Une chose est certaine, la scène métal espagnole est en plein boum, et ce dans de nombreux styles. On connaît déjà quelques pointures en folk (Mago de Oz ou Tierra Santa) ou en heavy speed, c’est au tour de Anvil Of Doom de s’attaquer à un gros morceau, le death mélodique. Gros morceau parce que le phénomène qui a touché et qui touche encore le power / speed / heavy, à savoir une saturation du style avec un nombre incalculable de nouveaux groupes qui en a rendu très difficile sa lisibilité et même son intérêt pour certains, commence à faire effet boule de neige sur le death mélodique, à une échelle cependant plus limitée. Les pionniers, à savoir les groupes suédois (Opeth, Soilwork, In Flames ou encore Dark Tranquility), ce qu’on appelle généralement le métal de Göteborg, sont installés solidement sur les premières marches et il devient de plus en plus difficile pour les nouveaux de tirer leur épingle du jeu.
Alors évidemment, Anvil Of Doom part avec un désavantage certain par rapport à ses cousins scandinaves, mais il n’entend pas lâcher le morceau et ce Deathillusion nous en offre la preuve.
On le sait, le death mélodique est un style relativement codifié, codes auxquels il est difficile de s’extraire pour imposer sa griffe. Donc on retrouve dans cet album les particularités du death mélodique, à savoir des compositions très rapides, très enlevées, des duels de guitares supersoniques, un chant typé death, c'est-à-dire guttural. Ce Deathillusion nous transmet de fort belle manière toutes ces choses : on a droit à de très bons refrains, accrocheurs à souhait, des riffs guitare venimeux comme le font si bien les groupes de death mélodique et de très bons solos. Le chant est quant à lui relativement bon, sans atteindre la force et la maîtrise des suédois, malgré les alternances graves / aiguës.
Côté innovation, on note la présence d’une instrumentale, Purifying Rain, très courte mais qui coupe l’album en deux, puisque cette instrumentale est un titre très calme. Deux avantages à cela : le premier étant de permettre une pause appréciable, le death mélodique n’étant pas une musique très digeste sur le long terme, et le second étant de donner une dimension supplémentaire à la fin de l’album tout en puissance. On retrouve un peu cela sur …Waiting, avec une partie plus calme en milieu de titre chanté en clair, très appréciable et agréable pour couper le rythme survitaminé de la chanson.
Au final, il manque quelques petites choses aux Espagnols pour pouvoir faire figure d’outsider sérieux aux géants suédois : une meilleure production, un peu plus d’épaisseur et de diversité dans leurs compositions (les ibériques ouvrent des brèches intéressantes avec l’instrumentale notamment) et ce petit grain d’originalité qui pourrait leur permettre de décoller. Anvil Of Doom n’a ni la force de percussion d’un Dark Tranquility, ni la puissance mélodique d’un Opeth, mais avec un peu plus d’expérience et de « folie », on pourrait bien avoir quelques agréables surprises dans le futur. A suivre.
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