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On ne présente plus aujourd'hui Sabaton qui, mené par leur charismatique chanteur et leader Joakim Brodén, n'a cessé d'accroître sa popularité sur la scène métallique notamment grâce à de solides livraisons, qui à défaut d'être révolutionnaires, n'en restent pas moins très recommandables.

La formation est aujourd'hui de retour avec son septième album "Heroes", sur lequel on retrouve comme pour ses prédécesseurs, un thème ayant rapport avec l'histoire militaire. Après Charles XII et l'ascension de l'empire suédois de leur précédent effort, les suédois reviennent à une thématique en lien avec la Seconde Guerre Mondiale, en se concentrant comme l'indique le titre, sur différents héros ayant participé au conflit mais peu connus du grand public. Ce soin apporté aux thèmes abordés a toujours été pour moi un véritable atout pour le groupe, qui en plus d'être un marqueur de son identité, permet à l'instar d'un Assassin's Creed pour les plus gamer d'entre vous, de s'intéresser un peu à l'Histoire de façon ludique.

Au niveau de la musique, peu de changement à signaler, malgré rappelons le départ de la quasi totalité du groupe lors des deux dernières années (les seuls rescapés du line-up de départ étant Joakim Brodén et le bassiste Pär Sundström), on retrouve toujours le même heavy guerrier et puissant, porté par des riffs incisifs (et la production toujours impeccable de Peter Tägtgren). En bref, Sabaton fait toujours du Sabaton, mais une efficacité et une fougue une fois de plus redoutables. En résulte un album certes plutôt court, 37 minutes environ, mais très direct et incisif, qui donne l'impression d'un groupe qui a voulu se rassurer après tous les remous de son effectif en composant un album "coup de poing" car court, dense et rapide au détriment de l'évolution de sa musique, ce qui donne un côté "scolaire" à l'album.

Néanmoins, cette stabilité artistique n'empêche pas l'album d'être réussi dans son style Sabatonesque pur jus, la capacité du groupe à composer des hymnes heavy ultra efficaces restant intacte. L'album semble être taillé pour le live, de part son côté direct d'une part, mais également par ses refrains accrocheurs et réussis. Les compositions sont par ailleurs globalement courtes, seuls deux titres dépassent la barre des 4 min, et l'absence de longueurs ou de ratages renvoie à l'époque de Primo Victoria.

L'opener "Night Witches" , qui nous raconte l'histoire d'un régiment exclusivement féminin de bombardement de nuit soviétique, met tout de suite dans le bain, le rythme est soutenu et les choeurs typique du groupe rendent le titre épique et puissant. Idem pour les deux titres suivant qui reprennent les mêmes ingrédients, mention spéciale à "No Bullets Fly" pour son histoire pleine d'humanité racontant le refus d'un pilote allemand d'abattre un avion américain déjà touché et pour la petite histoire les deux pilotes en question ce sont retrouvés près de 40 ans plus tard suite aux recherches du pilote américain et sont devenus amis et pour la pétite d'heavy mélodique qu'elle constitue, solo réussi et « ho ho » que l'on se plaira à scander en concert à l'appui.

Mine de rien, l'album s'avère plutôt varié, et le côté émotionnel revendiqué par Joakim Brodén se ressent sur des compositions comme "Inmate 4859", mid tempo plus grave, plus sombre dans la veine de "The Final Solution" de Coat Of Arms, est un hommage à Witold Pilecki, soldat polonais qui s'est fait volontairement interner au camp d'Auschwitz sous le matricule 4859 afin d'y organiser la résistance et d'obtenir des informations dans le but de prévenir les Alliés des atrocités commises dans le camp et des conditions de vie des prisonniers. On retrouve également cet aspect sur "Ballad of The Bull", ballade épique au piano réussie qui offre une pause bienvenue en milieu d'album et nous raconte l'histoire de Leslie "Bull" Allen, caporal-chef australien, célèbre pour avoir sauvé des soldats blessés lors de la campagne de Nouvelle-Guinée.

Et comment ne pas parler des deux tueries de l'album que sont les deux singles (un choix judicieux pour une fois, étant deux des meilleurs titres et représentant bien l'album). "To Hell and Back" et sa petite mélodie mi folk mi western imparable, le genre à vous trotter dans la tête pendant toute la journée, qui prend tout son sens avec les paroles, hommage au texan Audie Murphy ayant également des origines irlandaises, au rôle décisif dans la campagne d'Italie (par ailleurs "To Hell and Back" est le titre de ses mémoires et d'un de ses films racontant son expérience de la guerre).
"Resist & Bite", titre sur les Chasseurs Ardennais de l'armée belge, possédant des lignes de guitares survitaminées et un souffle épique indéniable, rejoint immédiatement les meilleures compositions du groupe et sera certainement une des futures tueries en live.
"Soldiers Of Three Armies" tire également son épingle du jeu et rejoint "Night Witches" au rang des brulôts heavy imparables et met en lumière un personnage plutôt intriguant, Lauri Allan Törni, soldat finlandais qui a combattu successivement pour les armées finlandaise et allemande durant la Seconde Guerre Mondiale, a été jugé à la fin de celle ci, fait de la prison puis pardonné puis s'est engagé pour l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam.

En résumé, si le nouvel album de nos guerriers suédois ne révolutionne pas leur style, il n'en reste pas moins d'une efficacité redoutable voire même imparable. Disque court et intense, il s'avère supérieur aux deux dernières livraisons du groupe, quoique moins complexe mais disposant d'un réel talent à composer des hymnes heavy qui feront fureur en live. Les nouveaux membres ont déjà pris leurs marques à l'image du tandem de guitaristes Chris Rörland/Thobbe Englund offrant des solis réussis tout au long de l'album et un Joakim Brodén toujours aussi impérial au chant. Sans temps mort, et même si les deux derniers titres se révèlent être moins mémorables que le reste, cet album n'augure que du bon pour le futur de la formation, en espérant tout de même un peu plus de prise de risque.

0 Comments 07 juillet 2014
Whysy

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