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Deuxième opus du guitar-hero Boguslaw Balcerak, qu'il publie à nouveau sous le nom mélodieux et facilement prononçable de Boguslaw Balcerak's Crylord, Gates Of Valhalla est une agréable surprise pour celui qui aurait pu croire que le power metal néoclassique était un genre à faire peur. Est-ce parce que l'ami Boguslaw ne pratique pas vraiment de power metal néoclassique ? Hum, je vais encore me faire des copains, moi.

Bon c'est quoi le power néo ? Du power avec des solos Paganini-style, du clavecin et une chorale de 150 personnes coincées dans un synthé ? Allez, ça peut se faire, allons-y, envoyez je suis prêt. A condition qu'il y ait des bons morceaux, parce que si c'est pour écouter notre pote Bogus se toucher la nouille pendant 1h20 très peu pour moi. Et là, surprise, on découvre qu'en fait d'intro marmoréenne poussive on a droit à deux coups de charleston et en voiture Simone, envoie la ganzou. C'est puissant, rapide, légèrement épique, et surtout c'est bon ! Eh oui, qui aurait pu le croire, mais en fait il existe des guitaristes de power capables de composer des morceaux simples et efficaces et surtout basés sur un riff ou une ligne mélodique écrite avec intelligence et tact.

Tact les mecs, tu peux envoyer la purée, monter les potards à onze mais fais-le avec tact, subtilité, intelligence, c'est possible. We Came To Rock c'est vraiment l'archétype de cette démarche. Déjà le titre, tu crains le pire. Quelques notes de Bontempi plus tard tu comprends que tu as sans doute dû t'égarer dans un des cercles de l'enfer de Dante lorsque soudain, tel Orphée inventant la lyre à neuf cordes des millénaires avant Ihsahn, le thème principal du morceau apparaît, resplendissant de majesté dans toute la gloire de sa beauté néoclassique.

Oui, en fait, j'en rajoutais un chouilla, vous avez vraiment cru que We Came To Rock pouvait être un bon exemple de power metal néoclassique subtil ? Sans aller jusqu'à lui faire l'insulte de laisser croire à ses fans qu'il s'agit d'un artiste intelligent, le Bo est pas du genre pur percheron, même si on sent une certaine envie de laisser courir ses doigt le long de son manche. Je n'irais pas jusqu'à parler sérieusement de subtilité mais oui, il y a dans cette musique surpuissante et prétentieuse des traces de finesse, d'un style certain. Que l'on ne retrouve pas dans le lourdingue Mirrored Eyes c'est certain, ni (et c'est fort dommage) dans la sympathique ballade Lost Again chantée par Goran Edman. Regrettable dans le sens où on comprend que Mr B. a voulu mettre les petits plats dans les grands avec ce long et beau morceau, mais qui ne marche guère.

A l'opposé, quelle qualité dans les Pompeii, Gates Of Valhalla, We Came To Rock et le fantastique refrain de Judgement Day : quand la bande à Balcerak se décide à tailler dans le gras et nous proposer du power racé, puissant et agile, voilà du bon son, là on est d'accord. Je ne vous ferai pas comme ailleurs le CV de chaque chanteur, sachez juste que Rick Altzi et Mark Boals envoient du pâté dans les grandes largeurs, que Carsten Schulz fait un job honnête et que Ricky Wichowaniec était rétrospectivement une erreur de casting. Quant à Edman on en a parlé, il fait de son mieux mais ne parvient pas à sauver ce qui était supposé être le cœur de l'album.

La vraie star c'est le Bogusman bien sûr : solos, riffs, le mec fait tout, et c'est un régal. Mais sans sacrifier sur l'autel de sa dextérité l'audibilité des morceaux, et c'est là qu'il est vraiment génial. Inégal mais avec tant de moments de bravoure et de fureur qu'on lui pardonnera ses petits soubresauts (comme souvent les ballades sont ratées), Gates Of Valhalla est un bijou de bonheur intégral, d'absence de prise de tête, d'énergie décuplée et de rythme de folie. Les fans du genre doivent s'y jeter, même s'ils regretteront sans doute l'absence trop marquée des traditionnels clavecins et chorales. Mais pour les solos, y a.

0 Comments 15 juin 2014
Whysy

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