Cinquième album pour les suédois ! Necrophobic existe depuis 1989 et on ne peut pas dire qu’ils soient excessivement prolifiques. Le groupe a toujours préféré la qualité à la quantité, c’est ainsi qu’il charme son public à chaque nouvelle offrande. « Hrimthursum » , titre aux consonnances folkloriques est en fait un pur produit extrême. En effet, depuis ses débuts, Necrophobic performe dans un death métal agressif et il ne s’en est jamais écarté. Alignant les disques de qualité sans vraiment surprendre, l’an 2006 risque de marquer un tournant dans la carrière du groupe. Non pas qu’il bouleverse sa musique au profit d’un métal plus éthéré ou commercial, mais il étoffe ses sons d’éléments symphoniques discrets. A moi de vous offrir un plongeon au cœur de la bête…
Comme beaucoup d’albums extrêmes, nous avons ici un recueil de compositions longues et très denses. De nombreuses écoutes seront nécessaires pour apprivoiser l’album, un album qui regorge de richesses malheureusement obscurcies par l’apparente agressivité de l’ensemble. Il faut dire que la production y est pour beaucoup. Comme pour toutes les sorties Regain elle se montre excellemment dosée et procure au son une force énorme ainsi qu’un léger feeling old school, un métal sale au dessus duquel flotte une aura sombre, presque malsaine. Je pense que la cover illustre parfaitement cet aspect du disque.
Comme je disais plus haut, les chansons sont très denses et certaines dépassent allégrement la barre des 5 minutes. A vrai dire l’album est composé de 12 titres pour une durée totale d’une heure, certes c’est assez long mais l’écoute en vaut la peine. Necrophobic est un groupe expérimenté et parvient à mettre l’auditeur dans l’ambiance dès l’introduction « The Slaughter Of Baby Jesus ». Des chœurs, des percussions diverses, une voix : l’atmosphère est d’emblée pesante, et l’album nous avale petit à petit. « Blinded By Light, Enlightened By Darkness » ouvre le bal par un rythme puissant de double pédale amené par un riff mélodique imparable… Et que le spectacle commence !
Le line up de Necrophobic repose sur quatre musiciens expérimentés et talentueux, fixe depuis bientôt 5 années, les bonhommes ont l’habitude de jouer ensemble et cela se ressent à l’écoute. Les chansons ont toutes été structurées de manière à ce que chaque musicien puisse librement dévoiler son art. On retrouve ainsi des parties de batteries dantesques enchaînant les blast beats furieux, les cavalcades de double pédale, des sets mid tempo percutants. Les rythmiques changent sans arrêt selon les chansons : « Eternal Winter » et « Death Immaculte » sont d’une rapidité sans concession tandis que « Age Of Chaos » et « Serpents » repose sur des rythmiques lentes mais toujours très puissantes. Evidemment les variations au sein même des compositions sont légion, en témoignent « I Strike With Wrath » et « The Crossing » plus progressives dans leurs structures. Il n’y a guère de reproche à faire concernant les deux guitaristes. Les leads mélodiques se montrent inspirés et agréables tandis que les nombreux solos font honneur au mot « dextérité ». Les riffs qu’ils soit mélodieux ou plus brutaux remplissent leur rôle : faire bouger la tête. On regrettera tout de même un manque de folie au niveau des mélodies qui ne s’aventurent jamais guère loin des sentiers balisés.
Au fil des écoutes se détachent de nombreux morceaux se montrant plus originaux et plus travaillés. Tout commence avec le mid tempo « Age Of Chaos » qui me fait penser à un très bon titre de l’ancien Arch Enemy (période Burning Bridge). Le refrain est très réussi et la voix, bien que gutturale, fait passer une émotion triste. Le break semble assez malsain : une femme sanglote alors que l’on entend une respiration masculine très puissante.
Comme annoncé plus haut, Necrophobic enrichit sa musique d’arrangements symphoniques tels des chœurs et des violons. On remarque d’ailleurs de discrètes guitares acoustiques parsemées de ci de là selon les chansons. Ces nombreux apports enfantent de très bonnes chansons comme « Bloodshed Eyes » : plutôt commune dans sa construction, le refrain final avec ce chœur masculin fait mouche et l’excellente mélodie en fait un incontournable de l’album. Ces apports symphoniques transcendent le refrain de « Sitra Ahra » avec ses chœurs et son violon malsain, entêtants et réussis au possible pour en faire une chanson, encore une fois, incontournable. Je vous conseille aussi le morceau titre, « Hrimthursum » au refrain également gorgé de chœurs féminins maléfiques décuplant la puissance du morceau. Un final terrifiant d’efficacité.
On note toutefois une baisse de qualité en moitié d’album car des titres comme « The Crossing », « Death Immaculate » et « Eternal Winter » se montrent un poil trop classiques.
En voilà une bien belle sortie extrême en cette période assez pauvre. « Hrimthursum » est un album complet et très solide qui ne souffre d’aucun défaut majeur si ce n’est ce manque d’originalité inhérent au style. Bien heureusement ces quelques apports symphoniques (très discrets je le rappelle) permettent à certaines compositions de briller de mille feux. Quoiqu’il en soit, nous avons là un album qui plaira à tout amateur de musique agressive, mélodique et technique. Necrophobic n’aura pas failli à sa réputation car il offre une nouvelle fois un travail sérieux. Du bon boulot.
…TeRyX…
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