Le heavy allemand n’est pas particulièrement réputé pour être un genre ouvert. On pourrait même parfois le considérer comme limité, tant le renouvellement est aux abonnés absents ces dernières années. Rares sont les jeunes groupes à oser s’aventurer sur ce tumultueux océan, où «Running Wild», «Gamma Ray» et «Helloween» règnent en maîtres depuis prés de vingt ans ! Certains îlots font certes de temps à autre apparition mais sans jamais vraiment marquer ! Alors dans ces conditions il est clair que l’auditeur averti ne donnera pas de grandes chances à Mob Rules, dans ce combat sans pitié… Mais peut être est-il nécessaire de faire une exception ? En tout cas il est clair que les teutons de Mob Rules se donnent réellement les moyens de parvenir à leurs fins, distillant depuis maintenant trois albums un heavy métal de grande classe, s’inspirant largement des ténors du genre, tout en sachant y apporter la petite touche d’originalité qui fait toute la différence. Je ne serais pas très loin du vrai, en disant que le premier instrument du groupe est le clavier, ce qui dans le genre est a peu pré unique. En effet la plus grande partie des mélodies sont assurées par ce polyvalent instrument, les guitares sont plutôt réservées à la structure et aux rythmiques des morceaux (sans oublier bien sur les inévitables soli). De ce fait la musique, est globalement posée, et très rarement violente. Les Allemands semblent préférés le mid-tempo aux speederies et ce style leur réussi assez bien, voir même très bien parfois ! Heavy métal oblige (on ne s’en cachera pas), la performance instrumentale est ici carrément en retrait, tout est misé sur l’efficacité ! Les rythmiques sont simples et terriblement entraînante, la batterie métronomique (presque trop ?), la basse limitée à l’encadrement. C’est dans le chant qu’il faudra aller cherché la performance, car ce diable de Klaus Dirks est un grand vocaliste. Il représente certainement la plus grosse surprise de ce combo apparemment sans réel originalité, et son chant haut perché apporte une dimension nouvelle aux compos relevant considérablement la qualité de l’ensemble. On passe grâce à cet apport inespéré, d’un groupe de seconde zone pratiquant une très bonne musique, à un sérieux outsider ayant sans conteste son coup à jouer sur la scène métal européenne ! La concurrence sera rude, il faudra du travail, mais les formations de ce type ne courent plus les rues à l’est du Rhin. Dans tous les cas, «Hollowed Be Thy Name» est un album réussi. Si on profite allègrement des excellentes tueries speeds que sont «Ghost Town» et «Speed Of Life» (avec des refrains incontournables, et tous les petits trucs qui font le charme de ce type de morceaux), c’est décidément dans le mid-tempo que Mob Rules brille le plus. Comment ne pas garder en mémoire des hymnes comme «Lord Of Madness» (un très grand moment, aux mélodies superbes), «Hollowed Be Thy Name» (l’intro aux claviers est une trouvaille géniale) ou la longue et captivante «Way Of The World» clôturant l’album avec brio. Mention spéciale au titre «All Above The Atmosphere» sur lequel Klaus donne réellement le meilleur de lui-même ! Si l’album ne tenait qu’à ces morceaux on pourrait sans problème élever «Hollowed Be Thy Name» au rang de chef d’œuvre du heavy allemand, malheureusement l’ensemble n’est pas aussi reluisant, on pourra par exemple reprocher à Mob Rules des morceaux beaucoup trop plats et classiques pour être intéressants, comme «(In The Land Of) Wind And Rain» ou «House On Fire». Et sur l’ensemble ça fait beaucoup. Sans oublier la vraiment très moyenne «How The Gypsy Was Born», qui semble complètement décalée par rapport au reste. Bref si Mob Rules a facilement réussi à nous séduire, grâce à quelques-uns des meilleurs morceaux qu’il m’ait était donné d’écouter dans le genre, il reste encore beaucoup de travail pour élever le combo au rang qu’il mérite. Reste à savoir si la bande à Klaus Dirks saura effacer ces fautes de modestie, pour prendre réellement son essor, et que l’on puisse profiter du vrai potentiel du groupe… sur l’ensemble d’un album ! SMAUG...
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