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Metal / Auto-produit / Novembre 2018

Note : 7/10

Une étude a récemment déterminé que la musique que nous préférons est celle que nous écoutions lors de notre adolescence. Période où l'être humain se construit et où ce qui l'entoure va le plus influencer sa personnalité, un évènement même passable de cette époque (votre pire soirée bouteille par exemple) aura meilleure presse aujourd'hui auprès de vous-même que l’apéro générique dans lequel vous avez été trainés la semaine dernière.

Et si chacun cherche à se projeter dans le futur, avec les pertes de certitudes ou bien les recherches d'accomplissement de soi, l'appel de la nostalgie ne s'en fait que plus pressant et regarder dans le rétroviseur de sa propre vie devient une sorte de leçon dispensée par son incarnation passée permettant de mieux se redéfinir.
Qui suis-je ? Où suis-je ? Me meus-je ?

C'est dans cette optique, ou certainement sans le savoir, qu'Adrien Djouadou et Adrien Guingal ont décidé de réactiver Frost, le groupe de leur adolescence, dix ans après avoir mis le projet en sommeil. Entre temps il y eut Le Regretté Nobelium (oui, lui aussi dans la famille de Miles Davis, comprenne qui pourra) mais il était temps de revenir aux sources. Et d'une façon originale puisque "Kings of Light" est en réalité un réenregistrement de l'album composé par le groupe il y a tant d'années. Et l'album a été repris tel quel, si ce n'est à quelques arrangements près.

Et Frost, qu'est-ce que c'est donc ? Et bien pensez à des mecs qui aiment le rock n' roll et jouent du hard rock mais dans un album heavy metal. Bon, dit comme ça, ça a l'air d'autant dire grand chose qu'un argumentaire sur la platitude de la Terre (en même temps, j'ai regardé à l'horizon l'autre jour, et si c'était rond, ça se verrait !) mais ce qu'il faut en retenir est que nous avons affaire avec "Kings of Light" à un album "globalement" métal mais rempli d'inspirations et d'un désir d'éclectisme.

Si Nobelium montrait un groupe aimant explorer la Musique dans de multiples recoins, Frost en est le prélude et montre déjà de grandes dispositions pour les variations de style tout au long de l'album et au sein même des morceaux. Le morceau d'ouverture "...Frost..." en est une belle illustration avec son riff épais, ses couplets quasiment déclamés, ses ponts très rock et son refrain qui voudrait presque se la jouer opéra. Remarquez, c'est toujours du gâchis de posséder un organe de qualité et de ne pas s'en servir.

Et l'on pourrait presque passer chaque morceau en revue pour expliquer en quoi chacun se démarque du précédent. Du power costaud "Born in a Grave" au plus majestueux "The Grave Walker" en passant par le mid-tempo hard rock "The Devil May Cry", il est impressionnant de constater l'aisance des membres du groupe à maitriser plusieurs styles et savoir les incorporer ensemble malgré leur jeune âge de l'époque.

Si certaines influences peuvent sauter aux oreilles, notamment Rammstein sur le riff de "God's Twilight", l'album garde une admirable personnalité et une grande cohérence tout en faisant preuve d'hétérogénéité. Faites un tour dans l'inquiétant et symphonique "Killing the Night" ou envolez-vous avec la très réussie power-ballade "Under The Night With A Ghost" si vous n'êtes pas encore convaincus.

Mais bon. Ah oui, voilà le mec il arrive, il gâche tout avec ses "mais". "Vous avez encore fait une super année, l'entreprise ne s'est jamais aussi bien portée MAIS on n'augmentera personne parce que c'est la crise, vous savez".

Bref. Malgré une qualité d'écriture et d'interprétation évidente, "Kings of Light" souffre d'un certain manque de relief au niveau de la prod, empêchant ses morceaux de libérer tout leur potentiel et gardant le propos général bien trop sage. Ceci dit, pour un enregistrement maison, le résultat est quand même remarquable. Ensuite, si vous avez du mal avec les accents français qui s'entendent un peu trop sur du chant anglais, ce n'est peut-être pas "Kings of Light" qui va vous réconcilier avec, même s'il s'agit là d'une appréciation très subjective. On pourrait aussi regretter le peu de chaleur se dégageant de l'album mais bon, quand le groupe s'appelle "Frost", what did you expect ?

En définitive, difficile de donner un avis réel sur cet album. Composé par de jeunes têtes brulées qui n'avaient pas encore appris à dériver une fonction polynomiale du second degré, le travail réalisé est impressionnant si l'on prend en compte le contexte. Mis au goût du jour, "Kings of Light" reste un bon album plein de bonnes idées et très bien interprété mais encore un peu timide à qui il ne manquerait pas grand chose pour être plus percutant.

L'album dans une coquille de noix :

"Imaginez si le nom des groupes devenait inclusif. Ca s'appelerait Frost.i.e.s et on pourrait filer nos albums dans les paquets de céréales."

L'album dans une bogue de marron :

"Hmmm, Frost, ah tiens, le batteur d'Immortal a sorti un album ?

_ Non, c'est Horg, le batteur d'Immortal.

_ Ah.

_ Oui.

_ Mais c'est qui Frost alors ?

_ C'est le batteur de Satyricon.

_ Ah.

_ Mais c'est pas lui non plus sur l'album.

_ Ah."

0 Comments 07 novembre 2018
Spade

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