En 1993 et 1995 avec Covenant et Domination le groupe Morbid Angel a réalisé un presque sans faute. La grande nouveauté était le recrutement d’un deuxième gratteur Erik Rutan pour épauler Trey Azagthoth et donner encore plus de profondeur et de puissance à la bête. Vous imaginez bien la surprise à l’écoute du titre Idiosyncrasy de Scarred de tomber sur un morceau calqué sur le titre Where the slime lives de l’Ange Morbide. En 1996 Roots de Sepultura avait divisé le monde métallique tellement il avait été détesté ou aimé. Et une bonne dose de Roots plane sur l’album de Scarred. Si à tout ceci vous rajoutez que le chant de Sacha Breuer est par moment tellement proche de celui de Karl Middleton des légendaires Earthtone 9 (groupe qui a lancé la vague hardcore fin années '90) alors on peut se poser une question.
Tout va mal ? Que non.
En effet Scarred est un combo luxembourgeois qui après son premier album New Filth Order sorti en autoproduction en 2009 a pu décrocher un contrat chez Klonosphere et sortir aujourd’hui son deuxième album Gaia – Medea. Gaia – Medea est un album dense, bien structuré, bien interprété, bien joué et qui mérite plusieurs écoutes pour se laisser vraiment apprécier et savourer. On appelle cette musique du "groove metal" mais il faut nuancer car même le dernier de The Haunted est "groove metal" mais les deux albums sont aux antipodes. Ici on a du "groove metal" pour la lourdeur tellement proche à Meshuggah couplé à du thrash et à du death metal. Si on peut évoquer les noms de Gojira, Nevermore, Machine Head ou Fear Factory, nous pensons que la référence à Morbid Angel est la plus flagrante. Et de loin.
A ce death metal il faut rajouter une très bonne production où même la basse est enfin mise en avant et un coté atmosphérique avec un chant death voir hardcore.
Voici la formule mathématique : groove ou mieux DJENT+ 1/6 thrash + 1/6 Morbid Angel + 1/6 hardcore + 2/6 death + 1/6 atmosphérique
Multiplié un bon talent et vous aurez Scarred version 2013.
Gaia ouvre les hostilités et encore une référence saute aux oreilles sur le break, cette fois ci c’est In Flames. Les lignes de guitares sont mélodiques, le chant torturé, la batterie un rouleau compresseur, la basse alourdit encore plus le tout. Il n’y a pas d’échappatoire, ni de salut. Et si on saute sur le faible Cinder (riff un peu fade), l’album ne perd pas une miette de sa force et de son inspiration.
Évidement quand j’ai cité les groupes qui sautent aux oreilles à l’écoute de cet album, j’ai grossi le trait. Il ne faut pas m’en vouloir. Il faut saluer la bonne preuve d’un groupe qui a tout ses moyens et tous les qualités pour progresser encore et montrer que la Vieille Europe a plus d’un tour d’en son sac. Du coup si on élimine les quelques imperfections citées plus haut, on peut saluer cet album pour ses prouesses : d’abord chaque titre se différencie d’un autre (l’ouverture de The Great Pan(dem)ic a un caractère presque progressif vraiment jouissif). La prestation de Sacha Breuer est remarquable tellement y met de la voix et les gratteurs Bertrand "Troll" Pinna et Diogo Bastos machinent riff sur riff comme si leur vie en dépendait.
Cet album est conseillé aux amateurs de death / thrash bien racé et qui affectionnent une certaine noirceur. Si Scarred arrive à gommer les quelques défauts déjà nommés, l’avenir ne peut que lui sourire.
wanderer
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