ça, tu risques plus de perdre ta crédibilité aux yeux de ceux qui écoutent ta musique que de gagner leur respect. On a toujours écouté du heavy metal style Maiden et Helloween donc il y avait peu de chance que l’on se lance dans du black ou du death même si on en écoute aujourd’hui.
Pour ma part, je citerai 3 titres qui me paraissent sortir du lot (The Seal Of The Damned, Backlash, Too young to die). Avez-vous des titres favoris sur cet album ?
Phil : Je dirais Backlash, Groundbreaker et Nothing Remains.
Guillaume : Pour moi, Seal of the Damned, Backlash et Groundbreaker.
Phil : En fait, ça dépend de quel point de vue on se place. Les titres que j’ai cités sont ceux que je préfère jouer. J’adore « Seal of the damned » mais je préfère l’écouter plutôt que de la jouer.
Quels sont, d’après vous, les points forts (et éventuellement les points faibles) de ce nouvel album ?
Guillaume : Il est rond et avec un trou au milieu pour le mettre dans des platines CD… C’est une question très difficile pour nous, étant donné notre implication dans le projet. Et puis en temps que musicien, on a toujours envie de changer ceci ou cela, refaire tel passage …
Phil : Le point faible, d’après les chroniques, est sans doute la production, mais il faut bien que les gens se mettent dans la tête que c’est ce son que l’on voulait pour cet album, et il sera certainement différent pour le prochain.

* Concernant l’avenir :
Il est intéressant de remarquer que les trois titres dont je parlais précédemment évoluent chacun dans un style différent (Heavy épique à la Maiden, Speed à la Helloween, Heavy mélodique à la Hammerfall/Edguy…) et chacun est composé par un membre différent. A l’avenir, dans quelle voie musicale pensez-vous continuer ? Une succession de titres aux ambiances différentes, ou un mélange de ces ambiances au sein même des morceaux ?
Phil : Seul l’avenir nous le dira. On va continuer de faire comme on a toujours fait c’est-à-dire qu’on va faire tourner les chansons jusqu’à ce qu’elles prennent formes d’elles-mêmes. Mais une chose est sûre, c’est qu’on continuera à faire du heavy mélodique tantôt speed, tantôt plus posé.
Quels sont vos projets dans un avenir proche et à plus long terme ? Des concerts, une tournée ?
Guillaume : On aimerait tellement que ce soit le cas … Nous sommes contraints de prendre ce qu’on nous donne, et de trouver nous-mêmes nos concerts, tant qu’on ne nous propose rien de bien. C’est l’éternel problème du groupe Français qui doit d’abord faire ses preuves à l’étranger pour mériter le respect dans sa propre patrie, sans quoi vous êtes systématiquement moins bien que les autres.
Avez-vous déjà des compos ou des idées pour le prochain album ? Faudra-t-il encore attendre 4 ans ?
Phil : Non, le prochain disque viendra plus rapidement c’est sûr. Quand on fait le compte du nombre de compos que chacun a de son côté, on a déjà suffisamment de matériel pour un album complet. Il ne reste qu’à mettre les morceaux en place.
Vous êtes signés chez Brennus, quelle relation entretenez-vous avec ce label ? Etes-vous satisfaits de la promotion ? Envisagez-vous une distribution européenne ?
Phil : Avec Brennus, et Alain Ricard en particulier, on entretient une relation amicale. C’est l’avantage d’être sur un petit label, c’est plus convivial mais c’est vrai qu’au niveau promo, c’est pas le top car qui dit petit label, dit petit budget. Mais on le savait dès le départ. Alain ne nous a jamais dit « les gars je vous ferai une promo d’enfer ! ». Il nous a expliqué comment il faisait fonctionner son label et cela ne nous a pas empêché de signer avec lui. Mais c’est sûr que si un plus gros label nous propose quelque chose d’intéressant, nous choisirons probablement cette option. Il ne faut pas se voiler la face. Même si tout se passe très bien avec Brennus, nous ne laisserons pas filer une opportunité plus importante. Quant à une distribution européenne, ça suit son cours. Alain cherche de son côté et nous du nôtre. Pour Edge Of Life, nous avions réussi à vendre une licence en Russie mais c’était en 2004, et depuis le marché du disque a un peu changé et les labels sont plus frileux qu’auparavant. Mais je reste confiant pour la suite.
En dehors de Deafening Silence, avez-vous d’autres projets ou activités ?
Phil : Depuis le début de l’année, je fais des chroniques d’albums et des interviews pour un webzine (NdB: Aux portes du Metal), histoire de voir ce que ça fait d’être de l’autre côté du dictaphone. Ça permet aussi de prendre conscience que ce n’est pas toujours évident de faire une chronique d’album et depuis que je fais ça, je me suis rendu compte que certains « chroniqueurs » ne se faisaient pas trop chier lorsqu’il s’agit d’un groupe venant d’un petit label indépendant comme nous par exemple. Pour eux, petit groupe sur petit label signifie petite chronique insignifiante et souvent bien après la date de sortie. Je suis sûr que certains d’entre eux ne savent même pas de quoi ils parlent mais heureusement qu’ils ne sont pas nombreux.
Guillaume : Aucun, J’ai fait partie par le passé d’un autre groupe en même temps, et ça ne m'a pas plu, j’avais l’impression de faire un petit dans le dos aux autres membres du groupe. Deafening Silence est ma priorité, tout simplement.
Comment voyez-vous l‘évolution de la scène Metal en France dans les années à venir ? Quel rôle pensez-vous y jouer ?
Phil : Si personne ne fait rien, la scène Metal en France restera là où elle est. Il y a plein de groupes capables de rivaliser avec les formations allemandes ou scandinaves mais personne ne veux investir d’argent. Et une production digne de ce nom ne coûte pas des clopinettes. Si on nous permet de faire un album avec un bon producteur, je pense que nous avons les capacités pour être parmi les représentants de la France dans le milieu du Metal.
Tradition Heavylaw oblige, quelques « questions à la con » pour finir…
Vous êtes plutôt…
- Slip ou caleçon ?
Phil : Caleçon
Guillaume : Slip.
- Cuir ou spandex ?
Phil : Cuir
Guillaume : Short en cuir
- Iron Maiden ou Helloween ?
Phil : Helloween
Guillaume : Iron Maiden
- Blondes ou brunes (les bières) ?
Phil : Blondes
Guillaume : Brunes
- Blondes ou brunes (pas les bières…) ?
Phil : si je dis brune, ma blonde me tue alors blonde !!!
Guillaume : décidément, c’est tout l’inverse de toi Phil !! Brunes …
Un dernier mot à ajouter pour les lecteurs d’Heaylaw ?
Phil : En espérant que vous serez nombreux à acheter l’album car j’aimerais bien partir en vacances à Bora Bora… sinon continuez à lire Heavylaw le webzine qu’il vous faut ! (comme c’est pourri ce que je viens de dire !)
Guillaume : Merci à vous, et à tous ceux qui aiment le métal, et qui nous soutiennent. Sinon, mon dernier mot sera entrecôte.
Merci pour cette interview, et on vous souhaite le meilleur pour la suite du groupe.
En espérant vous croiser bientôt en concert…
Métalliquement vôtre, lml
Bonobo.