Depuis que l’homme joue de la musique, le niveau supérieur de vie au sien, naïvement appelé « les Dieux », s’intéresse à cette création artistique. Impossible à générer depuis les autres galaxies, elle y est captée. Depuis peu, le phénomène a pris une tout autre dimension avec l’arrivée du Heavy Metal, la musique reine. Les êtres supérieurs, qui ne cessent de s’en abreuver, ont pris l’inconcevable décision d’envoyer des leurs sur Terre pour la perpétuer à travers les âges à venir. La mission de ces êtres qui ont pris forme humaine est d’agir pour que perdure le Heavy Metal. Ils sont directeurs de labels ou encore fondateurs-administrateurs de webzines. Une seule interdiction, ne pas créer, ne pas composer, cet acte devant rester propre aux hommes afin de ne pas dénaturer ce noble style musical. Mais une poignée d’entre eux n’a pas respecté cette règle. Regroupés en une caste secrète, ils ont formé un groupe. Ce groupe s’appelle Pagan’s Mind.
Et les voyageurs stellaires de Pagan’s Mind, qui en sont déjà à leur quatrième album, gardent comme objectif celui de vous faire goûter à l’inaccessible, de vous offrir un aperçu d’une des plus belles expériences qui soient : le voyage intersidéral. Vous autres, terriens, allez ainsi pouvoir, le temps de ce God’s Equation, franchir la porte des étoiles vers onze destinations heavy-prog. Et n’oubliez pas d’accrocher vos ceintures, car la plupart des titres vont violemment vous propulser d’entrée. À l’instar du précédent album enigmatic : calling, Pagan’s Mind met toujours en avant les guitares, surtout en débuts de titres. Les premiers riffs de god’s equation ou alien kamikaze décoiffent au point d’avoir l’impression d’écouter du Rammstein.
Ces excès d’agressivité sont compensés par des lignes de chant salvatrices et lyriques dont Pagan’s Mind a toujours le secret. Néanmoins, dans ce registre vocal, je ressens une sensation de redite avec les mélodies de l’album précédent. Alors pour mieux faire passer la pilule, le chanteur Nils K. Rue innove en modulant ses interventions sur plusieurs fréquences vocales. Bien qu’aidé par des effets, il est capable d’émettre des voix d’aliens sur alien kamikaze, ou des voix distordues résonnant du tréfonds de l’espace sur atomic firelight. Il chante même en imitant David Bowie sur hallo spaceboy (un peu normal me direz-vous, c’est une reprise de David Bowie).
Sans traîner démesurément en longueur, les morceaux contiennent leurs parties instrumentales au sens prog du terme : solos de guitares planants (me faisant penser à ceux des français d’Headline) et rythmique insatiable de changements. Evolution exceed est une véritable démonstration, Pagan’s Mind y alterne interludes planants et passages bien plus pesants. Les parties instrumentales de painted skies et alien kamikaze sont tout aussi riches en atmosphères oppressantes, comme quoi même un voyage stellaire réserve son lot de mauvaises rencontres. Par contre, je regrette que les claviers ne soient pas encore plus cosmiques. Il y a des bonnes ambiances space, comme sur united alliance, mais le groupe aurait pu aller encore plus loin dans les sonorités cosmiques que cela ne m’aurait pas déplu.
Enfin, impossible de vous chroniquer cet album sans consacrer quelques lignes au titre final : osiris’ triumphant return. Moins expérimental, moins prog, il est paradoxalement le plus long du disque avec son outro résonnant comme une vénération au grand Osiris, Dieu des Dieux. Ce titre s’avère assez proche du Pagan’s Mind des débuts. Il renferme la puissance, les mélodies et les solos qui vont mettre tout le monde d’accord. Cependant, les speedeux purs et durs risquent d'avoir décroché bien avant. Et oui, Pagan’s Mind continue sa mutation vers le « tout prog », au détriment d’une partie de son public qui va avoir du mal à appréhender God’s Equation, à moins que ce voyage ne suffise à les convertir (pervertir ?) au metal prog, qui sait ? Quoi qu’il en soit, Pagan’s Mind a ouvert tout grand la porte des étoiles, et par la même occasion s’est ouvert tout grand la porte du metal prog.
[right]Chris[/right]
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