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My Inner Burning viennent d'Allemagne et se définissent comme «metal mélodique à chanteuse». Et rien que là, on peut s'imaginer le meilleur comme le pire, tant cette appellation générique peut être vaste et gage, ou non, de qualité. Alors nos germains, eux, se situeraient-ils dans la lignée remarquable d'un combo comme Diary of Destruction ou sera-t-il plutôt du genre à méchamment lorgner sur Evanescence comme ce qu'offre Akentra ? Point commun avec les deux groupes, c'est de ne pas avoir de clavier, et donc, une musique plus rentre-dedans oblige, qui ne fait pas dans la dentelle ni les effets en tout genre.

Il faut préciser que «11 Scars» est le second album du groupe, succédant à l'éponyme «My Inner Burning» qui, à tord ou à raison, n'a pas fait grand bruit hors des frontières de l'Allemagne, c'est donc pour beaucoup une découverte qui sera accomplie à l'écoute de ce nouvel opus. Sauf qu'avec une scène si infestée par la mauvaise qualité, il faut vraisemblablement des armes forgées dans le béton armé pour pouvoir s'en sortir, et même dans ces conditions, il n'est pas certain que vous soyez repérés.

Quoi qu'il en soit, sans retourner le monde et s'approprier le rôle de nouveau messie de la scène, le combo germanique s'en tire globalement très bien, si l'on excepte quelques petites faiblesses. A commencer, dans le rayon «à virer impérativement», les ballades endormantes à la «When I'm Gone», qui n'ont aucun charme, attrait ou avantage, même Avril Lavigne possède un titre comme celui-ci sur son dernier album, c'est dire. Et les guitares trop discrètes et tardives sont totalement inutiles, dérisoires, laissent la désagréable impression que My Inner Burning est à côté de la plaque et dans un registre similaire, les grecs d'Elysion font de meilleures balades, notamment car la voix de la chanteuse s'y prête mieux et qu'ils savent où placer les guitares pour éviter de tomber dans le piège.

La triplette «Masquerade», «Analize» et «Electrified» fait mouche tout de suite, et quoi de mieux pour introduire un opus que de déverser un bon flot de riffs, munis de refrains efficaces et propice au headbang, qui doivent d'ailleurs donner un effet de boeuf sur scène. Quelques grunts discrets par-ci, quelques petites touches d'electro par-là, quoiqu'il en soit, si l'on ne touche pas du doigt l'originalité, on se retrouve face à des titres bien inspirés, convaincants, qui donnent envie d'être écoutés encore et encore, la touche «play» de votre lecteur trépigne d'impatience d'être réactivée pour lancer de petites bombes comme celles-ci. En plus, avec la production top-qualité que se payent les cinq mousquetaires, chaque élément est bel et bien mis en valeur, donnant encore plus de relief et de charme à la musique.

Sauf que la redondance pointe le bout de son nez avec «Demons», qui ne parvient pas à se munir de la force d'un refrain vivifiant, du coup, lorsque vous devrez retenir un morceau, votre choix ira bien plus sur un «Analize», d'une bien meilleure qualité. Faux pas préjudiciable qui contraste avec la qualité d'un «Gone Wrong», où le chant masculin ponctuera le titre et les guitares qui déferlent, la voix féminine chaude et puissante de Becky accomplissant le reste. D'ailleurs, sur la voix du monsieur, pensez à Benighted Soul dans la démarche, la voix de Deibl n'étant pas très éloignée de celle de Djang. Dans ce registre, «Done with Denial» est très sympathique mais ne possède pas ce refrain creusé que l'on aurait aimé entendre.

Ce qui est plaisant avec My Inner Burning, c'est qu'ils savent faire des bombes sans se rempomper. Même si les structures sont plutôt ressemblantes, malgré des changements de construction comme des breaks ou des parties plus décousues, où une variation rythmique adroitement menée comme avec l'excellente «Enemy of Mine», on se prend au jeu. C'est ce qui rend si efficace et jouissive la puissante «For the Last Time» qui possède tous les attributs pour devenir un coup de coeur immédiat chez quiconque. Comment résister à cette force, entraînante et dansante, à ce refrain bourré d'énergie, la voix féminine très chaleureuse, plus proche heureusement qu'une Doro que d'une Sharon den Adel, pour pouvoir coller au style. Ce chant féminin, c'est un peu cette colle de la marque qualité qui fait l'union entre tous les morceaux, ne faiblissant pas et étant pleine d'émotions, mais pas vraiment adaptée à la ballade.

L'aventure se termine sur «New Breed», moderne, où les sonorités electro sont omniprésentes mais plus dans le rôle de soutien, ce qui évite d'en faire trop et fait gagner à la rythmique un regain d'intérêt massif, et «Home-Sick», qui débute assez mal pour se reprendre sur le refrain et donner les tripes de la chanteuse étalées sur le sol. Cette power-ballade, pas mauvais du tout, il faut l'avouer, fait oublier partiellement «When I'm Gone», mais la formation allemande est prévenue : on ne veut plus de ce genre de ballades à faire pleurer … personne, en fait.

Le constat est clair, «11 Scars» n'est pas original, mais horriblement accrocheur en revanche ! Balançant entre hymnes frais, morceaux inspirés, guitares puissantes, énergie débordante, mais aussi titres plus dispensables (sautez «When I'm Gone» et «Demons» si vous voulez conserver uniquement les qualités citées ci-dessus). Alors si le style ne sera pas bouleversé, il n'est nullement interdit de dire «My Inner Burning, c'est du bon !» car objectivement, ce serait mentir que de qualifier cette nouvelle galette de mauvaise. Alors profitez-en car de la qualité comme ça dans le metal melodique, ça ne se retrouve pas chaque jour. Cependant, il va falloir se creuser un peu plus pour trouver un son personnel, sinon j'ai bien peur de voir un potentiel pareil se noyer dans la masse.

0 Comments 26 février 2011
Whysy

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