On connaissait le penchant qu’a Ettore Rigotti pour le death mélodique étant lui même initiateur du groupe Disarmonia Mundi et The Stranded. Le Turinois défend ardemment la cause du style extrême avec ses moyens et c’est pour cela qu’il est aussi partie prenante du label Coroner Records et se charge de faire de nombreux mixages pour des groupes tels que Rise To Fall, Neptune, 5 Star Grave... Ce qu’on savait aussi c’est que l’Italien a une tendance à donner un coup de pouce aux groupes issus de l’empire du soleil levant. Avec ses apparitions au micro avec Blood Stain Child sur Epsilon et plus récemment avec son projet Imaginary Flying Machine et la sortie de l’album Princess Ghibli (qui n’est rien de plus qu’une projection des musiques issues des films de Miyazaki au travers du prisme du death mélo italien), on ne pourrait désavouer cette fibre de plus en plus présente dans la vie artistique du musicien.
Pour compléter son oeuvre, Ettore présente sous l'étendard de Coroner un nouveau groupe tokyoïte officiant dans un genre bien compressé et délivrant une prestation dans les lignes précédemment définies. Le combo nippon se compose de trois musiciens au look androgyne Shogo (basse), Shuji (batterie) et Ryoji (chant, clavier et guitare). Même si la composition semble minimaliste, nous savons que beaucoup de groupes formés par trois musiciens semblent amplement suffisants pour développer une carrière qui n’a pas à rougir, et vous penserez naturellement à Motorhead ou Rage dans un registre plus heavy. En effet, la puissance délivrée par nos Japonais n’a rien à envier à ses ainés, car avec Fascinating Violence, on flirte de nombreuses fois avec une rage décuplée à coups de double pédale, de chants dissonants et de riffs cinglants. Le petit groupe se jette dans la fosse aux lions et se démène comme il le peut pour livrer un combat à mort. Les mélodies se veulent percutantes avec une violence affichée, et/ou rien n’est dissimulé. Les parties vocales temporisent les passages agressifs (« A Dynasty »), l’élaboration de la structure musicale se concrétise par un amoncèlement de cris et de tempo ultra speed (« Final Revenge »).
Alors pour tout vous dire, ça fait un peu la synthèse de la musicalité du combo. Car malheureusement c’est l’ennui qui gagne l’écoute, et ce, très rapidement. Le premier titre est balancé sans fioriture dans nos esgourdes. Ça fait l’effet d’une pénétration anale sans vaseline ni préliminaire... Le résultat est donc sans appel : ça fait mal au cul ! Et encore si c’était une orientation clairement assumée par nos musiciens, cela aurait pu être amusant. Mais lorsqu’on découvre le deuxième titre « Desperately », on se demande pourquoi avoir essayé de mettre des ornements sur une intro si c’était pour la diluer après un titre ultraviolent. En fait ce qui est gênant c’est l’ordre de passage des chansons qui semble avoir été décidé au petit bonheur la chance sans réelle orientation artistique. Du coup, on est perdu et je déplore ce squelette musical friable dont l’ossature perfectible aurait gagné à être revue pour plus d’impact auditif.
Fascinating Violence dévoile donc un tissu musical abordant le sujet de la frénésie sous l’ardeur des instruments. OK, ça, on l’avait bien compris, mais pour autant est-ce que la vitesse est-elle obligatoire pour approfondir le sentiment de brutalité ? Avec des titres tels que « Day Of The Funeral », on s’attarde sur une rythmique vitaminée et dont la célérité rivaliserait avec les champions (DragonForce), mais le déluge de notes n’apporte pas vraiment de réponse au sujet. C’est un amas de double caisse avec un riff linéaire et des cris qu’on nous sert. En plus clair, du bruit. Rien de plus. Et encore c’est un exemple, mais l’intégralité de l’album est noyée par une homogénéité qui étouffe l’auditeur. Le mixage pousse la sonorité à la limite de l’écoutable. La passion dévorante pour une nuée de notes dont l’agencement ne suit que la règle de l’aléatoire ne fera triper que le producteur et les musiciens. Je ne vois pas comment on peut s’extasier devant des titres interprétés sur une uniformité pénalisante, avec si peu de personnalité (la comparaison avec Disamonia Mundi est vraiment frappante), et avec si peu de modulation. Je suis extrêmement sensible au feeling et aux originalités, et je peux vous dire que cet album n’en contient aucunement. Au contraire, on va droit au mur et on y rentre avec la tête bien la première.
Dès la première écoute, je savais bien que ça allait être mauvais d’un bout à l’autre. J’ai malgré tout donné sa chance au produit, mais je n’aime vraiment pas la musique pour robot. La pauvreté des mélodies et le régime linéaire auront eu raison de moi. Les filtres vocaux omniprésents m’ont épuisé et les déboires des Japonais devront rester loin de moi dès à présent. Je ne sais pas si c’est la conception musicale nippone qui n’est tout simplement pas à mon goût (ce que je peux concevoir), mais dites moi si j’ai tort ! Comment avez-vous accepté une production mal calibrée et mixée avec les pieds et dont la bouillie sonore donne la nausée ? J’ai pourtant de la famille dans le Piedmont, mais sur ce coup là Ettore je ne vous comprends pas !
Comments powered by Disqus